Le jour où… Wimbledon s’est mouché devant son héros

11 juil. 2017 à 06:00:00

<p>Discret jusqu&rsquo;alors, Jeremy Bates se retrouve le 29 juin 1992 en huiti&egrave;me de finale de Wimbledon face au Fran&ccedil;ais Guy Forget. Mais au moment de servir pour le match, le Britannique va vriller.</p>

Discret jusqu’alors, Jeremy Bates se retrouve le 29 juin 1992 en huitième de finale de Wimbledon face au Français Guy Forget. Tout est aligné : le public, la folie, le Centre Court. Mais au moment de servir pour le match, le Britannique va vriller.

 

Chaque fois, c’est la même sensation. Comme si la foule n’attendait que ça : palper de nouveau l’impensable. Lorsqu’il en reparle aujourd’hui, Jeremy Bates, 55 ans, préfère en rire : « Pendant les dernières années de ma carrière, lorsque je devais servir pour le match, la balle n’était plus une balle pour moi. Elle était comme accrochée à ma paume, comme si je tenais entre mes mains une pomme d’amour. » Voilà maintenant plus de vingt ans que la carrière du plus gros front de l’histoire du tennis britannique a pris fin. Assez pour oublier ? Seulement pour digérer, tout au plus. Peut-être aussi parce qu’il n’aura jamais eu l’occasion de connaître de nouveau cette sensation, celle d’avoir un peu moins de quinze mille visages pointés vers lui. L’histoire veut que la carrière de Jeremy Bates se soit concentrée sur quelques heures à peine, le 29 juin 1992, sur le Center Court de Wimbledon. Un jour où Bates, déjà 30 ans, a tout gagné et tout perdu ; où le natif de Solihull a redonné sa fierté à un pays qui n’avait plus vu l’un des siens en huitième de finale de Wimbledon depuis dix piges, mais où il a aussi chuté sur un détail. Un minuscule détail.

 

La vie sans lumière

 

Qu’avait-il fait jusqu’ici ? Rien, ou pas grand-chose, si ce n’est quelques performances en double dont une finale à l’Open d’Australie 1988 avec Peter Lundgren et deux victoires en mixte avec Jo Durie à Wimbledon, en 87, puis à Melbourne, en 91. Sur le circuit, Jeremy Bates est un mec qui ne touche que rarement le troisième tour en Grand Chelem. Quelqu’un qui n’a jamais trop pris la lumière. Pourtant, lorsqu’il se lève le 29 juin 1992, Bates est devenu quelqu’un. Mieux, il ne peut plus sortir de chez lui. Depuis quelques jours, le moindre déplacement est une expédition. Un photographe de tabloïd s’amuse même à le suivre à son arrêt de bus et lorsqu’il se rend à la banque. La raison est simple : Jeremy Bates a successivement sorti Michael Chang, Javier Sánchez et Thierry Champion à Wimbledon et n’est donc plus qu’à un exploit d’un quart de finale historique chez lui, en pleine crise du tennis britannique. Face à lui, un certain Guy Forget.

 

“Je suis devenu l’exemple”

 

Et voilà comment l’histoire s’est dérobée alors que John McEnroe, vainqueur un peu plus tôt d’Andreï Olhovskiy en trois sets, attend sa nouvelle proie en demi-finale. Jeremy Bates n’a rien à perdre. Mieux, il a tout a gagné puisqu’il est, à cet instant, en possession d’une balle de match. Le rêve d’une victoire finale à Wimbledon est permis. Pour ça, il faut convertir cette offrande et resté dans sa bulle. Le score ? 7-6, 4-6, 6-3, 5-4. 40-30, sur son service. Unique. Bates lance la balle ; la laisse redescendre. Il est gêné. Par quoi ? En conférence de presse d’après-match, il peinera à expliquer le bruit qu’il a entendu : « J’ai lancé la balle pour servir et je ne sais pas trop si quelqu’un a pris une photo ou si quelqu’un a éternué. Voilà pourquoi j’ai décidé de ne pas servir. Je suis presque sûr que c’était un éternuement. » Et son monde, ses huit jours de bonheur, tout ça s’est écroulé. Au second service, Forget surgit et retourne Bates. Il remportera le quatrième set 7-6 avant de plier l’Anglais au cinquième 6-3. Jeremy Bates est sorti de son match, comme on dit dans le milieu. Et passé à côté de la postérité. « Je suis devenu l’exemple, ce jour-là, que le tennis est avant tout une affaire de mental. »

 

 

 

 

 

 

 

 

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