Top 10 : maniaques et superstitieux

19 juin 2012 à 14:41:55

Top 10 : maniaques et superstitieux
« La superstition est la poésie de la vie », écrivait le penseur allemand Goethe. Pour autant, il ne jouait pas au tennis, redoutant sans doute la face cachée de ce sport mental. Un monde fétichiste, plein de...

« La superstition est la poésie de la vie », écrivait le penseur allemand Goethe. Pour autant, il ne jouait pas au tennis, redoutant sans doute la face cachée de ce sport mental. Un monde fétichiste, plein de superstitions et de petites manies en tout genre. Vain, puéril et magique à la fois.

1.  Rafael Nadal

Toujours une douche froide avant un match. Les sauts de cabri lors du toss arbitral et le sprint sur quelques mètres vers la ligne de fond de court, pour se transcender. Les  chaussettes sont parfaitement symétriques, ajustées au millimètre. Deux, voire trois bouteilles sont soigneusement alignées sur le sol et perpendiculaires à la ligne de fond de court. L'étiquette orientée plein axe. Balayement du pied de la ligne de service. Tapotage des semelles de chaussures - même sur surface en dur (sic). Recentrage du slip : en moyenne, sur un set, Nadal malaxe son caleçon entre 85 et 97 fois. « C'est parce que j'ai un gros cul », a-t-il plaisanté un jour. Préparation au service. Il passe sa main sur son épaule droite. Epaule gauche. Oreille droite. Nez. Oreille gauche. Pousse la balle dans la poche. Et bien d’autres encore… Conclusion de Tony Nadal, son entraineur : « Rafa est une boule de nerfs. Pour le calmer, nous avons imaginé plein de petites habitudes ».  

2.  Novak Djokovic

Relâché et intelligent, ce prototype du mâle parfait n’a en réalité qu’un seul défaut : son horripilante névrose pour le rebond. Une obsession telle que Novak Djokovic les comptabilise. « Mon record remonte à 2007, lors de la Coupe Davis contre l'Australie. J'avais fait rebondir la balle 38 ou 39 fois [avant de servir, ndlr] », confia Nolé à CBS News. Pour autant, le Serbe affirme ne pas « avoir de superstition », si ce n’est la présence obligatoire de son caniche, Pierre, lors de chaque Wimbledon. Cette année ne dérogera pas à la règle. « J’ai des routines, j’appelle ça des routines ! »  

3.  Björn Borg

En 1976, quatre jours avant le tournoi de Wimbledon, la légende du tennis suédois décide de ne plus se raser jusqu’à l’élimination. Arborant la même chemise Fila, « Ice Man » réhabilitera cinq fois sa longue barbiche blonde pour autant de succès consécutifs. En 1981, en ouverture du tournoi, la version US du magazine Sports Illustrated titre même en Une : « The Beard Has Begun » (« La barbe a commencé », ndlr). Mais cette année-là, le barbouze s’incline en finale face à John McEnroe, un autre bon gros toqué du gazon londonien.  Moralité, selon Agassi : « La superstition, c’est comme le Fight Club, il ne faut jamais en parler ». Première règle.  

4.  Dominika Cibulkova

Cette année, la ravissante Dominika Cibulkova s’est distinguée à Roland Garros en sortant l’ex-numéro 1 mondiale Victoria Azarenka en huitième de finale. Au-delà de la victoire, le public français a découvert son rituel libidineux : elle embrasse avec tendresse les balles neuves avant de servir. Enfin, pas exactement : « Je n'embrasse pas les balles mais je les sens. J'adore leur odeur, l'odeur des balles neuves. Et puis je me dis que ça va me porter chance ». Gaël Monfils like this.  

5.  Lindsay Davenport

Plus qu’une manie, un souci d’économie. « En 1995, à Strasbourg, j'ai fait tomber le trophée du tournoi. À cause de moi et de tous les petits morceaux du trophée que j'avais cassés et qui s'étaient répandus sur le court, la finale du double a dû être décalée. Les sponsors n'étaient pas contents du tout (Rires) ». Après cet incident, Lindsay Davenport jure qu’elle ne soulèvera plus la moindre coupe au dessus de sa tête, bras tendus, mais plutôt au niveau de ses oreilles ou juste sous le menton. Ambitieuse, elle promet à ses fans de prendre à nouveau de la hauteur quand elle remportera son premier Grand Chelem. Chose faite en 1998, lors de sa victoire à l’US Open. Mazeltov !  

