Le Vrai/Faux de la terre battue de Roland - Garros

21 mai 2014 à 00:00:00

Si, selon le responsable de l’entretien des terrains de Roland-Garros, Rafael Nadal ne demande jamais rien, il y en a un autre du Big Four qui réclame assez souvent à ce qu’on arrose le court. Découvrez lequel ici.

A quelques jours du début de Roland-Garros, on s’active pour préparer les courts. Responsable de l’entretien des terrains briquetés de la Porte d’Auteuil, Gérard Tiquet répond à notre vrai/faux sur les coulisses de cette étape cruciale pour le Grand Chelem français.

 

1/ Le court Philippe-Chatrier est préparé en dernier

 

=> VRAI

 

« Les joueurs qui préparent les qualifications viennent prendre leurs repères sur les courts annexes, pas sur les principaux. Du coup, on prépare les courts principaux en dernier et pas trop tôt, pour éviter qu’ils ne restent trop longtemps sans être joués. Généralement, on commence à préparer les courts début avril, dès que les conditions météo sont favorables. Cette année, on a commencé à préparer le court Suzanne Lenglen et le court Philippe-Chatrier le 5 mai, sachant que les réservations des deux courts commencent vers le 19 mai. Des têtes de série comme Novak Djokovic vont vouloir s’entraîner sur le Chatrier ou le Lenglen car ils savent qu’ils vont jouer dessus pendant la quinzaine. »

 

2/ On met plus de temps pour préparer le court Philippe-Chatrier qu’un court annexe

 

=> VRAI

 

« Le court Philippe-Chatrier est plus grand que les courts annexes : il mesure 21 mètres de largeur au lieu de 18 et 42 mètres de longueur au lieu de 36. Il est vrai qu’on va mettre à peu près une heure et demie de plus pour passer le rouleau que sur un court annexe. Cela dit, les tracés sont les mêmes et la préparation du central demande autant de bras que sur un court annexe : une dizaine de personnes. »

 

3/ Pendant une journée, on arrose le court entre chaque match

 

=> VRAI

 

« On va parfois nous demander d’arroser entre les sets mais on aura moins de temps pour amener l’eau qu’entre les matches. Du coup, les arrosages sont plus efficaces à la fin d’une rencontre. Quand un match dure un peu plus longtemps, on est retardés. Il nous arrive alors de freiner de trois ou quatre minutes le début du match suivant, surtout en période chaude, où il faut arroser davantage, pour le confort des joueurs et pour éviter que le rouge ne s’envole. Lorsqu’un match devient long, serré et qu’il fait très chaud, on vient arroser, avec l’accord du superviseur et de l’arbitre de chaise. Il se peut aussi qu’on arrose à la demande de joueurs. Rafael Nadal ne demande jamais rien, mais des joueurs dont la terre battue n’est pas la surface de prédilection, comme Andy Murray, peuvent faire cette requête. Parfois, certains joueurs vont demander un arrosage parce qu’ils sont en déperdition. Ça peut être un prétexte pour se reposer ou pour réfléchir à sa tactique ! »

 

4/ La préparation des courts a lieu en début de journée

 

=> VRAI et FAUX

 

« On arrose les courts le matin, avant le début des entraînements, mais les matériaux n’ont pas le temps d’emmagasiner l’eau et elle s’évapore vite avec le soleil qui commence à taper. Du coup, on préfère arroser abondamment la veille au tuyau, durant 25 minutes. Pendant la nuit, les températures baissent, donc l’eau va pouvoir descendre dans la couche de mâchefer. Ensuite, le lendemain, on n’aura plus qu’à ajouter de l’eau le matin, ainsi qu’entre les matches. »

 

5/ Les courts de Roland-Garros sont composés de quatre couches

 

=> VRAI

 

« Tout en dessous, il y a d’abord la couche de cailloux, d’une épaisseur de 25 cm, qui permet la stabilisation et le drainage du court. Juste au-dessus, la couche de mâchefer, de 10 cm, va conserver l’eau et donner sa souplesse au court. Ensuite, la couche de 8 cm de calcaire compacté va être la base du court. Enfin, en surface, la fine couche de 2mm de brique pilée va donner la coloration et la glisse. La couleur rouge permet d’éviter l’éblouissement des joueurs, car il est plus facile de jouer sur du rouge que sur du blanc. »

 

6/ La préparation de la terre battue peut influer sur le jeu

 

=> FAUX

 

« Lorsqu’on prépare un court, on passe un rouleau de 600 kilos sur la couche de calcaire. Plus le court va être tassé par ce rouleau, plus il va être rapide. Mais on utilise les mêmes matériaux pour tous les courts et ce qui va vraiment influencer la rapidité de la surface, c’est la météo du jour. Lors des grosses chaleurs, le court est rapide, tandis qu’une journée nuageuse va donner un court lent car l’eau a tendance à ralentir le jeu. »

 

7/ En cas de pluie, le responsable de l’entretien des courts décide seul de bâcher le court

 

=> FAUX

 

« On intervient sur le bâchage mais nous n’en sommes pas maître absolu. Si on sent que la météo devient mauvaise, on peut demander l’arrêt du match, mais on doit passer par le superviseur qui se concerte alors avec l’arbitre et les juges de ligne. L’arbitre va alors donner son avis, en fonction du déroulement du match, car on ne peut pas arrêter une partie à n’importe quel moment. Les arbitres n’ont pas tous la culture de la terre battue : un arbitre anglais sera plus habitué à l’herbe, un Américain s’y connaîtra surtout en indoor. En France, les arbitres français sont initiés aux spécificités de la terre battue et il est plus facile de leur conseiller l’arrêt du match. »

 

Propos recueillis par Assia Hamdi

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