Portrait de la première star transgenre du tennis
Renée Richards n’a pas participé à l’édition 1977 de l’US Open pour la gagner. Plutôt pour faire passer un message. En l’occurrence, que le monde atteste et « accepte [s]on droit d’être une femme ». Née homme sous le nom de Richard Raskind, l’Américaine avait changé de sexe un an plus tôt. « J’ai alors choisi de m’appeler Renée, car c’est une conjugaison du verbe renaître en Français », expliquait-elle dans le documentaire qui lui était consacré, Renée, sorti en 2011. Si les instances du sport étasuniennes lui refusent d’abord de concourir sur le circuit féminin, la justice civile se prononcera finalement en sa faveur, attestant de sa transition et lui permettant donc de participer à l’US Open. « Je veux montrer que quelqu’un qui a un mode de vie ou un état de santé différent a le droit de défendre ce qu’il est, confiait alors Renée au New York Times. Ces gens-là ne devraient pas avoir à se cacher de la presse, de leur famille et de leurs amis. Je ne veux pas spécifiquement défendre la cause des transsexuels dans le tennis. Le tennis est simplement un véhicule pour faire passer mon message. »
Richards est cependant tout sauf étrangère au tennis : lors de son service militaire dans la marine américaine, on l’avait notamment vue remporter en simple et en double les All Navy Championship. Éliminée dès le premier tour de l’US Open 1977, elle atteindra néanmoins la finale du double, où elle devra s’incliner face à la paire formée par la Néerlandaise Betty Stöve et la Tchécoslovaque Martina Navratilova. Des années plus tard, Richards optera pour une vue plus critique de la libéralisation de la pratique du sport par les transgenres en compétition officielle. « J’avais plus de 40 ans quand j’ai débuté sur le circuit professionnel. Je n’allais pas surpasser des joueuses comme Chris Evert ou Tracy Austin, qui en avaient 20, confiait-elle à Slate en 2012. Avec 30 ans de recul, je sais que si j’avais été opérée à 22 ans, aucune personne génétiquement née femme n’aurait pu se mesurer à moi. J’ai donc repensé mon opinion. » Ce qui ne l’empêche pas de considérer son entrée jadis fracassante sur le circuit féminin comme un geste important dans l’histoire de la représentation des personnes transgenres. « Je pense que j’ai fait partie des pionnières sur le sujet, oui. À l’époque, j’étais une des seules à en parler. Mais depuis, il y a eu de grands progrès, réalisés par bien d’autres personnes courageuses. »