La grande histoire du tennis sur ordonnance au Mesnil-le-Roi
C’est difficile à lire. Normal : elles sont écrites par des médecins. Mais à force de voir passer ces ordonnances du centre hospitalier de Saint-Germain-en-Laye, Caroline Voltz-Decool a fini par savoir les déchiffrer. À 40 ans, cette prof de tennis au Tennis Club du Mesnil-le-Roi (TCMR), club né en 1990, propose des cours de « tennis santé » à destination de personnes souffrant de pathologies diverses, dont la pratique pourrait réduire les facteurs de risque et les séquelles physiques. Ce programme, mis en place en 2014 par la FFT avec le CNOSF (Comité national olympique et sportif français), est un reliquat du principe du tennis évolutif développé dans les années 1990 avec des balles plus molles, des filets plus bas et des terrains plus petits. Une manière de dire que le tennis peut être pratiqué par tous, quel que soit son âge, son passé sportif et son état de santé. Enfin, presque. « Au début, j’avais peur, remet Caroline, qui a bénéficié en 2020 de la formation gratuite Prescri’Forme délivrée par le Comité départemental olympique et sportif (CDOS). Sur quels cas j’allais tomber ? Il ne faut pas qu’il y en ait un qui fasse un AVC sur le court… » Pour l’instant, tout fonctionne : une douzaine de personnes ont bénéficié de ces cours depuis trois ans, pour autant de profils différents. Cette femme qui a gagné sa bataille contre son cancer du sein ; celle-ci avec ses deux prothèses de hanche et de l’arthrose au genou – « elle a un peu la totale » ; cet homme en état d’obésité ; ce rescapé d’un œdème pulmonaire ; ou encore cette vieille dame qui s’est mise au sport pour la première fois, pour soigner tant ses articulations que sa solitude.
Pas question de les appeler des patients, Caroline déteste ça ; après tout, elle n’est pas médecin. « Ils paient un forfait de dix séances remboursées par la Sécurité sociale et peuvent venir jusqu’à deux fois par semaine, une heure. Les exercices sont adaptés. Certains ont vraiment progressé dans leur motricité, leur équilibre… Et puis, il y a une super ambiance, un vrai lien, on s’envoie des messages sur un groupe WhatsApp quand on part en vacances. » En France, plus de 450 clubs sont désormais labellisés « Club Tennis Santé », pour 2 000 bénéficiaires et 1 000 enseignants formés. Mais pour quels résultats ? En 2016, une étude anglo-saxonne soulignait que les sports de raquette diminuaient de 47 % les risques de mortalité toutes causes confondues, et de 57 % ceux liés à des accidents cardio-vasculaires. Mieux que la natation, le fitness et le cyclisme. Et pour convaincre les sceptiques, d’autres travaux menés en 2018 par la ville de Copenhague sur 20 000 personnes couronnaient le tennis comme sport de référence en termes d’allongement de la durée de vie, offrant jusqu’à 9,7 ans de rab. Longue vie au TCMR !
