Avant de vous parler du 3e Grand Chelem de l'année - vous savez, celui qui tous les quatre ans doit se battre pour exister alors que le monde entier a les yeux braqués sur la Coupe du Monde -, je voudrais vous raconter une petite histoire rigolote.
C'est l'histoire de Julien Seurin, -2/6 et licencié au TC Fontainebleau. Vendredi dernier, Julien disputait son 4e match au CNGT (Circuit National des Grands Tournois) de Boulogne-sur-Mer. Ce gaucher, revers à une main, avait déjà gagné à 1/6, -4/6 et -2/6. Son 4e match était à -15. Jusque-là tout va bien. Sauf que lorsqu'on regarde de plus près le tableau du CNGT de Boulogne-sur-Mer, on s'aperçoit que l'adversaire de Julien n'est alors autre que l'ex-numéro 10 mondial, vainqueur de 4 titres sur le circuit ATP, finaliste de l'Open d'Australie, ancien capitaine de l'équipe de France de Coupe Davis par BNP Paribas. Vous avez trouvé ? Arnaud Clément, bien évidemment !
Arnaud Clément en mode RP
Mais que faisait donc « La Clé » au CNGT de Boulogne-sur-Mer ? Réponse de l'intéressé : « En fait, ce n'était pas du tout prévu. En revanche, ce qui l'était, était que je sois sur place pour la conférence de presse, ainsi qu'au dîner des partenaires. Il était prévu que je fasse jouer les ramasseurs et quelques partenaires. Mais la veille de mon arrivée, il y a un -15 qui s'est désisté et comme mon classement français est aujourd'hui -15, ils m'ont demandé si je ne voulais pas jouer, de manière à éviter un W.O. Comme tout se goupillait bien, j'ai accepté avec plaisir ! ».
Traduction, Arnaud Clément, qui devait faire une apparition au CNGT de Boulogne-sur-Mer en mode RP, a fait bouche trou (de luxe) et a fait sensation en débarquant sur le court. Il est coutumier du fait, le père Clément (oui, oui, il est heureux papa). Lorsqu'il était sur la touche en 2003, en raison d'une blessure au poignet droit qui l'avait d'ailleurs empêché de participer à la finale de la Coupe Davis 2002 France-Russie à Bercy (dont je ne me souviens plus du score final...), Clément s'ennuyait. La compétition lui manquait, à tel point qu'il avait disputé le tournoi de Gap. Assimilé 30 pour le coup, « La Clé » avait joué et gagné deux matches de la main gauche.
Il est encore bien affuté
Et alors, ça a donné quoi ? « J'ai gagné 6-3 6-1. Je pense qu'il était un peu impressionné. Ça m'est déjà arrivé quelquefois en match par équipe. Lorsqu'ils me voient débarquer, ça leur met la pression et du coup, ils n'arrivent pas à jouer leur meilleur tennis. Je pense que c'est ce qui est arrivé à Julien. ».
A -2/6, l'ancien 10 mondial a t-il joué en marchant ? « Je ne sais pas jouer en marchant, et s'il y a une chose que je ne fais jamais, c'est de donner des jeux à mes adversaires. Je trouve que serait irrespectueux vis-à-vis d'eux. » On sait que Clément est fair play. Ce que confirme son adversaire d'un jour : « Il a été super sympa. Avant le match mais surtout pendant. A chaque fois que je faisais un beau point, il me disait "Bien joué". Après, c'est sûr que ça m'a fait drôle de jouer contre lui. Il est dur à déborder. Au début, je me suis dit qu'avec la différence d'âge, je pourrais peut-être le fatiguer, mais ce n'était pas du tout le cas. Il est encore bien affûté! Je fais un bon début, mais jouer devant autant de monde, des photographes, du bruit, je n'avais pas du tout l'habitude. Ce qui m'a le plus impressionné est sa qualité de retour de service. Dès ma mise en jeu, j'étais en difficulté à cause de son retour avec une prise de balle précoce. ».
Dernière question Julien, ton souvenir d'Arnaud sur un court de tennis hors Boulogne ? « Je me souviens surtout de lui en tant que capitaine de Coupe Davis. ». Forcément, quand Clément avait disputé la finale de l'Open d'Australie, en 2001, Julien avait 4 ans ! Et oui, Arnaud ça ne te rajeunit pas.
Alors malgré la défaite, Julien gardera un super souvenir d'un vendredi soir d'été à Boulogne-sur-Mer.
Ah le Ch'nord ...