S’il est souvent avare en mots face aux journalistes, David Ferrer adore les voir défiler sous ses yeux. Féru de lecture, l’Espagnol a toujours un livre dans sa valise. A l’heure d’affronter les sept meilleurs joueurs de l’année à l’occasion des Masters de Londres, le n°3 mondial a ouvert pour We Are Tennis les portes de sa bibliothèque. Pas de citations, mais des phrases directes et concises.
Quel type de lecteur es-tu ? Tu lis vraiment autant que ta réputation le dit ?
Je ne sais pas quelle réputation j’ai, mais je suis plutôt bon lecteur : je mets entre une semaine et dix jours pour terminer un livre.
Tu as toujours aimé lire ou c’est venu avec les voyages et les heures passées à attendre pendant les tournois ?
Non, c’est depuis tout petit. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu ces deux passions : le sport et la lecture. Quand je n’étais pas en train de jouer au foot, au tennis ou au padel (sport de raquettes dérivé du tennis, ndlr), c’est que j’étais assis quelque part avec un livre.
Quels sont tes genres de prédilection ?
J’aime lire de tout, mais tout particulièrement des biographies ou des livres historiques. Mes romanciers préférés sont Arturo Perez-Reverte et Ildefonso Falcones, deux auteurs espagnols. Avec une préférence particulière pour Perez-Reverte, dont je ne dois pas être loin d’avoir lu tous les ouvrages.
Le livre que tu lis en ce moment ?
Du Perez-Reverte, justement. Je suis en train de commencer son dernier roman, « El tango de la guardia vieja » (« Le tango de la vieille garde », ndlr).
Qu’est-ce qui te plaît tellement chez lui ?
J’aime sa façon d’imbriquer ses récits dans l’histoire de l’Espagne. Qu’il parle de cape et d’épée dans le « Capitaine Alatriste » ou du début du XXe siècle dans le « Maître d’escrime », il donne du corps à l’histoire du pays. Et ses personnages sont toujours très justes également.
Le livre qui t’a remué ces derniers mois ?
« El arte de no amargarse la vida », (« L’art de ne pas se compliquer la vie », ndlr), un livre d’aide au développement personnel écrit par Rafael Santandreu, un psychologue. C’était à New York, l’an dernier. Il n’arrêtait pas de pleuvoir et l’US Open était complètement perturbé. Nous passions notre temps au Player’s lounge, à attendre l’annonce disant que nous avions une demi-heure à jouer avant la prochaine averse. C’était assez pénible. Ce livre m’a aidé à relativiser l’attente, le stress, l’anxiété… Bref, à admettre le fait que l’on n’y pouvait rien. Il y a des choses sur lesquelles on n’a aucun contrôle et il faut l’accepter. Ce n’est pas toujours facile car en tant que tennisman, on voudrait au contraire tout contrôler, toujours bien jouer, toujours être au top physiquement et mentalement… Mais non. Il faut accepter de ne pas avoir toutes les cartes en main et se concentrer sur les choses sur lesquelles nous avons prise.
Et au niveau du sport, tu t’intéresses à l’exercice imposé des biographies des légendes du tennis ou d’autres disciplines ?
J’avais bien aimé le livre « Mourinho versus Guardiola », de Juan Carlos Cubeiro et Leonor Gallardo. Il expliquait bien comment tous deux (alors respectivement entraîneurs du Real Madrid et du FC Barcelone, ndlr) avaient choisi des styles et des méthodes différents dans le même but du succès.
Toi tu es plutôt Mourinho ou Guardiola ?
Guardiola. J’admire sa façon d’être et sa vision du football.
Et tu as lu l’autobiographie de ton ami Rafael Nadal ?
Oui, et je la conseille à tous les jeunes qui veulent aller loin dans le sport. J’aimerais aussi que Roger Federer écrive la sienne et y explique comment il fait pour toujours rester imperturbable sur le court, en toutes circonstances.
Et toi, tu comptes en écrire une un jour ?
Je ne crois pas. (Sourire). Je ne suis qu’un joueur de tennis, un type sans histoires intéressantes à raconter.