Gilles Simon a ressorti une vieille rengaine à Wimbledon. Le gentil Français a avoué ne pas comprendre pourquoi les filles étaient aussi bien payées que les mecs. Des propos tenus 500 fois depuis la guerre.
1 : « Le tennis féminin, c’est de la merde ».
Sujet, verbe, complément. Jamais de métaphore avec lui. Pat Cash, l’homme qui avait balancé aux journalistes « J’ai mes règles » pour expliquer une sévère défaite contre Edberg en Australie, a toujours été clair. Spécialement sur le tennis féminin.
2 : « 80 des 100 meilleures joueuses du monde sont des truies. Elles ne devraient pas avoir accès au centre court »
L’opération kamikaze de Richard Krajicek à Wimbledon en 1992 avait vraiment de l’allure. L’imberbe aux cheveux en pics passait jusqu’alors pour le gendre idéal. Puis il a tout fait sauter sur un coup de tête en conf’ de presse. Evidemment, Navratilova, « chef » des filles, a tout de suite réagi. Le Néerlandais de surenchérir. « Je retire tout ce que j’ai dit. Seulement 75% des joueuses sont des truies ».
3 : « C’est la nervosité des femmes qui rend le jeu de mixte si instable »
Ni ironie ni provocation dans cette réflexion faite à la sortie du court par Henri Cochet après une défaite en mixte à Roland-Garros en 1933. Mais à l’époque, ça passe. Le célèbre mousquetaire venait pourtant de dire qu’on ne pouvait pas compter sur une femme quand elle avait une raquette en main…
4 : « Aujourd’hui j’ai tellement mal joué que je n’aurai même pas gagné le simple dames ! »
John McEnroe sur son terrain fétiche : la différence de niveau entre les hommes et les femmes. On pourrait faire tout un recueil rien qu’avec les conférences de presse de l’Américain. Mais là, sa défaite contre Wally Masur dès le deuxième tour à Wimbledon en 1988 l’avait visiblement encore plus inspiré que d’habitude. Simple blagounette ? Dans la forme oui, mais pas sur le fond. Au début des années 2000, à 40 ans passés, McEnroe avait défié les sœurs Williams. Sûr de lui, il voulait prouver au monde entier la supériorité absolue de l’homme sur un court de tennis. Mais la rencontre n’a jamais eu lieu. Qui s’est dégonflé en premier ? On n’a jamais su …
?
5 : « Je bats la meilleure des joueuses »
A priori, rien de bien méchant. Sauf que Bobby Riggs est âgé de 55 piges quand il claironne cette nouvelle provocation et que nous sommes début 70, en pleine montée du féminisme… Contrairement à McEnroe, sa boutade s’est terminée par une explication raquette en main en 1973. Il commence par écraser Margaret Court, meilleure joueuse du monde. Puis la militante Billie-Jean King s’en est mêlée. Celle-ci vengera sa gente à Houston en battant Riggs devant 30.000 spectateurs - un record - et 50 millions de téléspectateurs. Qu’importe le mauvais goût du show (King était arrivée sur un trône, Ndlr), le buzz est énorme. On dit même que c’est ce simple mixte qui mit le tennis féminin sur les rails : cette même année était créée le circuit féminin, la WTA.
6 : « Si je devais choisir à la télévision entre un vieux film et un match de tennis féminin, il faudrait que le film soit vraiment très mauvais pour que je choisisse le tennis »
Brian Gottfried doit sûrement être abonné aux meilleures chaînes de cinéma car après cette petite pique de 1978, on ne la plus jamais réentendu parler de tennis féminin …
7 : « Il arrive que je regarde un match de femmes, mais il faut vraiment que je n’ai rien d’autre à foutre »
Ça sonne comme une réplique de série B. Pourtant, Eddie Dibbs, droitier américain des années 70, a préféré le tennis à une carrière de dialoguiste. Comme la plupart des autres bijoux de ce top 10, elle a été prononcée à Wimbledon, temple du tennis où toute dérive est encore plus « shocking » qu’ailleurs.
8 : « Je ne connais aucune femme qui comprenne le jeu masculin, les matches d'hommes devraient être commentés par des spécialistes du jeu masculin et non par des gens qui sont là pour faire de l'audience et vendre du Perrier »
Cette pure méchanceté signée John McEnroe était indirectement adressée à l’ancienne joueuse Mary Carillo, commentatrice concurrente à la télévision américaine. Carillo est pourtant la fille avec qui McEnroe avait gagné le mixte à Roland-Garros en 1977 lors de son premier séjour en Europe. D’où une certaine forme de dépit dans sa réponse : « Je savais que John avait ce genre d'opinion sur les femmes, mais ce qu'il déclare ne vole pas plus haut qu'une discussion de vestiaire ». Big Mac ne faisait pourtant qu’être fidèle à son crédo, qui l’avait fait dire un jour : « Il y a le tennis féminin et le tennis masculin. Ce sont deux sports différents ».
9 : « Il m’est arrivé de somnoler pendant un match de femmes. Les femmes c’est effrayant, c’est lent, c’est long, c’est lancinant »
Un spectateur lambda peut dire ça si ça l’amuse. Un arbitre moins. Or là, c’est le mythique juge de chaise de Roland-Garros qui parle, Eugène de Kermadec. Apprécié de tous, artiste peintre à ses heures, un intouchable … La claque ! « Un arbitre doit pouvoir se passionner pour la partie qu’il juge. Avec les femmes, c’est rarement le cas. En revanche, elles sont plus faciles à mener, elles sont plus aimables ». Misogyne donc, et macho.
10 : « Il n’y a aucune raison pour qu’elles soient payées autant que nous car c’est nous qui faisons le spectacle »
Gilles Simon n’a rien inventé. Il a juste repris les propos de John Newcombe il y a 40 ans. A l’époque, pas de polémique. Pouvait-on aller plus loin dans les années 70 ? Il faut dire que, contrairement à Simon, John Newcombe gagnait régulièrement des tournois de Grand Chelem …
Par Julien Pichené