Top 10 : Les curieux trophées du tennis

18 juin 2014 à 00:00:00

A chaque tournoi son trophée et ses faveurs pour le vainqueur. Si dans l’immense majorité, ceux-ci sont tout ce qu’il y a de plus normal – coupe et gros chèque – ils prennent parfois la forme de faveurs pour le moins surprenante. Top 10 curiosi

Chaque trophée sportif soulevé est censé laisser un souvenir impérissable au champion. Et pourtant, dans le tennis plus qu’ailleurs, certaines de ces récompenses (et les faveurs qui les accompagnent) étonnent plus qu’elles ne ravissent leurs nouveaux propriétaires. Voitures, sombrero, chèques cadeaux et vaches à lait, bienvenue dans le musée des curiosités.

 

1/ « Un signe du destin »

 

« Nous sommes la plus ancienne entreprise familiale d’Europe », se gargarise la maison Mellerio, célèbre joaillier français de la rue de la Paix, à Paris. Outre son activité de bijoutier des rois et des empereurs, cette vénérable institution, créée en 1613, confectionne chaque année depuis 1981 la coupe des Mousquetaires offerte au vainqueur de Roland-Garros. En 1946, lorsque Marcel Bernard s’impose porte d’Auteuil, il n’a pas la chance de brandir le moindre trophée. À cette époque, il n’en existe aucun, bien que la maison Mellerio ait déjà plusieurs siècles d’existence. Le joueur français récolte alors des bons d’achats pour des articles de sport et se voit gratifier d’une médaille argentée, gravée de travers et remise à l’intéressé plusieurs mois après le tournoi. Un soir, le feu prend chez les Bernard. La médaille est déclarée perdue. Puis finalement retrouvée. Avant d’être offerte à la Fédération française de tennis par la fille du médaillé. Qui expliquera son geste : « C’est le seul objet matériel qui a survécu à cet incendie familial… C’est un signe du destin que je veux partager avec le tennis français. »  Bizarre, mais classe.

 

2/ « Les sponsors n'étaient pas contents du tout »

 

« La superstition est la poésie de la vie », écrivait le penseur allemand Johann Wolfgang von  Goethe. Jouait-il pour autant au tennis ? Connaissait-il la face cachée de ce sport mental ? Un monde fétichiste, plein de superstitions et de petites manies en tous genres. En témoigne la mésaventure de Lindsay Davenport. « En 1995, à Strasbourg, j'ai fait tomber le trophée du tournoi, se souvient l’Américaine. À cause de moi et de tous les petits morceaux du trophée que j'avais cassés et qui s'étaient répandus sur le court, la finale du double a dû être décalée. Les sponsors n'étaient pas contents du tout. » L’Américaine jure alors qu’elle ne soulèvera plus la moindre coupe au-dessus de sa tête, bras tendus, mais plutôt au niveau de ses oreilles ou juste sous le menton. Et promet à ses fans de ne retenter l’exercice que le jour où elle remportera son premier Grand Chelem. Chose faite en 1998, lors de sa victoire à l’US Open. Mazeltov !

 

3/ « Garage à vaches »

 

En 2003, Roger Federer remporte le tournoi de Wimbledon, et ne sait sans doute pas encore que ce titre sera le premier d’une longue série. À son retour en Suisse, les organisateurs du tournoi de Gstaad, sa ville d'origine, lui offrent une vache en guise de récompense. Son nom ? Juliette, 3 ans, qui décédera en 2007. Un cadeau que renouvelleront l’année dernière les organisateurs, soit dix ans après son premier titre londonien. Exit Juliette, c’est au tour de Désirée, elle aussi âgée de 3 ans, de faire partie de la famille Federer. « Je vais devoir racheter un garage à vaches, lâche l’ancien numéro 1 mondial le jour de la remise du prix. Même si je n’ai toujours la moindre idée de ce à quoi un garage à vaches peut bien ressembler. »

 

4/ « Ils se mettent le doigt dans l’œil »

 

En 2001 se déroule pour la première fois de l’Histoire un tournoi féminin de tennis au Moyen-Orient, le Qatar Ladies Open. Dans un pays où le sport de compétition pour les femmes est pratiquement inexistant, traditions religieuses obligent, les organisateurs ont, néanmoins, bien l’intention de gâter leur gagnante. Son nom ? Martina Hingis. Lors de la remise des trophées, la Suissesse débarque alors à cheval – qui défèquera sur le court au milieu de la cérémonie, d’ailleurs - en robe traditionnelle sertie de fils dorés, une couronne en or massif sur la tête. « J'ai toujours rêvé d'être une princesse. J'ai toujours rêvé d'entrer dans un court de tennis à dos de cheval. C'est ce qui est en train de se passer, c'est une réalité », lance la championne, ravie. Avant de retrouver la raison quelques semaines plus tard : « C’est bien une couronne, mais s’il pense que je la porterai un jour, ils se mettent le doigt dans l’œil. »

 

 

5/ « Trop gros pour caler mes meubles »

 

Si Boris Becker n’a jamais vraiment cherché à fuir les feux de la rampe, la notoriété l’a parfois rendu sauvage et farouche. En 1991, l’Allemand bat l’Américain Ivan Lendl en finale de l’Open d’Australie. De quoi réjouir le numéro un mondial, place acquise grâce à cette victoire de prestige ? Non. Après avoir serré la main de son adversaire, Becker quitte le stade. Sans un mot. Sans laisser d’adresse. Son unique envie ? Être seul quelques instants avant la remise des trophées pour marcher dans la nature et se baigner dans le Yara, ce fleuve qui traverse Melbourne. Bien entendu, ses mouvements de brasse retardent la cérémonie de plusieurs minutes. « Je n’avais qu’une envie, rentrer à l’hôtel, prendre du recul », explique-t-il dans son autobiographie Sans filet. Avant de confesser : « De toute manière, j’ai toujours détesté les trophées. La plupart sont moches et sont trop gros pour caler un de mes meubles ».

