Il y a de ces exploits qui ne peuvent rester sans lendemain. Le 5 février 2013, Cristian Garin devenait seulement le 5e joueur depuis le début du 21e siècle à remporter un match sur le circuit principal, a 16 ans ou moins. Les 4 précédents étaient Rafael Nadal, Richard Gasquet, Ryan Harrison et Bernard Tomic. Il s'agit là d'un exploit hors du commun. Pour Garin, le Chilien, ça s'était déroulé chez lui, au feu tournoi de Vina del Mar. Ce jour-là, Garin avait battu le Serbe Dusan Lajovic en 2 petits sets. Quatre mois plus tard, presque jour pour jour, il remportait le tournoi Juniors de Roland-Garros, devenant le 2e Chilien à réussir cet exploit, après Fernando Gonzalez en 1998.
Puis, plus grand chose.
Pas de quoi se taper le cul par terre
Le passage du monde des juniors au monde pro s'est révélé compliqué pour Cristian Garin alias « Gago » ou « Tatan ». Et ce n'est qu'en 2017 qu'il intègre pour la toute première fois de sa carrière le Top … 200.
Pas de quoi se taper le cul par terre. Des résultats, certes, sur les tournois Futures, mais pas de réussite en Challengers. Un 2e tour par ci, un quart par là, mais guère mieux. Et surtout, tout cela quasi exclusivement sur terre battue et en Amérique du Sud. Il remporte son premier challenger à Lima fin 2016. Cela sera un franchissement de palier.
A partir de ce moment-là, « Gago », qui a débuté le tennis à 5 ans, fils de deux ingénieurs, n'a quasiment plus disputé le moindre tournoi Future et s'est concentré exclusivement sur le circuit Challenger. Les résultats commencent à suivre, avec des finales, mais toujours pas de titre. Peu importe. « Tatan » s'obstine, se fait sortir de plus en plus tard sur les tournois, jusqu'à cet octobre magique, en 2018. Durant ce mois, il enchaîne 3 titres (Challengers) en autant de semaines. Cela coïncidera avec son entrée dans le Top 100.
Puis, tout s'accélère. Oubliée la vilaine défaite face à David Goffin au 1er tour de l'Open d'Australie (6-0 6-2 6-2), il commencera son ascension en qualifiant son équipe nationale pour la finale de la Coupe Davis, notamment en apportant le point de la victoire face aux Autrichiens, chez eux. Puis, il fait finale à Sao Paulo, avant d'enchaîner un titre en tournoi, son tout premier sur le circuit principal, à Houston. Cette semaine-là, il sortira tout de même Cuevas, Chardy et Querrey. Puis, direction l'Europe et Barcelone, où il bat Denis Shapovalov, mais s'inclinera au tour suivant.
De l'abnégation à ne plus savoir qu'en faire
Direction Munich, pour une autre semaine, dont Cristian Garin se souviendra longtemps. Pendant ce passage bavarois, il a dominé Schwartzman (quart de finaliste à Roland-Garros), Zverev (numéro 3 mondial), Cecchinato (demi-finaliste à Roland-Garros) et Berrettini.
Deuxième titre pour ce joueur de terre battue qui ne lâche pas le moindre point. Pour déborder ce droitier au revers à deux mains, il faut prendre des risques. L'acharnement du natif de Santiago oblige ses adversaires à jouer des zones dangereuses, et donc à faire des fautes. Sa victoire in Deutschland lui permet d’accéder au Top 35.
Depuis Massu et Gonzalez, le tennis chilien sèche un peu et cherche de dignes successeurs à ces deux anciens joueurs du Top 10. Dernièrement, Nicolas Jarry montre le bout de son nez. Mais la vraie éclosion est bien celle de Cristian Garin. Il est dans la tradition de ses prédécesseurs, avec un jeu huilé pour la terre, de la frappe très forte du fond du court et, surtout, de l'abnégation à ne plus savoir qu'en faire. Son classement ne lui permettait pas d'intégrer Madrid et Rome au moment des inscriptions, mais il sera bel et bien à Roland-Garros. Et pour le coup, s'il n'est pas tête de série (il est aujourd'hui 33e), le tirage sera catastrophique pour celui qui le prendra...