Félix Auger-Aliassime : les leçons à tirer après Indian Wells et Miami

C’est un bilan à moitié bon, mais c’est quand même un bon bilan. “Fichtre ! Qu’est-ce qu’il raconte ??”, vous ois-je vous questionner (oui, l’auteur de ces lignes vous imagine utiliser, comme lui, des mots bigrement désuets).  En arrivant aux États-Unis pour disputer Indian Wells et Miami, Félix Auger-Aliassime, actuel 6e du classement ATP, nourrissait des ambitions plus élevées que des éliminations en quart de finale - déjà un très bon résultat - et au troisième tour. Comme il l’a déjà dit, lorsqu’il est engagé dans un tournoi, son objectif est de le gagner. Mais, dépassant au passage les 18 000 points glanés pour le projet #FAAPOINTSFORCHANGE, il a fait nettement mieux que les deux années précédentes lors de ces deux Masters 1000, où n’avait pas dépassé le troisième tour et était tombé trois fois dès son entrée en lice.

Cette semaine, à Miami, son parcours a pris fin contre Francisco Cerúndolo, 6-2 7-5. Un Argentin à l’aise en Floride - toujours en course, opposé à Karen Khachanov en quart de finale - puisqu’il s’y était révélé l’an passé en atteignant les demi-finales en étant 103e mondial. “Je pense, c’est clair, qu’il (Félix Auger-Aliassime) n’a pas fait un grand match, mais j’ai vraiment bien joué, a déclaré le plus âgé des frangins Cerúndolo après la rencontre. C’est un grand serveur, l’une de ses meilleures armes. Je pense que j’ai bien lu son service, pour bien retourner, et que ça a été la clef du match.” Surtout, le 31e de la hiérarchie planétaire a su exploiter la panne de première balle de son adversaire.

Auger-Aliassime, en quête de plus de régularité en première balle

En difficulté sur son second service, seulement 29 % de points gagnés dans ce domaine au cours de ce match, FAA n’a pu s’appuyer pleinement sur le premier. S’il a remporté 79 % d’échanges derrière ce coup, il ne l’a passé que sur 54 % de ses tentatives. Un pourcentage un peu juste. Un gros bémol dans son jeu ces dernières semaines. Depuis son troisième tour, inclus, contre Grégoire Barrère à Rotterdam mi-févirier, il n’a atteint que deux fois la barre des 60 % et est tombé trois fois sous les 50 %. En 13 rencontres. Or, sur l’ensemble de l’année 2022, il affichait une moyenne de 64,67 % de premières balles mises en jeu. Et, de son match initial de l’année 2023 jusqu’à la veille de celui contre Barrère, il n’était jamais descendu sous les 60 %.

Or, le natif de Montréal est l’un des hommes les plus injouables derrière son meilleur engagement. Sur l’année 2022, il pointe en 7e position au pourcentage de points gagnés derrière son premier service, avec 77,09 %. Depuis le 1er janvier, même rang, avec 79,52 %. L’équation est donc simple, plus il passe de premières balles, plus le breaker tend vers le problème insoluble pour ses adversaires. Ses 86,26 % de jeux de services gagnés sur l’ensemble de l’année dernière - 7e total, encore - en attestent. Pour espérer vaincre les cadors du circuit et gagner son premier Masters 1000, voire un titre du Grand Chelem, il doit impérativement retrouver plus de régularité avec sa rampe de lancement. C’est sans doute l’une des leçons qu’il tire avant de débuter la saison sur terre battue. Et ce n’est pas la seule.

À Indian Wells, son aventure s’est arrêtée face à Carlos Alcaraz, futur vainqueur. S’il avait remporté ses trois duels précédents face à l’Espagnol - dont un sur abandon -, il s’est cette fois senti impuissant. “J’ai vu sa meilleure version aujourd’hui, avait-t-il expliqué lors de sa conférence de presse relayée par L’Équipe. Il aurait fallu que je sois exceptionnel pour gagner, que je fasse le match parfait. Il a joué en numéro 1 mondial. Je n’avais jamais affronté quelqu’un qui jouait de manière aussi agressive, si vite avec autant de réussite. Je n’avais aucun moment de répit. Dès que je faisais la moindre balle un peu neutre, je me faisais attaquer. Je me sentais toujours dans le rouge. Dans la tête, le physique, tout. (...) Sur le moment, c’est un peu décourageant."

“Dans l’optique d’essayer d’être numéro 1 mondial un jour, quand on y pense vraiment, c’est un grand défi”

“Sur certains coups, tu te dis : ‘Mais pourtant, ce point, je l’ai bien joué, j’ai frappé une bonne zone, je suis monté…’ Et Il te sort le lob parfait, le passing parfait ; tu es là : ‘Qu’est-ce que je dois faire pour gagner les points ?’", a-t-il ajouté. Mais pas de quoi le démotiver par rapport à ses ambitions. FAA n’est pas du genre à baisser les bras, mais plutôt à se retrousser les manches.”C’est un peu difficile à accepter sur le court, mais je vais laisser descendre l’émotion du match et voir avec mon équipe ce qu’on doit améliorer.” En ayant déjà quelques pistes. “J’ai l’habitude d’imposer une grosse intensité physique, mais là, la sienne était plus haute. Ça montre ce que je dois mieux faire.”

“Je dois être plus exigeant, élever mon niveau dans tous les domaines, a complété le Québécois. En coup droit, il frappe un peu plus fort que moi, il percute plus. En revers aussi ; être plus régulier, plus précis. Dans l’optique d’être numéro 1 mondial un jour, ce n’est pas rien. Quand on y pense vraiment, c’est un grand défi. Je vais essayer du mieux que je peux, on va voir si j’y parviens. Lui, c’est exceptionnel. (...) Il a déjà poussé tous les autres joueurs à élever leur niveau d'exigence. (...) Il a trois ans de moins que moi, il en est déjà là. Mais je vais accepter le défi pour essayer de rivaliser avec lui, Djokovic, Medvedev…”  Une ambition légitime pour un jeune homme de 22 ans déjà bien installé dans le top 10, et demi-finaliste de Grand Chelem. Un rappel de faits nécessaire, pour éviter d’entendre ses détracteurs crier haro sur le baudet.