Jean-Pierre Limborg, le pionnier du tennis sur roue est français !
Jean-Pierre Limborg est particulièrement difficile à suivre. Inde, Philippines, Allemagne, États-Unis, Malaisie, Sri Lanka, Thaïlande… Discuter avec cet ingénieur de formation de 67 ans vous fera forcément voyager aux quatre coins du monde, qu’il a sillonné en tant que pionnier du tennis-fauteuil, envoyé par la Fédération française handisport pour populariser ce sport né dans l’Ouest américain à la fin des années 1970. De retour d’un voyage à Vegas où il a découvert les fauteuils en aluminium, plus légers et maniables, et la fameuse règle du « double rebond autorisé » qui fait l’essence même de la discipline, il lance avec Pierre Fusade la première section tennis-fauteuil de France à Antony (Hauts-de-Seine) en décembre 1981, recrutant des joueurs de basket-fauteuil et de tennis de table handisport, les deux sports roi de l’époque pour les personnes à mobilité réduite. Quelques semaines plus tard, ils rejoignent la FFH. « De quatre, on est rapidement passés à une trentaine de joueurs, remet Limborg. Puis un Néerlandais, qui avait vu un reportage sur moi et dont la fille venait d’avoir un accident, est venu nous voir. C’est comme ça qu’ils ont lancé le sport aux Pays-Bas. Puis ça a été l’Allemagne, puis toute l’Europe, et hop ! » Ce « hop » est un premier championnat de France par équipe en 1983, l’expansion rapide de la discipline à l’échelle mondiale et 38 ans de compétition pour Limborg, 313 tournois exactement, de Las Vegas 1981 à Maubeuge 2018, avant d’arrêter à cause de ses « épaules foutues ». Limborg estime avoir fait deux fois le tour du monde en fauteuil, à la seule force de ses bras. « Si je résumais ma vie en une phrase, dit-il, je dirais qu’entre deux routes, j’ai toujours choisi la plus difficile. » Mais pour quelle récompense ! En 2017, il est élu à la FFT dans l’équipe de Bernard Giudicelli. Lors de leur première rencontre, après que Limborg lui a raconté sa vie, Giudicelli a pleuré, bouleversé par le message d’espoir porté par cet « aventurier ». C’est de leur association que le tennis-fauteuil a été intégré à la FFT, en 2017, multipliant son budget annuel par dix – de 40 000 à 400 000 euros. Un message essentiel pour l’intégration. « J’en suis immensément fier, conclut Jean-Pierre Limborg. Finalement, j’ai bouclé la boucle : premier à lancer le tennis-fauteuil en France, premier à le lancer à la FFT. L’aventure humaine est magnifique. » Décidément une histoire de rebond.