Dans la famille Hewitt, je demande le fils : Cruz

16 sept. 2024 à 15:00:23 | par Eli Weinstein

La Coupe Davis a eu lieu la semaine dernière dans quatre lieux différents. En Espagne, à Valence, la France figurait dans la poule du pays hôte, de la République tchèque et de l’Australie. Chez cette dernière, il existe une tradition, celle de toujours intégrer un jeune espoir dans le groupe. Cette année, il s’agissait de Cruz Hewitt.

Il existe une tradition australienne pour les rassemblements de Coupe Davis : celle d’avoir dans ses bagages, systématiquement, un jeune, voire très jeune, dans le rôle de sparring-partner. Evidemment, la présence de cet espoir n’a pas comme seule vocation pour lui de renvoyer la balle, mais aussi d’être au contact des champions et de goûter à la crème de la crème. Un peu comme un stage d’observation pour les élèves de 3e.

Cette année, le capitaine australien, Lleyton Hewitt, n’a pas dérogé à la règle. Effectivement, pour ceux d’entre vous qui ont regardé un peu la Coupe Davis à la télé, ou pour les plus chanceux qui se trouvaient sur place à Valence, vous avez sans doute remarqué une (très) jeune tête blonde sur le banc des « Green and Gold ».

Il lâche un « come on » qui rappelle forcément quelqu’un

En regardant celui-ci avec un peu plus d’attention, je me souviens m'être fait la réflexion suivante : « Tiens, il a l’air très jeune lui, mais il me fait penser à quelqu’un. » Puis, tandis que la réalisation s’attardait sur lui, alors qu’il était simple sparring, je me suis dit qu’il y avait forcément un truc. J’ai immédiatement vérifié et mon soupçon a été validé. Il s’agissait bien de Cruz Hewitt, fils de Lleyton.

C’est une chose de donner sa chance à un petit jeune, mais c’en est une autre de faire appel à son fils. Le statut de « fils de » n’est jamais simple à porter. Il peut même être pesant, voire carrément handicapant. A contrario, il peut aussi bien fonctionner, car il ouvre des portes qui, parfois, sont difficiles à déverrouiller. Il vous met un pied dans le système, mais derrière, vous êtes scruté de près. D’où les gros plans incessants de la réalisation espagnole !

Alors, qui est ce Cruz Hewitt ? Il est donc le fils de Lleyton et Rebecca, et non pas de Kim Clijsters comme auraient pu le penser certains. Il est né le 11 décembre 2008 et n’a que quinze ans. Physiquement, il porte la tignasse blonde de ses parents. En revanche, il est un peu.plus élancé que ne l’était Lleyton de son temps.

Son jeu est fortement inspiré de celui de son père qui a, bien évidemment, été son héros tennistique. Tu m’étonnes ! C’est un garçon qui tape la balle assez fort pour son âge. Comme son père, il privilégie le jeu du fond du court et le physique. Droitier, revers à deux mains et un coup droit fort avec une préparation très courte permettant de masquer la trajectoire de la balle. Et puis, lorsqu’il remporte un point « important », il lâche un « come on » qui rappelle forcément quelqu’un.

Arrivera un moment où Cruz devra se faire son propre nom

En termes de résultats, Cruz n’est pas non plus extraordinaire, mais comme je vous le disais plus haut, il n’a que quinze ans. Cette année, il a obtenu une wild card pour le simple garçons à l’Open d’Australie, un tournoi qu’il pourra encore disputer en 2025 et 2026. Il y a affronté la tête de série numéro 6 et s’est incliné en deux sets, sur le court numéro 3, celui-là même où son père avait fait ses débuts dans le Grand Chelem australien. Non, ce n’était pas une coïncidence, mais bien une volonté de Tennis Australia. Après cette défaite, Cruz n’a pas souhaité se présenter devant la presse. Là aussi, ça rappelle quelqu’un. Mais on ne va pas lui jeter la pierre, d'autant que c’était peut-être une volonté de Tennis Australia de ne pas le mettre trop vite sous les feux de la rampe.

Sur le circuit ITF juniors, il a déjà remporté six titres, dont deux J200 en début d’année à Sydney, et est aujourd’hui classé 116e à l'ITF juniors, ce qui, comme de bien entendu, est son meilleur classement à ce jour, sachant qu’il était 201e à Melbourne en début d’année.

Son papa va pouvoir l’accompagner autant que faire se peut, mais arrivera un moment où Cruz devra se faire son propre nom, de manière à ce que les journalistes cessent la comparaison inévitable (comme je le fais depuis le début de ce papier).

La question est de savoir quel type de carrière de « fils de » il va maintenant avoir. Sera-t-il un Ben Shelton, un Casper Ruud ? Ou bien aura-t-il plutôt une trajectoire à la Léo Borg qui, certes, progresse, mais n’y arrive toujours pas vraiment.

Pour rappel, sa mission - non officielle - qui est de faire oublier son père n’est pas simple, vu que ce dernier a remporté deux tournois du Grand Chelem et qu'il reste, pour l’instant, le deuxième plus jeune numéro 1 de l’histoire après avoir été détrôné récemment par un certain… Carlos Alcaraz.  Ce qui est certain, c'est que si Cruz y parvient, il aura alors réussi, quoi qu’il arrive, une grande carrière. C’est tout le mal que je lui souhaite.

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