Monte-Carlo, Roland-Garros et l’arlésienne « Djoko »

24 avr. 2015 à 11:24:51

Monte-Carlo, Roland-Garros et l’arlésienne « Djoko »
Chaque printemps, c’est la même rengaine : Djoko à Roland-Garros, c’est pour cette année. Surtout lorsqu’il gagne face à son éternel ennemi Rafa Nadal lors des tournois de préparation, comme cette semaine à Monte-Carlo. Sauf que, cela va fair

Novak Djokovic y croit depuis toujours, tous les ans. Le principal ennemi de Rafael Nadal à Roland-Garros, annoncé vainqueur depuis plusieurs printemps maintenant, n’a cependant encore jamais réussi à renverser le roi. Et les tournois de préparation comme celui de Monte-Carlo, où il a encore battu Nadal, comme en 2013,  mettent bien souvent les obervateurs sur une fausse route. Avant un (probable et identique) septième épisode le 7 juin prochain, retour sur les six derniers faux espoirs.

 

« J’avais le contrôle du match »

Quart de finale 2006 : 6/4 6/4 abandon

 

Qui a osé lâcher ça ? « Je pense que j’avais le contrôle du match, parce que tout dépendait de moi. Tout le monde dit que Rafael Nadal est imbattable sur terre, mais ce n’est pas mon avis. » Encore anonyme pour le grand public, Novak Djokovic passe carrément pour un présomptueux après son tout premier match contre l’Espagnol. Le dos du 63è mondial vient pourtant de faire « crac » après deux sets sans accroc pour le tenant du titre. Quelle mouche a donc piqué ce jeune homme de 19 ans, qui n’avait même pas été capable de battre le quatrième couteau Daniel Gimeno-Traver à Barcelone ? Tout petit dit-on, Djokovic savait qu’il serait champion. On ne le savait pas encore, et encore moins qu’il le serait un jour.

 

« Compris le truc »

Demi-finale 2007 : 7/5 6/4 6/2

 

Novak Djokovic n’est désormais plus un inconnu. Débarqué dans le Top 10 en mars après son titre à Miami et une première victoire sur Nadal en chemin, son coach Marian Vajda assure qu’il a enfin « compris le truc » contre le Majorquin. Ce dernier prend cependant sa revanche au Foro Italico en ne laissant que 5 jeux, mais Novak arrive à Paris avec tambours et trompettes. Toute la smala - père, mère et consorts - enchaîne les tournées de bières au salon des joueurs en clamant que le fiston sera bientôt numéro 1 mondial. En plein joug Federer/Nadal, cette ambition passe pour du toupet ! Surtout lorsque le dernier vendredi, Nadal le dégonfle en trois sets. Soutenu par le public, Djoko revient de 2-5 à 5-5 dans le premier acte, mais à force de vouloir dicter l’échange à tout prix, il finit par être victime d’une panne sèche. Il reconnaitra la supériorité de son adversaire, au-dessus mais pas trop plus : « J’ai essayé d’être agressif… tout en ne l’étant pas tout le temps pour bâtir le point et me donner des opportunités. J’ai fait pas mal d’amorties pour changer de rythme et le faire courir vers l’avant. Et je trouve que ça n’a pas mal fonctionné pendant deux sets.»

 

« Je peux gagner, bien sûr »

Demi-finale 2008 : 6/4 6/2 7/6

 

2008 est l’année où Novak Djokovic a changé de stature. Vainqueur de son premier Grand Chelem en Australie, le Serbe marque des points le 18 mai sur la terre humide d’Hambourg, en prenant enfin un set à son rival en demi-finale, chef d’œuvre de 3 heures, à l’issue duquel l’Espagnol affirme avoir affronté « le plus grand défenseur de l’histoire du tennis. » Plus fort qu’en 2007, Djokovic se range lui-même parmi les favoris à Paris : « Je peux gagner, bien sûr ». D’autant que le corps de Nadal, éteint d’entrée par des ampoules à Rome, commencerait à partir à vau-l’eau. Le jour du rendez-vous, le regard sombre et plus concentré que jamais, Rafael sortira pourtant « son tout meilleur match à Roland-Garros », dixit oncle Toni. Djokovic est asphyxié 3 sets à 0, sans jamais donner l’impression de pouvoir le faire, malgré une balle de troisième set. « Les deux premiers ont été très mauvais. Je n’avais aucun rythme et faisait un tas de fautes directes », commentera Djokovic dont les analyses d’après-match ressemblent à celles d’un mauvais perdant : « C’était difficile de jouer avec ce vent ! Et sur la balle de set, j’étais du mauvais côté. » Mais l’optimisme est toujours de mise : « Je suis jeune. Le futur m’appartient ! »

