J'aime, j'aime pas le Masters 1000 de Paris à huis clos

9 nov. 2020 à 19:11:57 | par Eli Weinstein

Un Masters 1000 est impacté à tous points de vue par un huis clos. Voici ce que j'ai aimé et ce que je n'ai pas aimé de ce tournoi pas comme les autres.

Le Masters 1000 de Paris a bien eu lieu et la FFT peut être fière d'elle d'avoir réussi à organiser un Grand Chelem, suivi d'un Masters 1000, en l'espace de 6 semaines.

Contrairement à Roland-Garros, Bercy s'est disputé à huis clos. Ce scénario, qui commence à être de moins en moins inédit, a des répercussions sur tous les aspects du tournoi. Evidemment, l'impact est néfaste mais pas que. Lorsqu'on a la chance et le privilège de pouvoir être sur place, on découvre des côtés positifs à l’absence de public.
Voici donc mon J'aime/J'aime pas pour le Masters 1000 de Paris à huis clos.

Mon premier point ne concerne pas quelque chose que je n'ai pas aimé, mais que j'ai carrément détesté. Il s'agit de l'absence totale de réactions à l'issue d'un super point. Et comme vous l'avez sans doute vu par vous-mêmes, ce tournoi en a produit un grand nombre. Les seules manifestations de joie à l'issue d'un beau rallye venaient des équipes des joueurs, qui étaient limitées à 2 personnes. Autant dire qu'ils n'étaient pas près de lancer une « hola ». En l'occurrence, il s'agissait plutôt d'applaudissements avec un niveau d'intensité proche d'un escargot filmé au ralenti. Ce qui, au final, n'a fait que rendre l'ambiance encore plus lourde.

55 000 m2 avec une certaine hauteur sous plafond

Les fins de matches ne sont pas faciles. L'arbitre annonce jeu, set et match. Le joueur serre le poing, fait un petit saut de joie s'il est vraiment content. Puis arrive le toucher de raquette entre deux personnes ultra testées et évidemment négatives au covid (ridicule). Un coucou à l'arbitre, dont la santé est aussi sur-contrôlée (une poignée de main à ce dernier ne changerait rien du tout). Puis le joueur range ses affaires et s'en va. Le premier à partir n'est pas forcément le perdant, mais tout simplement celui qui est le plus près de la sortie.

A Bercy, forcément, il y a une grosse soufflerie dans la salle principale. J'en suis à mon 21e Masters 1000 à Paris, c'est la première fois que j'entends cet engin. On parle d'un moteur qui est assez fort pour aérer une salle d'une surface de 55 000 m2 avec une certaine hauteur sous plafond… Ce murmure permanent est assez pesant, car il contribue à installer une ambiance, comment dire, un peu lourde.
On s'imagine que réaliser une interview sur le court à la fin d'un match devant une salle vide est un concept ridicule, mais je vous garantis que ça manque. Ça permettrait de rajouter une peu de vie à la fin des rencontres.

Le J'aime pas suivant n'est pas en raison du huis clos, mais il existe forcément : il s'agit de la crainte permanente, pour tous, d'être positif. Ce qui, somme toute, n'est pas du tout cohérent car - et j'en suis la preuve vivante - il est tout à fait possible de passer une semaine enfermé et de ne pas choper cette merde. Attention, je ne suis pas en train de faire le malin. Moi aussi, j'ai le cœur qui bat à 10 000 lorsque j'ouvre le résultat de mon test, mais ce n'est pas rationnel.

Voilà pour les aspects négatifs. En creusant, je pourrais évidemment en trouver d'autres, mais franchement, je n'en ai pas l'envie. Je préfère dépenser mon énergie à énumérer des points qui m'ont plu dans ce dispositif tellement lunaire.

Plus de 20 matches ont été disputés en 3 sets

Avec la salle vide, de fait, il y a de la place partout. On s'installe donc (presque) où l'on veut et naturellement très près du court. Cette proximité, conjuguée au silence, permet de tout entendre. J'ai donc découvert, par exemple, qu'Ugo Humbert passe son temps, durant un match, à s'encourager avec des petites phrases du genre « Allez mon gars », « Vas-y, bouge », « Fais un truc gros ». C'est incessant. J'ai découvert également que Stan Wawrinka remercie les ramasseurs de balles systématiquement, à chaque fois qu'ils lui donnent des balles. Autres bruits de court très intéressants à entendre : le coaching. Oui, il existe, il est d'ailleurs omniprésent. Non, non, vous ne vous trompez pas, le coaching n'est pas autorisé, mais il est visiblement ultra toléré. Et c'est tant mieux car on s'aperçoit que la communication est incessante.

Mais le point le plus positif de ce huis clos est sans aucun doute le niveau de jeu. Est-il dû au fait que la salle est calme et qu'elle favorise la concentration ? En grande partie, mais pas totalement. Il y aussi le fait que les joueurs ne sont pas arrivés à Bercy sur les rotules, comme c'est le cas normalement pour le tournoi parisien qui est placé en ultime créneau de la saison. Lors de cette édition, plus de 20 matches ont été disputés en 3 sets contre 15 l'an passé, 13 en 2018. Je suis remonté jusqu'à 2010 et toujours pas de trace d'un tournoi avec autant de matches en 3 sets.

Autre point qui m'a particulièrement plu : cette possibilité de picorer des bouts de match à longueur de journée. Et aussi cette impression tout à fait égoïste et nombriliste que les joueurs jouaient pour moi. Ce n'était qu'une impression, mais c'est drôle quand même.

Voilà, voilà. Bravo à Daniil Medvedev et rendez-vous à tous l'année prochaine. Et avec du public s'il vous plaît !

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