Du court à la vie politique, l'histoire d'un engagement
Quand on lui demandait si elle se concevait comme une représentante de la communauté noire-américaine, Althea Gibson répondait généralement par la négative. « Je pense à moi, et personne d’autre », avait-elle même déclaré en 1957, peu après avoir triomphé à l’US Open. Une victoire ô combien symbolique, dans une Amérique encore en proie aux lois raciales. À 30 ans, la native de Caroline du Sud remportait alors son second succès en Majeur, elle qui s’était déjà imposée à Roland-Garros un an plus tôt, devenant la première joueuse afro-américaine de l’histoire du tennis à remporter un Grand Chelem. Ce n’est qu’après son retrait des courts que celle qui a cumulé 56 titres en carrière se montrera plus ouvertement militante. En 1973, on l’aura ainsi vue collaborer avec Pepsi pour fournir en filets portables et équipements de tennis des quartiers défavorisés de plusieurs grandes villes des États-Unis. Elle se recyclera ensuite un temps dans le coaching, favorisant la carrière des joueuses afro-américaines Leslie Allen et Zina Garrison. C’est néanmoins son engagement dans la politique locale qui laissera une trace encore plus durable. En 1976, Althea est notamment nommée Commissaire aux sports de l’État du New Jersey et devient la première femme à occuper ce poste aux États-Unis. Une fonction qu’elle remplira sans discontinuer pendant dix ans. Légende du tennis et athlète fondamentalement précurseuse, celle qui ne voulait pas être citée en exemple l’est pourtant devenue pour de nombreux joueurs et joueuses qui lui ont succédé. Notamment pour Serena Williams, qui rendait hommage en ses mots à Gibson, à la suite du décès de la championne, le 28 septembre 2003 :
Althea m’a donné du bonheur et la fierté d’être noire. (…) Elle a été pionnière pour tout le tennis, pas seulement le tennis féminin.