Par son jeu, son allure, Roger Federer incarne classe, élégance, esthétisme et pureté technique. Dansant sur les courts brushing toujours impeccable quelle que soit la bagarre tel un James bond des années Pierce Brosnan, il dégage une impression de facilité presque absurde. Pourtant, le Suisse partage un point commun avec un autre héros de cinéma à l'image plus froide et brutale : le Terminator. Comme le premier du nom, il chasse des "Connors". Ou plutôt un : Jimmy Connors, joueur le plus titré de l'histoire avec 109 tournois gagnés dans l'ère Open. Sacré à Halle dimanche (le 23 juin), Federer en est à 102. Têtes d'affiche dans ce domaine, Connors et Federer relèguent quelques grands acteurs au rang de seconds rôles. Derrière eux, à l'ombre des projecteurs, on trouve, dans l'ordre : Ivan Lendl, Rafael Nadal, John McEnroe puis les duos Rod Laver - Novak Djokovic et Björn Borg - Pete Sampras ainsi que Guillermo Vilas.
Si, pour la plupart, à moins du come-back le plus épastrouillant de l'histoire, le palmarès est figé, Nadal et Djokovic vont, eux, certainement décrocher quelques palmes suplémentaires. Mais pour espérer dépasser "Jimbo", il leur faut brûler les planches pendant quelques années encore ; avoir une carrière au long cours. À l'instar de Federer. Parmi ce casting , beaucoup ont un record marquant, distinctif. Federer a 20 titres du Grand Chelem, Borg 3 doublés Roland-Garros - Wimbledon, Nadal 12 Roland-Garros, Laver 1 Grand Chelem calendaire (et un de plus avant l'ère open), Djokovic le "Golden Masters" (victoires dans tous les Masters 1000) et McEnroe détient la saison avec le meilleur pourcentage de victoires (96,5 % en 1984 ; 85 victoires pour 3 défaites). Agassi, qui n'est "que" onzième de ce classement (60 titres), peut lui se targuer d'avoir remporté chaque trophée majeur au moins une fois : les quatre tournois du Grand Chelem, le Masters et les Jeux olympiques.
Navratilova et Connors jouent les premiers rôles
En ce qui concerne le plateau féminin, les chiffres sont encore plus étoilés. Du haut de ses 167 titres en simple, Martina Navratilova a son nom écrit plus gros que toutes les autres. Plus gros que des icônes comme Chris Evert, Steffi Graf, Margaret Court, Billie Jean King, Serena Williams, Evonne Goolagong, Lindsay Davenport, Monica Seles ou encore Venus Williams. Grâce à ses 24 oscars en Grand Chelem, Court est considérée comme la plus grande performeuse de tous les temps. Même si 13 d'entre eux sont antérieurs à 1968. Depuis cette date marquant le début de l'ère open, personne ne fait mieux que Serena Williams et ses 23 récompenses en Grand Chelem. Graf est, elle, la seule grande actrice de ce sport auréolée d'un "Golden Slam" (les quatre titres du Grand Chelem plus l'or olympique au cours d'une même saison). Mais aucune ne compte autant de sacres dans un seul et même Majeur que Navratilova et ses 9 Wimbledon.
Apparue sur les écrans français en octobre 1967, la couleur a peut-être permis aux champions et championnes de mieux imprimer leurs chefs-d'œuvre dans nos mémoires. Pourtant, à l'époque du noir et blanc, avant l'ère Open, certains et certaines n'ont cessé de tourner à travers le monde pour enchaîner les représentations à succès. Chez ces messieurs, Rod Laver serait le recordman absolu avec 200 triomphes. Au moins. Jaroslav Drobný, Ken Rosewall, Pancho Gonzales, Bill Tilden ou encore Ken Rosewall auraient leur place dans le top 10. Côté dame, en comptant les coupes gagnées avant 1968, Margaret Court en totaliserait 100 de plus. Soit 192. Suzanne Lenglen, Maureen Connoly et autre Elen Wills seraient également en bonnes positions. Mais, jadis, toutes les compétitions et leurs vainqueurs n'étaient pas enregistrés. En outre, du fait de leur statut professionnel, une bonne partie des meilleurs du monde ne pouvait évoluer sur le circuit amateur. Le seul dont la Fédération internationale validait les titres. Ils étaient au palmarès tennistique ce que les comédies sont à celui de la cérémonie des César. Snobés.
Sources des chiffres : Eurosport (Pour Federer, la chasse au Connors est plus que jamais ouverte), L'Équipe (Le top 10 des joueurs les plus titrés), ATP et WTA.