 

« Je suis un autre joueur, au sommet de ma carrière »

Finale 2012 : 6/4 6/3 2/6 7/5

 

« Je sais, j’ai perdu trois fois contre lui ici et sans jamais lui prendre un set, mais je suis un autre joueur, au sommet de ma carrière. » Si à Rome et à Monte-Carlo, Nadal a brisé une vilaine série de 7 défaites de suite contre lui, Djokovic y croit avant le retrouver en finale à Paris. Forcément, depuis un an, c’est lui le patron. En huitième, il a remonté un handicap de deux sets à zéro contre Andreas Seppi avant de passer trois fois à un point de la sortie contre Jo-Wilfried Tsonga. Vainqueur des trois derniers majeurs, le Serbe peut faire le Grand Chelem sur deux ans, quatre de suite, exploit inédit depuis Rod Laver. Mais lors des tournois de préparation, Nadal a repris le pouvoir, malgré une noyade (exceptionnelle) dans la terre bleue de Madrid. « Rafa essaie d’aller chercher la balle devant et de frapper plus agressif. Ça paie davantage. Du coup, sur terre, son jeu retrouve toute son intensité », explique alors son oncle de coach. Le jour de la finale, Djokovic porte un strapping à l’épaule et rate les deux premiers sets, avant que la pluie ne le stoppe dans son come-back au début du quatrième. L’entraîneur Patrick Mouratoglou l’assure : « Le Djokovic de 2011 aurait gagné en trois ! » Le principal intéressé, lui, quitte la capitale avec ce même discours positif : « Il reste d’autres années, je sais que je reviendrai plus fort. »

 

La victoire en trompe l’œil de Monte-Carlo

Demi-finale 2013 : 6/4 3/6 6/1 6/7 9/7

 

La prudence de Rafael Nadal brouille les pistes. Après une année 2012 qui a pris fin dès le mois de juillet, pour lui, il ne s’estime clairement pas favori avant cette demi-finale. S’il a remporté Rome, Madrid et Barcelone, sa seule confrontation sur terre avec Djokovic a tourné à son désavantage à Monte-Carlo, où il n’avait pas perdu depuis 2003. Cette fois, Djokovic parvient parfaitement à fatiguer Nadal, remis en selle par la grâce d’une faute rarissime. A 4-3 sur son service et 40-40, le Serbe touche le filet avant la fin d’une volée, offrant une occasion inespérée de débreak. Malgré l’arrosage du court demandé par Djokovic, Nadal n’allait plus lâcher, contrairement aux nerfs de Djokovic. Le Serbe termine la partie par deux fautes en coup droit, avant de confier son admiration : « Je le félicite car il montré pourquoi il était un champion et pourquoi il dominait Roland-Garros depuis si longtemps. »

 

Une victoire d’ici 2017 ?

Finale 2014 : 3/6 7/5 6/2 6/4

 

Crampé, Rafael Nadal lui-même a prétendu qu’il n’aurait pas pu tenir dix minutes de plus sur le court. Mais même avec des jambes en coton, Nadal, deux fois dominé par Djokovic lors des tournois de préparation (comme en 2011), termine comme d’habitude la quinzaine en mordillant la Coupe des Mousquetaires. Cette fois, l’Espagnol a trouvé la solution en cherchant assez tôt dans l’échange le tir qui tue, en l’occurrence le coup droit long de ligne. Sur une terre de plus en plus asséchée au fil de l’après-midi, le lift est devenu mortel. Après la rencontre, l’ancien vainqueur Mats Wilander voyait bien Nadal gagner encore deux titres à Paris d’ici la fin de sa carrière. Il voyait aussi Djokovic réussir à en arracher un d’ici 2017, soit… onze ans après leur premier duel.

 

Par Julien Pichené

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