Top 10 : Un match de tennis n’est jamais fini

12 mars 2014 à 00:00:00

Top 10 : Un match de tennis n’est jamais fini
Un match de tennis n’est jamais fini avant que le dernier point ne soit inscrit. La preuve avec dix des plus grands retournements de situations tennistiques.

Menée un set et 5/4, 40-0 par Carla Suarez Navarro, Alizé Cornet l’a finalement emporté dimanche au BNP Paribas Open après plus de 3h20 de match. Ce ne sera pas le premier revirement fou de l'histoire du tennis, ni le dernier. La preuve avec dix des plus grands retournements de situations.

 

Lendl – McEnroe, finale de Roland Garros 1984 : 3-6 / 2-6 / 6-4 / 7-5 / 7-5

 

En 1984, John McEnroe est au sommet de son art. Depuis la retraite de Björn Borg, l'Américain danse sur le circuit. Lorsqu'il se présente en finale de Roland Garros face à Ivan Lendl, il est sur une série de 42 victoires consécutives. Le début du match est d'ailleurs totalement à son avantage puisqu'il remporte rapidement les deux premières manches. McEnroe se procure plusieurs balles de break dans le troisième set. Le match semble plié. Mais Lendl frappe de plus en plus fort et son adversaire commence à commettre des fautes. Un véritable combat s'engage entre les deux hommes. Moins efficace derrière sa première balle, McEnroe perd son service au pire moment et voit le Tchécoslovaque revenir à deux manches partout. Le temps joue en faveur du numéro 2 mondial qui prend peu à peu le dessus. A 5-6 et après plus de trois heures de match, McEnroe manque une dernière volée. L'Américain n'atteindra plus jamais la finale à Roland Garros.

 

 

Leconte - Motta, troisième tour de Roland Garros 1986 : 1-6 / 3-6 / 7-6 / 6-0 / 6-0

 

Henri Leconte était un joueur très instable, capable de passer du rire aux larmes, mais aussi d'un niveau de jeu pitoyable à du grand tennis en quelques secondes. En 1986, il vit un véritable calvaire face à Cassio Motta au troisième tour de Roland Garros. Son bras gauche arrose partout, sauf là où il faudrait. A deux sets zéro, son coach de l'époque Patrice Dominguez lui fait passer un petit mot via un ramasseur de balles. Sur le papier est écrit : « On est avec toi, on a confiance, calme-toi. Prépare tes attaques plus soigneusement et surtout joue ton jeu au filet. On t'embrasse ». Leconte reçoit le papier à 6-6 dans le troisième set. Il le lit, se retourne vers son entraîneur et lui lance : « Tu pouvais pas le dire plus tôt, pauvre con ». Le Français remporte le tie-break après avoir sauvé deux balles de match et aligne douze jeux d'affilée pour conclure. Du grand Riton.

 

 

Connors – Pernfors, huitième de finale de Wimbledon 1987 : 1-6 / 1-6 / 7-5 / 6-4 / 6-2

 

C'est l'un des pires souvenirs de sa carrière. En juin 1987, Mikael Pernfors croit tenir une victoire de prestige en huitième de finale de Wimbledon contre Jimmy Connors. Le Suédois mène deux sets à zéro et 4-1 dans la troisième manche. Le vieillissant Connors (34 ans), blessé à la jambe, semble résigné. Mais voilà, peur de la victoire ou sursaut du champion, le match tourne. Pernfors ne lâche plus ses coups et se contente d'attendre les fautes de son adversaire. Des fautes qui se font de plus en plus rares. Connors serre le jeu et empoche les troisièmes et quatrièmes sets au forceps. Pernfors sait qu'il a laissé passer sa chance et abandonne le combat dans une cinquième manche à sens unique.

 

 

Chang - Lendl, huitième de finale de Roland Garros 1989 : 4-6 / 4-6 / 6-3 / 6-3 / 6-3

 

C'est un match qui est resté dans la légende. D'abord parce qu'il a vu le numéro un mondial Ivan Lendl s'écrouler face à Michael Chang, un joueur de 17 ans, en huitième de finale de Roland Garros. Ensuite parce que l'Américain s'est permis de servir à la cuillère dans le cinquième set. Revenu à deux manches partout grâce à un jeu basé sur un faux rythme, Chang est victime de crampes. Incapable de pousser pour servir, il innove avec un service par en-dessous. Surpris, Lendl rate son attaque et Chang marque le point. Sur la balle de match, Chang s'avance dans le court ce qui perturbe Lendl qui commet une double-faute. Une victoire psychologique incroyable. 

