Pourquoi Monte-Carlo est-il le tournoi qui prépare le mieux à Roland-Garros ?

17 avr. 2013 à 00:00:00

Pourquoi Monte-Carlo est-il le tournoi qui prépare le mieux à Roland-Garros ? Le Magazine We Are Tennis vous apporte quatre éléments de réponse dans un article à découvrir ici.

Depuis vingt ans, 60% des vainqueurs de Monte-Carlo ont remporté Roland-Garros dans la foulée. En matière d’épreuves préparatoires au « French », les deux autres Masters 1000, Madrid et Rome, sont loin de faire aussi bien. Et même sur les autres surfaces, aucun tournoi n’atteint à ce point l’excellence avant son Grand chelem de référence. Pourquoi un tel mimétisme de résultats entre Monaco et Paris ? Parce que…

 

1/ Les conditions de jeu à Monaco sont les plus proches de Roland-Garros

 

Même altitude, même climat et, jusqu’à 2011, mêmes balles : tout concourt à faire de Monte-Carlo la répétition générale de Roland-Garros. Depuis la victoire de Sergi Bruguera en 1993, le vainqueur monégasque s’est imposé à 12 reprises à Paris, quelques semaines plus tard. Plus fort encore, 15 fois sur 20, on a retrouvé un même joueur à l’affiche des deux finales. Inégalable. C’est que le terme « terre battue », surface dite ‘naturelle’ (comme le gazon et par opposition au ciment et autres moquettes), recouvre des variations à peu près aussi nombreuses qu’il existe de tournois sur ocre. La terre de Madrid, épreuve jouée à 650m d’altitude, s’avère plutôt rapide en raison de la plus faible résistance à l’air. Ce qui explique par exemple que Rafael Nadal y connaisse plus de difficultés qu’ailleurs (un titre en quatre participations). Rome, de par ses conditions climatiques chaudes et sèches, s’éloigne aussi quelque peu de la terre parisienne – sauf années de printemps caniculaire Porte d’Auteuil – et convient bien aux joueurs agressifs, qui y trouvent des similitudes avec les surfaces plus rapides. Les Américains ont ainsi régulièrement connu le succès à Rome : Vitas Gerulaitis et Jim Courier deux fois, Pete Sampras, Andre Agassi et Jimmy Arias, une fois. Rien de tout ça à Monte-Carlo. « Le court y est plus lent qu’à Rome et à Madrid, synthétise Novak Djokovic. L’altitude joue un rôle important, et les conditions conviennent à merveille à Rafa. À part à Roland-Garros, c'est ici qu’il joue son meilleur tennis. »

 

2/ Por que Monte-Carlo habla castellano…

 

Qui sont les meilleurs joueurs de terre battue ? Depuis les années 1990, les Espagnols. Où se situe Monte-Carlo ? A moins de cinq heures de route de la frontière ibérique, et à peine plus de Barcelone, poumon historique du tennis espagnol. Car bien plus qu’à Madrid, c’est dans la ville de Gaudi que tout tennisman de bon niveau vient achever sa formation : de Bruguera à Nadal, en passant par Arantxa Sanchez côté féminin, l’ensemble des joueurs pros espagnols y est passé un jour ou l’autre. Du coup, c’est tout juste s’ils ne se sentent pas chez eux en Principauté. Bruguera, Moya, Ferrero et bien sûr Nadal, tous ont un jour ou l’autre réalisé le doublé Monaco – Paris. Rafael Nadal, maître des lieux depuis 2005, a cette image : « C’est un de mes tournois favoris. C’est au bord de la Méditerranée et c’est près de chez moi. Les courts sont situés en surplomb de la mer, si haut que je peux presque m’imaginer, de là, apercevoir Majorque ! » Généralement engagé à l’ATP 500 de Barcelone la semaine suivante, le roi de la terre s’y sent si bien qu’il a pris l’habitude de célébrer ses innombrables titres monégasques en voiture, le long des corniches méditerranéennes, roupillant paisiblement sur la banquette arrière pendant que son oncle Toni et son agent Carlos Costa se partagent le volant pour rallier le soir même la Catalogne.

 

3/… et que beaucoup d’autres joueurs résident à Monaco

 

Il n’y a pas que les Espagnols pour se croire à la maison à Monte-Carlo. Entre attrait de la Riviera et/ou avantages du régime fiscal monégasque, nombre de tennismen de premier plan sont établis sur la Côte d’Azur et y possèdent une résidence en même temps que leurs petites habitudes. Il y a trois décennies déjà, Björn Borg habitait juste à côté de Monaco, à Saint-Jean-Cap-Ferrat, et dévoilait alors une facette de sa personnalité très éloignée de la légende d’Iceborg. « Une fois, lors d’une conférence de presse pendant le tournoi, Borg s’était même déguisé en cuisinier et avait fait semblant de préparer un plat devant les journalistes », se remémore Francis Truchi, directeur du Monte-Carlo country-club. Marat Safin ou Andreï Medvedev ont également, en leur temps, élu domicile en Principauté, tout comme aujourd’hui le n°1 mondial Novak Djokovic ou le grand espoir australien Bernard Tomic. Mais celui qui se sentait le plus chez lui à Monaco était sans doute Ilie Nastase. Joueur et bon vivant, le Roumain – triple vainqueur du tournoi de 1971 à 1973 – y a laissé des souvenirs impérissables. Cabotin, on le vit saisir les menottes d’une jeune policière qu’il tentait de séduire et les lui fermer autour des poignets, ou, lors de la finale de 1973, « demander à la princesse Antoinette de faire quelque chose parce que le public avait pris fait et cause pour Borg », reprend Francis Truchi. Imaginerait-on cela avec la famille régnante d’Angleterre dans sa loge de Wimbledon ? Monaco, une certaine idée du tennis et de ses stars…

 

4/ Parce que son prestige traverse les âges

 

« Cela fait cent ans que le tournoi existe et beaucoup de grands noms du tennis y ont gagné, tels que Santana, Gimeno, Borg, Lendl, Wilander, Nastase, mon ami Carlos Moya. Il a une histoire et des traditions fortes, comme Wimbledon. » A l’instar de Rafael Nadal, qui a dû consulter le palmarès gravé dans le marbre du Monte-Carlo country-club, la plupart des joueurs ont une certaine conscience de l’histoire de leur sport, et aiment s’inscrire dans la lignée de leurs aînés. Le récent Masters 1000 de Madrid, en manque d’âme dans son enceinte bétonnée de la Caja Magica, en sortie de ville, est clairement à la traîne dans ce registre, lui qui ne suscite pas même l’adhésion des joueurs ibériques. En revanche, Monte-Carlo et Rome, riches d’une forte tradition et d’un palmarès XXL, se valent bien dans le domaine du prestige. Seulement, l’épreuve bucolique du « Foro Italico » pâtit d’avoir trop bougé au calendrier ces dernières décennies : dernier Masters 1000 avant Roland-Garros dans les années 1990, puis deuxième durant la dernière décennie suite à l’inversion des places avec Hambourg, avant de reprendre son statut de petit dernier depuis 2011. Monaco, lui, demeure quoi qu’il arrive agrippé à son Rocher et à son rang de premier grand rendez-vous de l’année sur terre battue. Cette année encore, ce pourrait bien être le même qui soulèvera les coupes de Monaco et de Paris. Et les portera à sa bouche pour les mordre.

 

Par Guillaume Willecoq

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