Le MVP du mois : Carlos Alcaraz
Un patron de A à Z. Mi-septembre, le protégé de Juan Carlos Ferrero est entré dans l’histoire en remportant l’US Open au bout d’un parcours de déglingo. Obligé de se farcir trois matchs en cinq sets d’affilée, l’Espagnol est entré dans le vif du sujet à partir de son huitième de finale contre Marin Cilic, dont il s’est débarrassé en 3h53. Il a enchaîné avec un quart d’anthologie face à Jannik Sinner, terminé à 2h50 du matin, après 5h15 de combat (le deuxième match le plus long de l’histoire du tournoi, à seulement onze minutes du Edberg-Chang de 1992). Puis, avec une demi-finale au long cours de plus de quatre heures face à un Frances Tiafoe en mode chewing-gum. De retour dans l’arène pour une finale contre Casper Ruud, Carlos Alcaraz s’est révélé intraitable (6-4, 2-6, 7-6 [1], 6-3), certainement inspirée par sa soirée télé de la veille passée devant le film 300 en compagnie de son frère Álvaro. À 19 ans et quatre mois, Alcaraz est ainsi devenu le plus jeune joueur de l’histoire à s’asseoir au sommet du classement ATP, effaçant Lleyton Hewitt et sa marque de 20 ans et huit mois des tablettes. La cerise sur le gâteau dans une année exceptionnelle qui l'a aussi vu triompher à Rio, Miami, Barcelone et Madrid. Ce qui lui a même valu d’être reçu par le roi Felipe VI. « Je ne veux pas me fixer de limites. Je veux rester n°1 mondial pour de longues semaines, des années j'espère, confiait-il en souriant à L'Equipe. Mais je ne veux rien changer à la façon dont j'ai joué ce tournoi et dont je joue au tennis depuis tout petit. Avec le sourire et du plaisir sur le court. Je veux qu'on voie le même enfant que celui qui jouait quand j'avais 10 ans. » Un enfant aux yeux de lumière.
L’adieu du mois : Roger Federer
Cette fois, c’est la fin. Roger Federer a annoncé la fin de sa carrière sportive le 15 septembre sur les réseaux sociaux. À 41 ans, le Suisse, gêné par des pépins physiques, dit stop après 1 750 matchs et plus de deux décennies sur le circuit. « Mon genou ne me lâchait pas, je ne progressais pas suffisamment bien, et puis j'ai eu le résultat d'un scanner pas très satisfaisant. Je me suis alors dit que c'était fini », a-t-il justifié à la RTS. Éloigné du circuit depuis son quart de finale perdu à Wimbledon le 7 juillet 2021, l’homme aux 103 titres ATP, dont 20 en Grand Chelem, s’est offert un ultime plaisir lors de "sa" Laver Cup en disputant un double avec Rafael Nadal sous les yeux de Novak Djokovic et Andy Murray, histoire que tous les Avengers soient une dernière fois réunis. À l’image de Carlos Alcaraz, qui a carrément live-tweeté la rencontre, le monde du tennis avait les yeux rivés sur l’O2 Arena, et tant pis si la paire légendaire a fini par s’incliner contre Jack Sock et Frances Tiafoe, malgré une balle de match dans le super tie-break (6-4, 6-7 [2], 9-11). « C'était une journée merveilleuse - je suis heureux, pas triste », a insisté le Maestro au micro, entre deux sanglots partagés avec Nadal, lui aussi très ému. Foutue poussière dans l’œil.
La fratrie du mois : les soeurs Fruhvirtova
Auréolée d'un bel US Open, où elle a franchi les qualifications puis atteint le deuxième tour du tableau principal, Linda Fruhvirtova a pris date à Chennai. La Tchèque y a sorti trois têtes de série, Varvara Gracheva, Magda Linette et Rebecca Peterson, pour s’offrir le plus beau titre de sa jeune carrière, à 17 ans et 140 jours. Vainqueur des Petits As en 2019, Fruhvirtova a ainsi défoncé la porte du top 100 pour se hisser jusqu'au 74e rang. Dans le même temps, sa petite sœur Brenda, 15 ans, alignait une 25e victoire consécutive sur le circuit ITF pour remporter le tournoi de Santa Margherita di Pula. Déjà son septième titre de la saison, synonyme d’entrée dans le top 200. T'as raison ma Brenda, faut pas s'laisser aller.
