Malin comme Novak Djokovic

20 nov. 2023 à 15:37:01 | par Eli Weinstein

Novak Djokovic a remporté hier, dimanche 19 novembre, son 7e Masters en dominant en finale Jannik Sinner. Face au joueur contre lequel il avait perdu en poule de ces ATP Finals, le Serbe a tout modifié pour, cette fois, avoir le sourire à la fin du match.

Avant même de rentrer dans l’analyse de cette finale des ATP Finals, il faut évidemment tirer un énorme coup de chapeau à Novak Djokovic, qui a soulevé son 7e trophée du Masters, en dominant l’Italien Jannik Sinner, pourtant devant son public, à Turin. En réussissant cet exploit, car c'en est bien un, le meilleur joueur de tous les temps (il n’y a plus aucun doute) devient seul recordman des titres dans cette compétition, en dépassant Roger Federer après l’avoir égalé avec six titres l’an dernier. 

Durant sa semaine piémontaise, Djokovic s’est aussi assuré de terminer l’année numéro 1 pour la huitième fois de sa carrière. Là aussi, le Serbe écrit l’histoire. En effet, en décrochant ce titre honorifique, « Nole » égalise le record de Steffi Graf. « Masculinairement » (et hop, inventage de mot !) parlant, Novak est seul au monde dans cette catégorie.
Le plus près, Pete Sampras est à six. Et dans la liste complète, il n’y a que trois joueurs encore en activité : Rafael Nadal est à cinq (autant dire qu’il ne rattrapera jamais son meilleur ennemi), Andy Murray est à un (no comment), tout comme Carlos Alcaraz (pour lui, c’est jouable, mais la route est encore longue et le record de Novak tiendra au moins jusqu’en 2030 !).
Mais recentrons-nous sur la finale des ATP Finals 2023 entre Novak Djokovic et Jannik Sinner. Et surtout sur la façon dont Novak Djokovic est passé d'une défaite en trois sets, en plus de trois heures de match, face à Sinner en poule, à une victoire sans appel 6-3 6-3 en 1h43.

Clairement, si Novak voulait inverser la tendance par rapport à leur match de poule, il fallait qu’il fasse évoluer la tactique. Revenir et recommencer la même était bien trop risqué face à un Jannik Sinner au sommet de son art et bénéficiant d’un soutien inconditionnel, qui plus est à l’italienne, ce qui peut avoir tendance à agacer (et surtout Novak Djokovic, comme on a pu le voir plus tôt dans la semaine).

A l’occasion de leur match de poule, Novak Djokovic, avait, comme il en a l’habitude, opté pour un bras de fer dans la diagonale de revers. Durant ce match, le numéro 1 mondial a frappé 161 revers contre 145 coups droit. Hier, durant la finale, la stat s’est équilibrée, avec 98 coups droits effectués contre 99 revers. Que nous disent ces chiffres ? Très simple, Novak Djokovic, en frappant nettement plus de coups droits, avait clairement décidé de prendre le jeu beaucoup plus à son compte. Il l’a d’ailleurs confirmé en conférence de presse d’après-match : « Je devais gagner le match et non pas attendre qu’il me le donne, a-t-il expliqué. Je pense avoir tactiquement joué différemment aujourd’hui, par rapport à ce que j’avais fait en poule face à Jannik. »

Je confirme. Le bras de fer du fond est resté, mais il a changé de côté. En plus de frapper des coups droits, Novak s’est aussi appliqué à y mettre de la vitesse. On n’était pas dans un concours de « pousse baballe ». En début de match, les coups droits du GOAT étaient frappés en moyenne à près de 140 km/h. Cette intensité forçait Sinner à défendre et, fatalement, à commettre des fautes. A l’issue du premier set, la stat flagrante était celle des points gagnés du fond du court avec 65% pour Novak contre un petit 33% pour Jannik.

Novak Djokovic a tout fait pour ne pas se faire enfermer dans la « diag » de revers, comme cela avait été le cas durant leur confrontation précédente en poule. C’est pourquoi vous avez souvent vu le Serbe tourner autour de son revers du côté des avantages pour lâcher un énième coup droit. Il l’a fait précisément 17 fois, sans jamais aller à la faute.

La suite logique de ce « game plan » dominateur était le service. Celui du Serbe s’est avéré particulièrement efficace avec 29 points gagnés sur 32 premières balles, soit 91% de succès derrière sa mise en jeu au premier service. A titre comparatif, lors du match de poule, perdu par le Serbe, ce même pourcentage était à 81%, soit 10 points de moins ! C’est beaucoup à ce niveau.

En arrivant avec un schéma de jeu ultra offensif, Novak Djokovic a clairement pris son adversaire à la gorge et l’a empêché de rentrer dans un marathon du fond en revers, clairement à l’avantage de l’Italien. On peut en déduire que Novak est un peu moins solide physiquement sur la durée que ne peut l'être un joueur qui est de 14 ans son cadet. Ok, normal. Mais on peut surtout en déduire que Djokovic a plus d’une corde à son arc et, surtout, qu'il a la science infuse du tennis. 

Pour la petite histoire, après sa demie remportée - facilement aussi - face à Carlos Alcaraz, Novak Djokovic avait longuement expliqué pourquoi Jannik Sinner était l’immense favori de cette finale…

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