 

 

Rubin – Novotná, troisième tour de Roland Garros 1995 : 7-6 / 4-6 / 8-6

 

Conclure un match est toujours difficile en tennis. Jana Novotná en a fait l'amère expérience au troisième tour de Roland Garros en 1995. La Tchèque mène en effet 5-0 et 0-40 sur le service de Chanda Rubin dans le set décisif. Mais du haut de ses 19 ans, l'Américaine réussit l'impensable. Après avoir sauvé neuf balles de match, elle réussit à recoller à cinq partout. Grâce à ses passings destructeurs, elle prend une dernière fois le service de Novotná et s'impose finalement 8-6 pour ce qui constitue le premier grand exploit de sa carrière.

 

 

Agassi – Medvedev, finale de Roland Garros 1999 : 1-6 / 2-6 / 6-4 / 6-3 / 6-4

 

C'est probablement le retournement de situation le plus émouvant. Battu à deux reprises en finale de Roland Garros (contre Andrés Gomez en 1990 et contre Jim Courier l'année suivante), André Agassi se voit offrir une troisième chance, sans doute la dernière, de remporter le seul tournoi du Grand Chelem qui manque à son palmarès. En 1999, il affronte Andreï Medvedev en finale des Internationaux de France après avoir notamment sorti Carlos Moya. Pris par l'enjeu, Agassi rate complètement son début de match. Crispé, incapable de tenir l'échange, il est baladé par Medvedev qui ne concède que trois jeux dans les deux premiers sets. Au milieu de la troisième manche, l'Américain se met subitement à accélérer. Il écourte les échanges et multiplie les coups gagnants dès le deuxième ou troisième coup de raquette. Dans le même temps, l'Ukrainien sent qu'il a peut-être laissé passer sa chance et commence à commettre des fautes. Agassi tient enfin son Roland Garros. Il est le premier joueur depuis Rod Laver à remporter les quatre tournois du Grand Chelem. Le soir de sa défaite, Medvedev ira noyer son chagrin dans la vodka.

 

 

Youzhny – Mathieu, finale de la Coupe Davis par BNP Paribas 2002 : 3-6 / 2-6 / 6-3 / 7-5 / 6-4

 

Cette défaite, Paul-Henri Mathieu ne s'en est jamais vraiment remis. En 2002, la France affronte la Russie en finale de la Coupe Davis par BNP Paribas à Bercy. A 2-2, Guy Forget envoie le jeune Paul-Henri Mathieu disputer le point décisif face à Mikhail Youzhny. PHM, 20 ans, est en pleine confiance. Il vient de réussir la meilleure saison de sa carrière avec, notamment, un huitième de finale à Roland Garros et une défaite en cinq sets contre Agassi. Son début de match est parfait. Agressif, il multiplie les coups gagnants grâce à son coup droit dévastateur et prend le large. La perte du troisième set ne le déconcentre pas, au contraire puisqu'il breake son adversaire dans la manche suivante. Mathieu mène même 5-4, 30A sur son service. La victoire n'est plus qu'à deux points, mais elle lui échappe. Le bras du Français tremble au moment de conclure et Youzhny s'infiltre dans la brèche. Revenu à égalité, le Russe réussit rapidement le break pour ne plus le lâcher. La Russie remporte la Coupe Davis par BNP Paribas et PHM s'effondre sur sa chaise.

 

 

Gaudio – Coria, finale de Roland Garros 2004 : 0-6 / 3-6 / 6-4 / 6-1 / 8-6

 

Dans l'histoire de Roland Garros, seuls deux joueurs ont remporté la finale en sauvant deux balles de match : René Lacoste face à Bill Tilden en 1927, et Gaston Gaudio face à Guillermo Coria en 2004. Une finale particulièrement étrange. Gaudio passe complètement à côté des deux premiers sets que Coria remporte en à peine une heure. Jusqu'à 4-3 dans la troisième manche, le numéro 3 mondial est sur un nuage. Mais tout s'effondre. Après avoir cédé le troisième set, il s'écroule. Se plaignant de crampes, il ne court plus et laisse filer la quatrième manche. Comme par magie, Coria retrouve ses jambes dans le set décisif et breake Gaudio pour mener 4-3, service à suivre. Mais son irrégularité permet à son adversaire de revenir pour finalement s'imposer 8-6 au terme d'un match incroyable de suspense mais d'un niveau de jeu extrêmement faible.