Le Français du mois : Corentin Moutet
Coco-rico ! Capable de tout, Corentin Moutet s’est présenté sous son meilleur jour en septembre. L’affaire était pourtant mal embarquée après son élimination au troisième tour des qualifications de l’US Open face au Chinois Yibing Wu. Le forfait de Novak Djokovic lui a toutefois offert une seconde chance et le gaucher a croqué dedans à pleines dents. La tornade francilienne a emporté le 22e mondial Botic van de Zandschulp (6-4, 1-6, 6-2, 6-4), mais aussi Stan Wawrinka et Pedro Cachin. Premier lucky loser à atteindre les huitièmes à Flushing Meadows et premier lucky loser à atteindre ce stade tous Grands Chelems confondus depuis Stéphane Robert à Melbourne en 2014, Moutet a été stoppé dans la foulée par le futur finaliste Casper Ruud, à qui il a tout de même pris un set (6-1, 6-2, 6-7 [4], 6-2). Lancé, le Moutet à Grand Vitesse a foncé sur le Challenger 125 de Szczecin pour s’octroyer son deuxième titre de l’année et atteindre la 64e place mondiale, le meilleur classement de sa carrière. Le MGV est attendu en gare : plus question d’être en retard.
Le coup de gueule du mois
La « nouvelle » Coupe Davis ne fait toujours pas l’unanimité. Tribunes clairsemées, ambiances mitigées, matchs en cinq sets supprimés, format critiqué… La compétition à la sauce de la société Kosmos est loin d’avoir trouvé sa place, même si l’organisation s’est félicitée d’avoir enregistré 113 268 spectateurs lors de la phase de poules, disputée entre Glasgow, Bologne, Valence et Hambourg mi-septembre. « Ce qui se passe est un gag, a lâché Gilles Moretton, le président de la fédération française, dans des propos rapportés par l’AFP. Les anecdotes sont tellement nombreuses, on ne sait plus très bien à quel saint se vouer, aussi bien sur la programmation des matchs, où les pays-hôtes ont des programmations protégées, que les surfaces. (La phase de groupes) devait se jouer en indoor, c'est ce qu'on m'avait dit en janvier, sauf qu'on a eu le droit de jouer sur des courts en extérieur comme sur le central de Hambourg. »
Devancés par l'Allemagne et l'Australie dans le groupe C, les Bleus ont manqué le train pour le Final 8. C’est devant leur télé qu’ils verront l'Italie, les États-Unis, l'Allemagne, le Canada, l'Espagne, la Croatie, les Pays-Bas et l'Australie s’écharper à Malaga en novembre pour conquérir le Saladier d’argent. Gilles Moretton n’en démord pas : « On navigue à vue avec la Coupe Davis actuelle. Tant mieux pour les gens qui sont contents. Moi je dois dire que ce n'est pas la joie au sein de la FFT et des joueurs, pas que les Français, de voir notre Coupe Davis se dégrader d'année en année. Il faut qu'on fasse évoluer les choses, moi c'est un combat que je suis prêt à mener. » De là à ramener Kosmos sur Terre ?
