Le jeune Américain Taylor Fritz fait son entrée ce lundi dans le top 100. À 18 ans et 3 mois, le fils d’Harry Fritz (classé furtivement dans le top 200 en 1980) fait mieux que papa, emboitant le pas sur Bruguera, Dolgopolov ou Zverev, autres « fils de » ayant largement dépassé la notoriété du paternel. L’occasion de recenser les plus célèbres « fils de » du tennis mondial.
Emilio Gomez, fils d’Andres
Emilio Gomez a vu le jour en novembre 1991, quand son père Andres nageait encore dans l’euphorie de sa victoire « culte » à Roland-Garros, quand, le 10 juin 1990, de son subtil bras gauche, il coiffe au poteau le jeune et encore chevelu Andre Agassi (qui fera croire 20 ans plus tard dans sa bio Open qu’il a surtout perdu cette finale à cause de sa perruque mal fixée). Du French Open, le fils d’Andres ne connait lui pour l’instant que les courts annexes et l’enfer des qualifs… Car à 24 ans, l’Equatorien flotte toujours au-delà de la 300è place mondiale. De quoi se faire quelques cheveux blancs !
Sandon Stolle, fils de Fred
La fiche Wikipédia de l’Australien indique qu’il a été dans le Top 100 en même temps que son père. C’est évidemment faux puisque Sandon n’avait que 12 ans en 1982, l’année où Fred, vainqueur à Roland-Garros en 1965, a fait ses adieux. Titré en double à l’US Open en 1998 et 50è mondial en simple un an plus tôt, Sandon est toujours resté le moins connu des deux Stolle. Il faut dire qu’après sa carrière de joueur, Fred est devenu l’un des plus fameux consultants de la chaîne américaine CBS, sur laquelle il a d’ailleurs commenté des matches… de son fils.
Miloslav Mecir Jr, fils de Miloslav
Contrairement à Gomez, Mecir n’a pas remporté de Grand Chelem, mais l’héritage de cet ancien finaliste de l’US Open (1986) et de l’Open d’Australie (1989) est sans nul doute encore plus lourd à porter. Personnage déroutant capable de ne parler que de pêche en conférence de presse ou de balancer des cloches à 10 mètres de haut pour écœurer le patron de l’époque, Ivan Lendl, Mecir, artiste complet, reste de loin le meilleur joueur de la famille. C’est lui-même qui le dit : « Tout le monde dit qu’il a un style comparable au mien. Il s’est consacré au tennis pendant quelques années (169è mondial en 2014, ndlr), mais il n’était pas assez bon. Donc, aujourd’hui, il a repris les études en parallèle. »
Alexandr Dolgopolov Jr, fils d’Olekandr
Le prénom du père (504è mondial en 1986) et du fils se ressemblent comme deux balles de tennis, et c’est d’ailleurs suite à une confusion faite au moment d’établir les passeports qu’Alex a été affublé ad vitam d’un « Jr » après son nom. Deux lettres qui lui vont plutôt bien car « Dolgo » est un vrai enfant de la balle : son père a entraîné Andreï Medvedev début 90, quand celui-ci était Top 10. Ce qui lui a permis, quand d’autres tapent leurs premières balles avec leurs parents ou un prof classé 3è série, de commencer avec Andreï. Ou encore avec Muster ou Rosset…
Taylor Dent, fils de Phil et de Betty Ann Stuart
Capable se servir à 240 km/h, cet énorme serveur au jeu hargneux et vainqueur de quatre tournois ATP s’est arrêté en 2005 à deux échelons du meilleur classement de son père, classé 19è en 1978. Plutôt du genre sanguin, Taylor est en revanche resté bien loin des délires sadiques du père. Exemple à Melbourne en 1982 quand Phil Dent bizute Guy Forget en poussant des cris sur les smashs du jeune Français… Phil est aussi connu pour avoir donné, au rayon des répliques cultes du sport, cette citation : « J’ai peut-être une barbe, mais je ne suis pas le père Noël ».
Edouard Roger-Vasselin, fils de Christophe
À Roland-Garros, Edouard n’a pas fait aussi bien que son papa en simple (demi-finaliste en 1983), mais il a remporté l’épreuve de double (avec Julien Benneteau en 2014), ce qui est largement suffisant pour se faire un prénom. S’il est né quelques mois après l’exploit paternel, Edouard sait très bien que Christophe avait battu le numéro 1 mondial Jimmy Connors en quart de finale grâce à son chip de revers, vicieux à mort. C’est d’ailleurs avec la même tactique qu’il a signé sa meilleure perf, en 2009 à Tokyo, contre Juan Martin Del Potro. « Au téléphone, mon père m’a dit un truc : ‘Essaie le slice court sur le coup droit de Del Potro, il peut rater.’ » Toujours écouter son père.
Alexander Jr et Mischa Zverev, fils d’Alexander Zverev
Alexander Zverev aurait sans doute fait une meilleure carrière au début des années 80 s’il n’avait pas été autant contraint par l’ex-URSS. À son époque, la Fédé russe prenait tout le prize money de ses joueurs et il était quasiment impossible pour un Soviétique de mener la vie normale d’un joueur du circuit. Il se rattrape donc aujourd’hui en entraînant ses deux fils, Mischa (ex-top 50) et Alexander (grand espoir du tennis mondial). Précisons que la « pauvre » Natasha Zvereva, restée célèbre pour avoir été martyrisée 6/0 6/0 par Steffi Graf en finale de Roland-Garros en 1988, n’est pas de la famille...
Bob and Mike Bryan, fils de Kathy Blake
La paire de double la plus titrée de l’histoire du tennis doit beaucoup à maman Bryan, née Kathy Blake, devenue prof de tennis après avoir embrassé une carrière de joueuse (elle est dans le tableau des qualifications de Roland-Garros en 1972). Elle a eu la bonne idée d’initier très vite ses jumeaux au double, soucieuse de ne pas les voir jouer l’un contre l’autre. On connaît la suite…
Sergi Bruguera, fils de Luis
Dans les années 70 et 80, deux anciens joueurs reconvertis dans le coaching ont largement contribué à redonner une impulsion à un tennis espagnol alors moribond. Il s’agit de Pato Alvarez, l’homme qui a débusqué la famille Sanchez, et donc de Luis Bruguera, qui s’est occupé notamment de Fernando Luna et de Juan Aguilera avant de former une équipe redoutable avec son fils, Sergi. En 1993 et 1994, celui-ci réalise le rêve que son père a fait lui-même secrètement en début de carrière : gagner Roland-Garros. Il est certain que sans cette seconde vie, Luis Bruguera, dont le fait d’arme le plus probant Porte d’Auteuil en tant que joueur est d’avoir atteint le deuxième tour des qualifications en 1972, n’aurait pas la même notoriété aujourd’hui.