 

 

Murray - Gasquet, huitième de finale de Wimbledon 2008 : 5-7 / 3-6 / 7-6 / 6-2 / 6-4

 

Gasquet et les matches en cinq sets, c'est une histoire douloureuse. Trois fois, le Français a mené 2-0 avant de se faire reprendre et de perdre. Deux fois contre le seul Andy Murray. La première, en huitième de finale de Wimbledon en 2008. Gasquet régale pendant deux sets face au chouchou du public. Il sert même pour le match à 5-4 dans la troisième manche. Mais le petit prince du tennis français, qui sera plus tard raillé pour son mental défaillant, flanche et laisse revenir Murray dans le tie-break. Fatigué, il perd logiquement les deux manches suivantes et le match. Le scénario se répète au premier tour de Roland Garros en 2010. De retour de blessure, Gasquet n'est pas du tout favori mais réussit une entame énorme pour mener deux manches à rien. Mais comme en 2008, il craque en fin de troisième set avant de s'écrouler physiquement face à Murray (4-6 / 6-7 / 6-4 / 6-2 / 6-1). Enfin, en 2013, Gasquet vit à nouveau ce cauchemar, cette fois contre Wawrinka en huitième de finale de Roland Garros. Perclus de crampes dans le dernier set, il s'accroche mais finit par céder face au Suisse (6-7 / 4-6 / 6-4 / 7-5 / 8-6). Une vilaine habitude pour Richie.

 

 

Tsonga – Federer, quart de finale de Wimbledon 2011 : 3-6 / 6-7 / 6-4 / 6-4 / 6-4

 

Nadal, Djokovic, Federer, Murray. Jo-Wilfried Tsonga les a tous battus au moins trois fois chacun. Mais sa plus belle victoire contre un des quatre meilleurs joueurs du monde reste probablement celle contre Roger Federer en quart de finale de Wimbledon en 2011. Car battre le roi Roger sur son gazon de Londres, qui plus est après avoir été mené deux sets à zéro, est un exploit unique. Dominé dans le premier set, le Français fait jeu égal avec le Suisse dans le deuxième mais s'incline au tie-break. Il doit attendre la troisième manche pour prendre la mise en jeu de son adversaire. De plus en plus précis au service et puissant en coup droit, il ne cède plus une seule fois son engagement. Moins rayonnant que par le passé, Federer est dépassé. Il perd son service d'entrée de cinquième set et ne trouve aucune solution pour renvoyer la première balle du Français qui s'impose sur un énième service gagnant. Jamais Federer n'avait perdu après avoir mené 2-0 en Grand Chelem. Renversant.

 

 

Mais aussi :

 

- Borg-Orantes, finale de Roland Garros, 1974 : 2-6 / 6-7 / 6-0 / 6-1 / 6-1

- Connors - Caujolle, deuxième tour Roland-Garros 1980 : 3-6 / 2-6 / 7-5 / 6-1 / 6-1 (Caujolle menait 5-2 dans le 3ème set)

- Connors - Patrick McEnroe, premier tour US Open 1991 : 4-6 / 6-7 / 6-4 / 6-2 / 6-4 (au troisième set, il était mené 3-0 et 0-40).

- Capriati - Hingis, finale Open d'Australie 2002 : 4-6 / 7-6 / 6-2 (Hingis menait 4-0 dans le 2ème set)

- Federer - Nadal, finale du Masters de Miami 2005 : 2-6 / 6-7 / 7-6 / 6-3 / 6-1 (Nadal mène 4-1 double break dans le 3ème, et 5-2 au tie-break)

- Federer - Haas, huitième de finale Roland Garros 2009 : 6-7 / 5-7 / 6-4 / 6-0 / 6-2 (balle de break à 4-3 dans le troisième pour Haas, sauvé par un coup droit décroisé sur la ligne de Roger).

 

Par Quentin Moynet

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