Comment se passe le confinement pour vous?
Ça se passe bien, il faut bien l'admettre. Je suis en famille, avec trois enfants et mon mari qui est, lui aussi, en télétravail. On essaie de maintenir un rythme pseudo normal. On se lève vers 7h30, on petit-déjeune, puis on met tout le monde au travail. On intègre des séances de sports, par écrans interposés, avec des coaches sportifs. Mon fils fait du rugby, il va donc s'entraîner dehors avec son père. Mais c'est vrai qu'on s'aperçoit que les restrictions de liberté, c'est quelque chose de compliqué ! Ne pas pouvoir faire ce qu'on veut quand on veut, ce n'est pas évident, mais on s'adapte. J'ai pas mal de travail car pour nous, à Eurosport, c'est un vrai challenge. C'est l'occasion de se réinventer, de proposer une offre un peu différente. Du coup, on a énormément de réunions, via les écrans bien sûr ! On met en place deux nouvelles émissions, ce qui représente beaucoup de travail.
Proposer une offre différente
Quelle a été votre première réaction lorsque vous avez appris l'annulation du BNP Paribas Open à Indian Wells ?
Franchement, la première réaction a été : « Oh merde ! ». On s'est demandé ce qu'on pourrait mettre à la place. Puis, on a vite compris que cela allait être plus compliqué, puisque ç'a été ensuite une cascade d'annulation d’événements. En 24 heures, on s'est aperçu qu'on était face à quelque chose de violent, qui allait chambouler notre vie. Et on a vite saisi qu'il allait falloir s'adapter autrement. L'urgence a été de prévenir les téléspectateurs, les consultants. J'étais à Tokyo à ce moment-là pour des repérages pour les Jeux Olympiques. Mais je pense qu'Indian Wells a été le premier événement sportif à être annulé.
Quel est en moyenne le pourcentage de direct chaque jour sur Eurosport ?
Ça dépend bien sûr des périodes. Il y a certains moments dans la semaine où il y a plus de live que d'autres. Et le week-end, ça peut monter à 90%. Le live fait notre actualité et maintient notre grille. Et là, on n'en a plus aucun !
Alors comment fait-on pour remplir une grille qui est normalement constituée essentiellement de direct ?
On s'adapte ! Actuellement, on est en rediffusion, mais on ne va pas y rester éternellement. C'est donc, comme je disais, l'occasion de se réinventer, de proposer une offre différente. On a une rédaction composée des journalistes qui sont super investis. Ils ont tous fait preuve d'une envie incroyable et d'une créativité dingue pour contribuer à repenser la ligne éditoriale. Nous sommes extrêmement unis. On est en contact quotidien et on est tous sur le pont. Tout le monde bosse. On lance deux nouvelles émissions : une à base de débats et le soir, on a le « Club Eurosport », une émission présentée par un journaliste de la rédaction. Pas toujours le même, ils tourneront. Ça sera l'occasion pour parler avec des athlètes ou des intervenants du sport. A travers des « e-terviews », on va leur parler à distance, de leur quotidien, de leurs objectifs. On traitera chaque jour des sports différents. On va essayer de maintenir tout ça jusqu'à ce qu'on puisse retrouver une activité live.
Roland-Garros en septembre, c'est positif
Les journalistes viennent-ils en studio ?
Non, tout se fait de chez nous. Ce qui rend les choses à la fois plus simples et plus compliquées. Quand on est en direct, il y a toute une régie derrière et ça demande beaucoup de logistique. Mais là, cette logistique est différente. On a conscience que les téléspectateurs sont indulgents quant à la qualité du rendu, au graphique qu'on propose, aux synthés… Ce sera forcément moins joli, car on oublie évidement la 4K. La réalité augmentée, je ne vous en parle même pas ! Ça prend du temps de mettre à l'antenne, mais on fait au mieux et franchement, je tire mon chapeau à nos équipes, car on est hyper soudés. Tout le monde est plein d'idées, plus ou moins farfelues. Avec cette volonté de permettre aux gens de « s'aérer ».
Concrètement, qui est au siège d'Eurosport pour faire tourner les émissions?
Il y a une veille technique qui est là. Il n'y a qu'une seule personne par jour en régie, avec une décontamination totale. Ils ont tout ce qu'il faut pour ne pas prendre de risque et ils ne se croisent pas. Eurosport et Discovery sont très fermes là-dessus et proposent un système ultra sécure pour que toutes les mesures sanitaires soient respectées de manière hyper stricte.
Vous êtes diffuseur, entre autres, de Roland-Garros. Comment fait-on face à un tel bouleversement?
Rapidement, j'ai dit aux équipes : « Préparons-nous à avoir les cinq derniers mois de l'année extrêmement chargés.» Forcément, puisque tout est reporté à septembre, octobre, novembre. On espère que d'ici là, la situation sera réglée et qu'il n'y aura plus aucun risque. On va donc se retrouver avec beaucoup de choses à diffuser. On a un avantage, c'est qu'on a deux chaînes avec Eurosport 1 et 2. On a également le Player qui nous permet d'avoir beaucoup de choses en direct. Parfois, on sera amenés à faire des choix pour assurer un maximum de direct à l'antenne, ainsi qu'une offre diversifiée. Dans tous les cas, s'il y a embouteillage en linéaire, on a toujours notre offre digitale nous permettant de jongler entre tout de manière à ce que rien ne soit sacrifié. Mais pour nous, Roland-Garros en septembre, c'est positif. Déjà, cela veut dire que ce n'est pas annulé et ça ne fera qu'enrichir la rentrée. Et avec un peu de chance, ça sera un super mois de septembre, où il ne pleuvra pas du tout.
Roland-Garros pendant l'été indien parisien, finalement, ça peut être sympa ?
Ça peut en effet être super sympa. L'année dernière, il a fait très beau et très chaud à cette période. Cela peut être une belle opportunité. L'été indien à Paris, ça vaut le détour. Donc ça peut en effet donner un très beau Roland !