Pourquoi le tennis est le sport féminin numéro un ?

30 janv. 2014 à 00:00:00

Pourquoi le tennis est le sport numéro 1 chez les filles alors que c’est le foot chez les garçons ? Le Mag tente d’y répondre dans sa Question de la semaine, à l’aide de deux spécialistes, et de la jupe de Kournikova.

Le constat est évident : pour vivre confortablement de son talent sportif, il vaut clairement mieux faire du tennis que du football lorsqu’on est une fille. Pourquoi ? Parce que Anna Kournikova en jupe, et quelques autres explications…

 

N’en déplaise à Gilles Simon, depuis 2007, les dotations financières sont identiques pour les hommes comme pour les femmes lors des tournois du Grand Chelem, faisant du tennis un cas unique. Bien malin celui qui peut citer un autre sport pratiquant la parité, tant en termes de couverture médiatique que de cachets perçus par les sportifs. Encore plus rares sont les disciplines permettant aux athlètes féminines d’engranger de tels revenus. L’explication ? S’il est toujours distancé par l’équitation en France en termes de licenciées, le tennis est bel et bien le premier sport féminin diffusé au monde. Selon Fabienne Broucaret, auteure d’un ouvrage sur le sport féminin intitulé Le Sport, Dernier Bastion du Sexisme ?, le calendrier joue un rôle primordial dans la médiatisation des performances des joueuses : « D’une part, les compétitions se déroulent toute l’année, à la différence d’autres disciplines où les grandes échéances se résument aux Jeux Olympiques. D’autre part, les grands tournois ont lieu en même temps que les tournois hommes, ce qui n’est pas le cas dans les sports collectifs. Cela permet aux femmes de bénéficier de l’exposition de leurs confrères par ricochet. » La popularité des joueuses se mesure également sur le Web, où elles ont pris l’habitude d’être très actives. Sharapova cumule par exemple 11 millions de fans sur Facebook.

 

Egalité homme-femme et soap-opera

 

Extrêmement pratiqué par les jeunes Américaines, le tennis bénéficie en outre de la politique de promotion à grande échelle menée par son instance reine, la WTA, basée… aux Etats-Unis. Les organisateurs de l’US Open sont d’ailleurs les premiers à avoir fait le choix, dès 1973, de l’égalité salariale hommes-femmes, soit 27 ans avant que les Australiens ne leur emboîtent le pas. « La WTA a envisagé notre sport comme un produit marketing, en accentuant le côté spectacle et avec un certains sens de la mise en scène, notamment au niveau des tenues. Je me souviens du président de la WTA qui comparait la saison de tennis à un soap-opera », note Sarah Pitkowski, joueuse française retraitée des courts depuis 2001 et qui tient aujourd’hui une agence de relations presse spécialisée dans le sport.

 

« Un ‘bon produit’, qui flattait l’œil »

 

Les instances du tennis ont donc agi tels des agents commerciaux en organisant la starification de certaines vedettes, quitte à mettre davantage en valeur le côté glamour que les réelles performances sportives. Mais peut-on vraiment leur reprocher ? « On a constaté un désintérêt du public lorsque Sharapova était blessée et éloignée des cours. Pour que le tennis féminin suscite l’intérêt, il a besoin de figures charismatiques », explique Sarah Pitkowski. Pour ceux qui veulent absolument dater ce virage, l’élément déclencheur pourrait être l’éclosion et la starification d’Anna Kournikova dans les années 90. « Il y a clairement eu un avant et un après Kournikova. Elle a vraiment participé à l’essor du tennis féminin », insiste Sarah Pitkowski. Bien qu’elle n’ait jamais gagné de titre, la Russe a été mise en avant par les institutions. Régulièrement programmée sur les grands courts, la compagne d’Enrique Iglesias voyait également ses matchs davantage rediffusés que les autres. Il faut croire que son minois et ses tenues étaient des éléments suffisamment attractifs pour les sponsors. « La WTA la considérait comme un ‘bon produit’, qui flattait l’œil. On nous disait : “Elle fait vendre des tickets… ”», se rappelle Pitkowski. Aujourd’hui, c’est sa compatriote Sharapova qui a pris le relais, avec pour elle un palmarès bien supérieur. « Il est évident qu’en plus de leurs performances, le physique des joueuses plaît aux publicitaires. Sharapova compte des sponsors qui vont bien au-delà du domaine de l’équipement sportif », ajoute Fabienne Broucaret. Ainsi, on s’aperçoit que dans les traditionnels classements répertoriant les sportifs les mieux rétribués, les joueuses de tennis de premier plan gagnent autant voire plus grâce au sponsoring que via leurs résultats sur le circuit. CQFD.

 

Par Marc Hervez

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