Tant qu’à supprimer le second service, on pourrait aussi faire disparaître…

24 sept. 2014 à 09:12:50

Suite aux audiences médiocres de la finale de l’US Open, le président de l’ITF a émis l’hypothèse de supprimer la seconde balle de service. Au Mag, on a réfléchi à d'autres propositions plus ou moins farfelues. Les voici.

Suite aux audiences médiocres de la finale de l’US Open ayant opposé Marin Cilic à Kei Nishikori, le président de la Fédération internationale de tennis, Francesco Ricci Bitti, a émis l’hypothèse de supprimer la seconde balle de service. On a tenté de l’aider et on a réfléchi à des propositions -  plus ou moins farfelues - pour s’assurer de maximiser les audiences à coup sûr. Tant qu’à supprimer le deuxième service, on pourrait aussi faire disparaître…

 

… la demi-minute de récupération entre deux points. « Vingt ou vingt-cinq secondes, je m’en fiche. Je peux claquer quatre aces en vingt secondes. » Voilà la réponse de Goran Ivanisevic au débat qui agite de manière récurrente la planète tennis depuis deux ans, pour savoir si le temps de repos accordé aux joueurs entre deux points est trop généreux (point de vue des diffuseurs, qui y voient une cassure dans le rythme du match) ou pas assez (point de vue principalement de Rafael Nadal et Novak Djokovic). Donnons donc raison à l’entraîneur du récent champion de l’US Open, Marin Cilic, et interdisons tout temps mort prolongé, en n’accordant qu’une dizaine de secondes de répit aux joueurs. Plus de tocs compulsifs à demander systématiquement une serviette ou à choisir trois heures durant sa prochaine balle de service : on finit un point et on enchaîne le suivant sans traîner… comme c’était le cas avant que « Rafa » et le « Djoker » n’émergent et ne modifient les règles du jeu. Et tant pis si ces deux-là ne sont pas contents : ils n’ont qu’à apprendre à raccourcir leurs points pour ne pas s’épuiser. Après tout, même en dix secondes, Goran Ivanisevic peut encore dégainer deux aces.

 

… les changements de côté. L’innovation télévisuelle s’est retournée contre elle. Les changements de côté sont une création des chaînes de télévision américaines dans les années 1980, désireuses de multiplier les séquences publicitaires durant les matchs. Sauf qu’une minute trente d’annonces tous les deux jeux, c’est aussi une invitation à aller zapper ailleurs… ou à éteindre purement et simplement l’écran. Retour donc à l’ère pré-CBS (tout un symbole, à l’heure où le média américain, instigateur également du Super Saturday lors de l’US Open, s’est désengagé cette année du tennis), où faute de vraie pause entre les jeux, les duettistes bénéficiaient en revanche d’une dizaine de minutes pour souffler à l’issue de chaque set – l’équivalent donc de la mi-temps en foot ou des tiers-temps dans nombre d’autres sports collectifs. Il n’y aura pas forcément moins de publicité à l’écran, mais elle ne saucissonnera plus la partie.

 

… les échanges à rallonge. Et pourquoi les serveurs devraient-ils toujours pâtir des modifications apportées au jeu ? Grands perdants de l’évolution tennistique des dix dernières années, ceux-ci ont bien gagné le droit d’être laissés un peu en paix. Pour une fois, on ira donc taper sur le tennis qui gagne, en décrétant l’interdiction pure et simple des interminables rallyes de fond de court qui sont le lot quotidien des champions actuels. Comment faire ? Par exemple en installant un décompte sur écran géant en bord de terrain, doté d’un buzzer : si, au bout de vingt secondes de jeu, ou de quinze échanges de frappes (les durées sont négociables), le serveur n’a toujours pas forcé la différence, le point va au relanceur. Non seulement les télévisions seront ravies de voir ainsi les matchs raccourcis, mais les directeurs des tournois indoor applaudiront des deux mains, eux qui doivent jongler avec des programmations pouvant régulièrement s’achever autour de minuit… alors que le tour suivant débute dès 11h le lendemain matin.

 

… le facteur surprise. Comme dirait Forrest Gump, le truc avec la surprise, c’est qu’on ne sait pas ce qu’il y a dedans. On pourra ajouter que le grand public n’aime pas trop la glorieuse incertitude du sport et a plutôt tendance à rechercher de la valeur sûre. Alors pour le contenter et s’assurer qu’il soit fidèle au poste, pourquoi ne pas revenir au bon du vieux temps du Challenge Round, quand le champion sortant était qualifié d’office pour la finale ? S’assurer un Nadal, un Djokovic ou un Federer à l’affiche du dernier jour, voilà qui fidéliserait le public. Ou plus efficace encore : décréter que Roger Federer est qualifié d’office pour toutes les finales. Si on veut des bonnes audiences, autant s’assurer que le joueur le plus populaire soit à l’affiche. Or à 33 ans, le Suisse n’a jamais été autant adulé partout dans le monde, et la tendance ne fait que s’accentuer au fur et à mesure qu’il approche de l’inéluctable clap de fin. Alors autant profiter au maximum de la star tant qu’elle assure encore le show !

 

… le décompte des points. Ou du moins le modifier, en l’agrémentant, comme en patinage artistique, d’un volet « exercice imposé ». A chaque set, afin de montrer à quel point il possède une palette variée, le joueur devra remplir un inventaire de coups prédéfinis : réaliser au moins un ace, tenter au moins un service-volée et un retour-volée, exécuter au moins une amortie, penser au moins une fois au contrepied, et se plier au moins une fois au smash à 360° de Gaël Monfils…

 

 

Punition pour celui qui aurait gagné un set sans toutefois cocher toutes les cases : devoir écouter l’intégrale de Nelson Monfort et Philippe Candeloro lors des derniers Jeux olympiques.

 

Par Guillaume Willecoq

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