Olivier Mutis, le mutin anti-Nadal

13 juin 2023 à 06:00:00 | par Florian Cadu

Rafael Nadal
Aujourd’hui encore, un seul Français a réussi l’exploit de battre Rafael Nadal sur terre battue : Olivier Mutis. C’était en septembre 2004, à Palerme. Retour sur cette victoire mémorable qui ne sera peut-être jamais imitée, entre cigarettes et pilonnage de revers.

Deux premiers tours à l’Open d’Australie, deux premiers tours à l’US Open, un seul tableau principal à Wimbledon, quelques tours passés à Roland Garros au début des années 2000 : voilà le bilan de la vie d’Olivier Mutis en Grand Chelem. Le Français, né en février 1978, n’a, de plus, jamais remporté le moindre titre - il a tout de même raflé sept titres sur le circuit Challenger entre 1997 et 2004 - ou disputé la moindre finale sur le circuit ATP. Son meilleur classement ? 71e, en juillet 2003. Et pourtant. Oui, pourtant, Mutis est bien un type qui a sa place dans les livres d’histoire du tennis et ce grâce à un authentique exploit : être toujours à ce jour le seul joueur français ayant réussi à battre Rafael Nadal sur terre battue. Un petit miracle réalisé le 27 septembre 2004, en Italie, lors des seizièmes de finale de l’ATP 250 de Palerme. 

À cette époque, le tournoi sicilien, né en 1971 et disparu en 2007, vit toujours. Par le passé, de nombreux grands noms du jeu - Thomas Muster, Sergi Bruguera, Mats Wilander, Guillermo Vilas, Bjorn Borg - sont même venus y savourer une coupe. Fin 2004, cependant, le tableau est plus ouvert, avec un Nicolas Massu, alors classé 11e joueur mondial, pour tête de série n°1 et un jeune Thomas Berdych sur la route de son premier titre ATP. On retrouve également d’autres vieilles connaissances : David Ferrer, Juan Monaco, Nikolay Davydenko, Fernando Verdasco… et un certain Rafael Nadal, heureux propriétaire d’une wild-card et qui a soufflé sa 18e bougie quelques mois plus tôt. L’Espagnol s’apprête à devenir le plus jeune vainqueur de l’histoire de la Coupe Davis - il dominera Andy Roddick en finale -, mais fait déjà forte impression depuis plusieurs mois. L’année 2004 l’a vu faire une finale à Auckland, passer deux tours à l’Open d’Australie, gratter son premier succès à Sopot, faire son entrée dans le top 50 et envoyer ses premiers mesages. À Palerme, il ouvre son parcours par une victoire sur Nicolas Almagro, puis vient Olivier Mutis, vainqueur d’Olivier Patience au premier tour. Alors, alors ? 

Alors, Mutis, tombeur surprise de Roddick au deuxième tour de Roland Garros au printemps, va éteindre la bougie naissante. Pas n’importe comment : 6-3, 6-2, 70 points gagnés à 54, trois balles de break converties sur cinq, sept sauvées. Le Français a marché sur un Nadal dépassé par l’approche aussi simple qu’efficace adoptée par son adversaire. À savoir : pilonner le revers du Majorquin et enchaîner les montées au filet. “J'avais un jeu qui pouvait embêter les Espagnols, a un jour rembobiné Mutis dans les colonnes de L’Équipe. Et ce jour-là, j'ai fait un très, très bon match. À l'époque, il y avait quelque chose à faire sur le revers de Nadal et sur ses deuxièmes balles. On pouvait l'agresser dans ces secteurs, car il avait encore du mal à ajuster ses passings, chose qu'il a travaillé ensuite. Un an après, ce n'était pas la même chose. Il était devenu impressionnant.” Même son de cloche pour 20 Minutes : “Ce n’était pas encore la Bête. Et moi j’étais chaud, quand même. Qui pouvait imaginer qu’il allait mettre des doudounes à tout le monde ? On savait qu’il serait top 10, mais de là à imaginer qu’il gagnerait tout…” En réalité, c’est peu après cette rencontre que la tornade a réellement débuté, Rafael Nadal soulevant son premier Roland quelques mois plus tard au bout de sa première participation.

Peu importe : Mutis, lui, est entré dans les mémoires et, bien qu’il ait raccroché en 2005, n’a jamais été imité. Sa légende n’est d’ailleurs pas que sportive, mais aussi liée à son hygiène de vie, Olivier Mutis ayant toujours été un bon vivant et s’autorisant quelques clopes pour décompresser. “J’ai lu un article où Toni Nadal récapitulait les défaites de son neveu sur terre. Il disait que Rafa avait perdu contre un joueur qui fumait des cigarettes. Bon, il avait dû me choper en train d’en fumer une. Ça m’arrivait de temps en temps…” Peut-être le secret pour que les choses changent chez les Bleus, après 34 matchs disputés et 80 sets perdus. 34-1, pour l’éternité. 

 

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