La surprise du mois : Daniel Galan
Sorti des qualifications, Daniel Galan a créé la sensation en évinçant Stefanos Tsitsipas au premier tour de l’US Open. Sa première victoire sur un top 20, et la première victoire d’un Colombien contre un joueur du top 5 depuis qu’Iván Molina s’était offert Manuel Orantes en 1975. Il ne s’est pas arrêté en si bon chemin en scalpant Jordan Thompson au deuxième tour, puis en accrochant Alejandro Davidovich Fokina. « Je pensais beaucoup au top 100 l’an dernier. Je me mettais beaucoup de pression, confiait l’intéressé sur le site de l’ATP. C’était comme une obsession, qui m’a poussé à jouer plus, donc je ne me reposais pas. Je n’ai pas arrêté, c’était très dur. » Le Colombien a appris de ses erreurs, et ça paie puisqu’il est monté jusqu’au 69e rang du classement mondial. En partie grâce à son frère, toujours à ses côté pour le tennis, et pour le reste. Notamment quand il faut jouer à Fortnite. « On joue ensemble, et on se blâme l’un et l’autre quand on perd. Je pense que je suis juste meilleur que lui », se marrait Xando, son hermano. Sur le court, en revanche, il n’y a pas photo.
Le come-back du mois : Stan Wawrinka
Stan Wawrinka n'avait plus gagné sur le circuit principal depuis le premier tour du tournoi du Queen's, en juin. Après trois mois sans victoire et une série de six revers consécutifs, le Suisse a retrouvé le sourire du côté de Metz. En Lorraine, l’ancien numéro 3 mondial a défait Laslo Djere et Zsombor Piros lors des qualifs, puis réalisé une entrée fracassante dans le tableau principal de l’Open de Moselle. Autoritaire contre João Sousa, le 284e joueur mondial a ensuite mis le feu aux arènes de Metz en calcinant l’actuel numéro 4, Daniil Medvedev (6-4, 6-7 [7], 6-3), presque trois ans après sa dernière victoire sur un top 5. Mikael Ymer est aussi passé à la casserole. Son corps a arrêté le Suisse, contraint d’abandonner lors de sa demi-finale contre Alexander Bublik, mais l’on retiendra autre chose. Fini les défaites encourageantes, surtout rageantes, à l'image de celle subie contre Andy Murray à Cincinnati (7-6 [3], 5-7, 7-5). Bonjour la win, et la confiance qui va avec. « Je suis loin du niveau que j'aimerais avoir, mais je me bats énormément et je suis convaincu que je vais retrouver un bon niveau. Il reste une marge, je le vois, je le ressens, confiait-il à L’Equipe. Plus l'âge avance, plus ça prend du temps de remettre le puzzle en place. Je suis lucide sur mon niveau actuel, j'avais gagné un match en cinq mois... Je ne dis pas que je vais gagner un Grand Chelem, mais je vois tous les jours ce que je suis encore capable de faire. J'ai passé une quantité d'heures sur le terrain et en fitness. Je sais que ça paiera. L'année prochaine, je vais retrouver un niveau qui me conviendra. » Stanimal ne demande qu’à s’échapper de la cage.
L’apparition express du mois : Naomi Osaka
Après quatre défaites de rang, Naomi Osaka s’est remise à gagner en passant le premier tour du tournoi de Tokyo. Mais pas de la manière qu’elle aurait espérée. Son match contre Daria Saville a duré à peine quinze minutes, la faute à la blessure malheureuse de son adversaire. L’Australienne s’est fait mal au genou dès le deuxième jeu et a dû abandonner alors que seulement onze points avaient été joués. Saison terminée puisque le ligament croisé est touché. Le public japonais n’a malheureusement pas revu Osaka après ça puisque l’ex-numéro 1 mondiale, victime de douleurs abdominales, a déclaré forfait juste avant son deuxième tour contre Beatriz Haddad Maia. Quand ça veut pas…
L’audacieux du mois : Alexander Bublik
Bien malin celui qui saurait dire ce qu’il s’est passé dans la tête d’Alexander Bublik sur le court Patrice Dominguez le dimanche 25 septembre. Mené 6-7, 1-3, 30-40 par Lorenzo Sonego, le Kazakhstanais, en position de smasher pour effacer une balle de double break, a décidé de jouer la balle… avec le manche de sa raquette. Osé, mais pas payé, puisque l’Italien a remporté le point et s’est ouvert un boulevard vers le titre (7-6 [3], 6-2). Ça mérite quand même un 20/20 sur l’échelle du culot.