C'est bien la première fois que je suis triste après une victoire de Rafael Nadal. Le mot est peut-être un peu fort, mais ça m'a fait « kekchose ».
Je m'explique.
Rafa, comme vous le savez, n'a pas eu besoin d'aller au bout de son match face à David Ferrer, qui a été contraint à l'abandon en raison d'une blessure au mollet. « Et alors ? », me direz-vous, y a pas mort d'homme ! Pas faux. Au détail près qu'il s'agissait du dernier Grand Chelem de la carrière de David Ferrer, et que de devoir abandonner pour son 208e et dernier match en majeur n'est pas la façon dont les champions, dopés à l'orgueil, souhaitent quitter la scène, David Ferrer le premier.
31 230 696 dollars
Sa carrière n'est pas encore terminée, mais le fait qu'il ne disputera plus de tournoi du Grand Chelem est un signe clair qu'il est beaucoup plus près de la fin que du début.
J'ai toujours eu beaucoup de respect et d'admiration pour ce joueur. Je pense que nous sommes nombreux dans ce cas-là. Il est considéré comme Le sur-performeur du tennis, étant allé bien plus loin qu'il n'aurait dû au vu de ce que les dieux du tennis lui avaient réservé (par rapport aux autres j'entends). Avec son 1m75 et ses 73 kg tout mouillé, « Feru » a atteint le 3e rang mondial. Il a remporté 27 tournois dont un Masters 1000 (Paris), a disputé 25 finales dont une à Roland-Garros (battu par vous savez qui), une au Masters en 2007 et six en Masters 1000. Il a également été sélectionné 24 fois pour l'Espagne et a soulevé 3 fois la Coupe Davis par BNP Paribas. Il a terminé l'année à sept reprises dans le « top 10 ». Il fait partie d'un club très sélect de quatre joueurs en activités ayant gagné plus de 700 matches. Il est en très bonne compagnie dans ce club avec Nadal, Federer et Djokovic. « The little beast » ou « the wall », comme il est surnommé sur le circuit, compte 145 matches gagnés en Grand Chelem, ce qui fait de lui le joueur avec le plus de victoire à ce niveau sans jamais avoir remporté un des quatre majeurs. Et tout cela se traduit de manière très vénale part un gain en carrière de 31 230 696 dollars. C'est énorme !
ça c'est la classe
Mais ce n'est pas seulement pour cela que j'admire ce joueur. C'est aussi pour sa personnalité. David, il est gentil. Profondément. Il ne se prend pas la tête. Il a en lui une humilité à la N'Golo Kanté. Il ne se met jamais en avant. Il est poli. Quand on lui pose une question, il écoute vraiment et répond toujours avec sincérité. Evidemment, l’anecdote qui lui colle à la peau est cette expérience à laquelle l'a soumis son père à l'aube de sa carrière lorsque les filles et les soirées comptaient plus que le tennis. Il a été contraint de lâcher la raquette et de pointer sur le chantier tous les matins pour faire un travail d'ouvrier. Au bout d'une semaine, sa vie a changé et depuis, il est devenu le stakhanoviste parmi les stakhanovistes (sur les courts et non sur les chantiers).
Autre petite anecdote sympa : en avril dernier, à l'issue du quart de finale Espagne-Allemagne à Valence (chez lui), rencontre pour laquelle « Feru » avait offert le cinquième point décisif à son pays, la fédération espagnole a organisé une petite fête. Toute l'équipe espagnole était présente, y compris David et sa femme enceinte (à 15 jours du terme). En partant, un peu plus tôt que les autres (pas étonnant vu la taille du ventre de madame), David s'est arrêté à la table de l'ITF pour saluer et remercier les collaborateurs de la Coupe Davis, qu'il a l'habitude de croiser régulièrement. Il n'était pas obligé de faire ce geste élégant et chaleureux. Et ça c'est la classe.
Donc bravo David pour tout ce que tu as réussi et pour ce qui est du 208e match, entre nous, on s'en tape
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