La Gay and Lesbian Tennis Alliance, pour un tennis plus inclusif
Dan Merrithew se souvient au détail près de son tout premier match disputé en tournoi. C’était à Atlanta, en 1999. Le soleil inondait les courts alentours, exception faite du sien, petit archipel d’ombre et de fraîcheur qui protégeait alors les joueurs d’un été brûlant. Dan avait soigneuse ment choisi ses fringues. À l’époque, le crâne chauve, les boucles d’oreilles et les cœurs sur terre battue d’Andre Agassi étaient au summum de la coolitude tennistique. « J’avais donc acheté la même tenue que lui… Il s’agissait plus de m’habiller que de jouer au tennis », se marre aujourd’hui Merrithew. Détail incongru : son adversaire du jour, qui deviendra un de ses meilleurs amis, portait une robe. Dan faisait alors ses débuts dans un tournoi un peu à part, organisé par la GLTA. Soit la Gay and Lesbian Tennis Alliance, une structure qui aura largement ouvert la pratique du tennis aux joueuses et joueurs homosexuels et transsexuels. Les prémices de l’association, dont Dan prendra la présidence en 2006, remontent, elles, à bien avant ses premiers tie-breaks.
À la fin des années 1980, sept joueurs gays se retrouvent sur un terrain en terre battue, à San Francisco. « Ils voulaient simplement jouer au tennis, être eux-mêmes et ne pas craindre d’être jugés parce qu’ils étaient homosexuels », resitue Dan. Pas encore évident, au sein de milieux sportifs encore très hétéro normés. Pour gagner en visibilité sur les courts, la communauté LGBT américaine s’en va donc créer ses propres clubs de tennis dans plusieurs métropoles, aussi bien à Dallas, qu’à San Francisco, Houston ou Los Angeles. En 1991, à la suite de la création de la GLTA, le phénomène s’institutionnalise. L’organisation – qui chapeaute et sanctuarise la tenue de divers tournois gays dans tout le pays – embrasse même une stature internationale à la fin de la décennie 1990 : plusieurs tournois commencent alors à émerger en Australie, au Canada, en Europe, en Asie, puis plus récemment en Amérique du Sud et en Afrique du Sud. « Elle s’est même étendue à des nations qui interdisaient l’homosexualité il y a à peine dix ans, déroule Dan. Nos joueurs évoluent maintenant sur les sites de tennis les plus impressionnants du monde comme ceux de l’US Open ou de l’Open d’Australie, et sur de nombreux courts utilisés par l’ATP et la WTA. Sans parler du fait que le nombre de tournois et de compétiteurs continue de croître. » Aujourd’hui, la structure mobilise plus de 400 joueurs, qui disputent tous les ans les tournois les plus populaires du circuit, à savoir ceux d’Amsterdam, Melbourne, Bangkok et New York. Avec un concept simple, au cœur même de son fonctionnement : l’inclusivité. Plus concrètement, tout le monde peut s’essayer aux joies du service-volée et du passing-shot. Hommes, femmes, non-binaires, débutants et experts, cisgenres comme transgenres, peu importe leur orientation sexuelle.