Mais tout d’un coup, mon collègue humoriste frappe à la porte de mon bureau. Cet expert en mauvaise ambiance confirme, avec à-propos, sa réputation : « Dépêche-toi, Arnaud, la réunion va commencer ! » Bon dieu, quel timing pourri…
Enfin, pas totalement. Un SMS apparaît sur mon smartphone. Il s’agit de mon fils : « 6-1 Federer. Y tient encore debout le papy ! »
La voilà la solution ! J’me dépêche de lui répondre avant de rentrer dans la salle de torture, pardon, la salle de réunion : « Envoie-moi le score du match pendant la réunion. MERCI ! »
Réponse immédiate : « PDP »
Mais qu’est-ce qu’il raconte !? J'enchaîne : « Quoi !? »
La réponse me vient aussitôt : « PDP= pas de problèmes...»
Pfff… il peut pas parler français comme tout le monde… Me v’là assis dans la salle maintenant. À la place la plus éloignée de l’intervenant - comme dans mes plus belles années collégiennes. Manque plus que le radiateur à côté pour que l’emplacement soit parfait. Je mets mon portable sur silencieux et le glisse discrètement sous mon postérieur. Dix minutes plus tard, il se rappelle à mon bon souvenir. Enfin, bon souvenir, façon de parler... Une mauvaise manip’ de ma part l’a mis sur vibreur, j’te laisse imaginer la délicieuse sensation… Quelques secondes plus tard, je lis discrètement le court message : « 3-1 »
Il fait exprès ou quoi ? Pour qui 3-1 !? Je rumine avec intensité. Et un peu d’inquiétude. Cinq minutes plus tard, l’angoisse monte d’un (gros) ton : « Arrivée du kiné. Ça sent mauvais ! »
Mais de qui parle-t-il, bon dieu !? Je n’écoute plus un seul mot de la réunion. Impossible, en plus, d’aller surfer sur une appli, je me ferais griller. Ne me reste plus qu’à attendre un (maudit) message du fiston pour me rassurer. Ou pour aller me pendre.
Et ça dure, ça dure... Enfin, un autre SMS arrive : « C’est terminé. Abandon ! » Je reste prostré. Interdit. Le mauvais pressentiment du matin me revient. Un frisson me parcourt de haut en bas. Faut que j’en sache plus. Et tout de suite ! Au mépris du danger, j’arrive à pianoter sous mon siège un message désespéré : « Qui a gagné !!?? »
Fort heureusement, personne dans la réunion ne m’a capté. La réponse arrive dans la foulée. Elle survient comme une claque subite et intégrale reçue en plein visage : « Victoire de Chung - abandon de Federer ! »
Mon souffle est littéralement coupé. J’suis groggy, KO debout comme un boxeur s’étant mangé une droite de Tyson. Ce scénario était tellement peu envisageable après ce premier set…
« Ça ne va pas, Arnaud ? Vous êtes livide ! m’interrompt dans ma détresse le directeur.
Tous les regards sont maintenant braqués sur moi. Je prends une grande respiration avant de répondre : ? Un petit coup de moins bien, monsieur le directeur. Cela ne vous dérange pas que j’aille prendre l’air ?
Le directeur, inquiet : ? Faites, Arnaud. Faites, et revenez quand vous irez mieux. »
Je m’empresse de sortir de la salle, encore sous le choc du précédent message.
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