6.  Barry Cowan

En 2001, ce modeste joueur britannique obtient sa wild card pour le tournoi de Wimbledon. 265ème joueur mondial, soutenu d’une seule voix par le public londonien, il réalise la plus grosse performance de sa carrière en poussant Pete Sampras dans ses retranchements. Son inspiration ? We never walk alone, l’hymne du club de football de Liverpool, qu’il se programme immuablement dans son baladeur à chaque changement de côté. « Vous ne pouvez pas vous concentrer tout le temps et le fait de penser à Liverpool m'aide énormément », déclare Cowan après le match, qu’il perd finalement en cinq sets. Seul.  

7.  Conchita Martinez

Quand elle frôlait la ligne de fond de court du bout de sa chaussure, Conchita Martinez ne se sentait pas bien du tout. Le soir, en rentrant dans son hôtel, elle voyait le danger partout, jusque sous son lit où elle inspectait les moindres recoins. Mais surtout, en match, l’Espagnole réclamait pour servir la même balle avec laquelle elle venait de remporter un point gagnant. Systématiquement. Si bien qu’un jour, exaspérée, la Suissesse Patty Schnyder enfile sous sa jupe ce gri-gri qui venait d’offrir l’avantage à Martinez. La poignée de main est glaciale et se prolonge d’une jolie dispute dans les vestiaires. Discret, mais bien pervers. http://www.youtube.com/watch?v=k71ezy5CC4k&feature=player_embedded  

8.  Goran Ivanisevic

Goran Ivanisevic exigeait aux ramasseurs la même balle avec laquelle il venait de réussir un ace. Moins glorieux, le jour d’un match, il ne sortait pas de son lit sans avoir maté un épisode du dessin animé « Les Télétubbies ». Un matin, au lendemain d’une belle victoire en Australie, le géant croate poussa même le vice jusqu’à reproduire à l’identique son programme de la veille : mêmes vêtements, même nourriture et mêmes personnes avec qui causer ! Aussi, lors des changements de côté, ce grand tatillon se levait de sa chaise toujours après son adversaire. Quelques millièmes de secondes lui suffisaient. Et bien évidemment, il ne touchait jamais la ligne de fond de court… Pas si atypique, finalement.  

9.  Serena Williams

Un cas presque clinique. Lucide, l’Américaine estime être atteinte de véritables troubles obsessionnels compulsifs. « Ouais, ce sont des questions que je me pose. C'est vraiment un autodiagnostic. Mais je pense que je peux choisir d’en avoir ou pas... peut-être ». Pour preuve, avant chaque match, Serena Williams lasse ses chaussures exactement de la même manière. Obsédée par ses ongles de pieds, elle ramène toujours ses sandales de douche sur le court, planquées dans son sac, comme un porte-bonheur. Et surtout, elle porte la même paire de chaussettes durant le tout tournoi. Qu’importe l’odeur…  

10.  Catherine Tanvier

Les psychiatres sont unanimes, c’est une peur sous-jacente qui se cache derrière ces étranges rituels. Une routine qui rassure et qu’il ne faut en aucun cas abandonner. Un jour, la « Borgette » fait cette erreur cruciale. Alors qu'elle doit affronter Martina Navratilova sur le central de Roland-Garros, la Française, tétanisée par l’évènement, oublie ces petits cérémoniaux d’avant-match et hésite longuement à abandonner. Elle se résout finalement à entrer sur le court avec des boules Quiès dans les oreilles pour ne pas entendre les spectateurs. Elle joue ainsi la partie sans pouvoir se référer au bruit de la balle. Résultat : deux roues de vélo 6/0, 6/0. Sourde et aveugle, assurément.   Mais aussi… André Agassi, qui attendait que tous les ramasseurs de balles soient immobiles et à leur place, quitte à faire la circulation. Fabrice Santoro, qui mettait de la terre battue sur ses chaussettes avant de servir. Lleyton Hewitt, qui écoutait la BO de Rocky en entrant sur le court (Eyes of the tiger, ndlr). Nicolas Kiefer, qui touchait l’angle des lignes avec sa raquette. Boris Becker, qui baillait régulièrement. Ivan Lendl, qui badigeonnait son manche de raquette de sciure. Kent Carlsson, qui étalait une dizaine de paire de chaussettes sur le sol aux changements de côté, ne sachant pas laquelle choisir. Mary Pierce, qui triturait sa natte pour se recoiffer avant de servir. Zina Garrison, qui tortillait du derrière en retour de service. Et bien d’autres encore. Presque tous en réalité…   Par Victor Le Grand  

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