 

6/ Les dessins des enfants de l’Unicef

 

Depuis 2010, le tournoi de ‘s-Hertogenbosch, aux Pays-Bas, est une épreuve de tennis unique au monde : c’est la première à coopérer de manière très étroite avec un organisme de bienfaisance. En l’occurrence l’Unicef. L’objectif ? Mettre en lumière cette agence de l’ONU consacrée à l’amélioration et à la promotion de la condition des enfants, et bien entendu récupérer des fonds. Un pourcentage prélevé sur la vente des billets, mais aussi sur le gain des joueurs, est reversé à l’association. En contrepartie, des enfants du monde entier se relaient chaque année pour colorier le trophée du vainqueur sur une plaque en céramique, sous forme de dessin. Avec une seule consigne : que l’œuvre de ces artistes en herbe évoque le tennis. Bien entendu.

 

 

7/ Poire et Sombrero

 

Face aux Argentins, aux Chiliens voire même aux Brésiliens, c’est peu dire que les Mexicains ne sont pas réputés pour leur culture tennis. Et pourtant, il existe bien un Open du Mexique. Que sait-t-on de cette épreuve ? Qu’elle est organisée chaque année à Acapulco, fin février, en indoor et sur dur, et qu’elle récompense son vainqueur d’une poire géante posée sur une boite noire. Le tout agrémenté d’un authentique sombrero. Les clichés ont la vie dure…

 

 

8/ Ouzbékistan, robe de chambre et Aladin

 

Aujourd’hui, il n’existe plus. Mais entre 1997 et 2002, le tournoi ATP de Tachkent, capitale de l’Ouzbékistan, régalait d’avantage pour sa remise des trophées que pour le prestige de sa compétition. Chaque année, c’était le même rituel : les deux finalistes devaient porter un genre d’habit traditionnel ouzbek, composé d’une robe de chambre bleu royal avec des bordures florales en or. En 1997 et 1998, Tim Henman est passé par là. Il raconte : « Je me souviens que les organisateurs nous ont offert cet accoutrement. On se serait cru dans le dessin animé d’Aladin plutôt que sur un court de tennis... Entre nous, j’aurais préféré qu’il me donne la lampe en or du Génie. »

 

 

9/ « Je vais devoir construire un nouveau garage »

 

Célèbre étape du circuit féminin, le tournoi de Stuttgart a eu durant quelques années une petite particularité : la gagnante de l’épreuve se voyait offrir la possibilité de choisir entre le classique prize money ou de repartir avec une Porsche de valeur équivalente. Aujourd’hui, c’est coup double : les organisateurs fournissent l’argent et la voiture en cas de victoire. Sacrée les trois dernières années, Maria Sharapova a eu quelques problèmes de logistique. « Je vais devoir construire un nouveau garage pour pouvoir y mettre toutes mes voitures », disait-elle en avril. Chez les hommes, Jérémy Chardy, vainqueur du tournoi en 2009, avait reçu une Mercedes E350 et une convocation pour une visite guidée de la Mercedes-AMG Factory à Affalterbach, non loin de Stuttgart. Depuis, c’est devenu comme un leitmotiv : « J’en ai conduit une, je les veux toutes désormais ! Je dois juste bien jouer, et donner le meilleur de moi-même pour repartir chaque année avec l’une de ces sublimes voitures ! »

 

 

10/ Quatre fois gravés sur le Saladier d'argent... sans jouer ! 

 

Mythique et impressionnant, de par sa forme et sa taille, la Saladier d’argent, qui récompense chaque année le pays vainqueur de la Coupe Davis par BNP Paribas, fut longtemps l’un des trophées les plus prisés et populaires du tennis. En 1899, c’est Dwight Davis, joueur de tennis américain et créateur de l’épreuve, qui finance lui-même le butin et qui le commande auprès du joaillier Shreve, Crump & Low, à Boston. Il porte alors son choix sur une coupe à punch de style classique. Un trophée sur lequel figure Christian Boussus. Entre 1929 et 1932,  son nom est gravé 4 fois sur le célèbre Saladier. Et pourtant, Boussus n'a joué aucune de ces rencontres victorieuses ! Celui qu'on surnommait le « 5ème mousquetaire » est en effet remplaçant de l'équipe de France, derrière Brugnon, Borotra, Cochet et Lacoste. Pis, Bossus ne joue qu'une seule et unique en Coupe Davis par BNP Paribas. C'était en 1938. Une fois ces derniers retraités des courts....

 

Par Victor Le Grand

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