Lors d'un zappage nocturne (une de mes mauvaises habitude mais j'essaie de me soigner), confronté à un néant télévisuel, je me suis dirigé vers ma roue de secours habituelle : ESPN Classic.
Ce que j'aime avec cette...
Lors d'un zappage nocturne (une de mes mauvaises habitude mais j'essaie de me soigner), confronté à un néant télévisuel, je me suis dirigé vers ma roue de secours habituelle : ESPN Classic.
Ce que j'aime avec cette chaîne, c'est que c'est toujours la loterie. Quel grand moment du sport aura t-on la chance de revisionner en plein milieu de la nuit ? Une étape du Tour de France 1991 ? Un France-Ecosse du Tournoi des Cinq Nations de 1983 ? La finale de la Coupe de France de football, toujours de la même année entre le PSG et Nantes (victoire de Paris bien sûr !) ?
Bingo ! Ce soir-là, c'était du tennis, l'Australian Open la programmation de cette chaîne étant souvent liée à l'actu du moment.
Plusieurs longs formats de matchs nous étaient offerts ce soir là.
Premier bijou : quart de finale 1990 Noah-Pernfors.
Premier constat, ça joue vraiment pas vite. Peut-être pas la faute de Noah, qui avait tout de même une présence physique, mais Pernfors, la gambas de Malmö, se serait sans doute incliné devant Serena ou Venus. Noah s'impose en trois sets, et une fois le match terminé, son adversaire l'attend pour quitter le court. Je « like » ça. Autant je suis pour la modernisation du jeu à bon escient, autant je regrette ce type de traditions qui feraient du bien au tennis d'aujourd'hui, dominé par le duel et l'affrontement, et qui se prend un peu trop au sérieux.
Deuxième chef d'oeuvre, et je pèse mes mots : 1er tour 1992 Forget-Leconte.
Dans ce match, ce sont les casquettes des joueurs qui ont retenu toute mon attention. Il faisait visiblement très chaud. Forget arbore un couvre chef aux couleurs de l'Australian Open, fabriqué en matière légère et de couleur blanche. Jusque là, tout va bien. Seulement voilà, il semblerait que quelqu'un ait renforcé l'intérieur de sa casquette d'une doublure métallique ôtant toute chance au chapeau d'épouser la forme du crâne humain. Style chauffeur de 36 tonnes sur la route 66.
Riton, quant à lui, « poushe ze limite » de l'acceptable. Le finaliste de Roland-Garros 88 arbore une casquette bleu marine équipée de la même architecture que celle de son pote, mais affublée d'une sorte de grille en plastique radioactif perforé. Comme il la porte à l'envers, on voit sur son front l'attache réglable en plastique dur avec des trous, qui visiblement le serre trop. Dieu merci, depuis, les équipementiers on fait des progrès.
Mais ce que je préfère sur ESPN Classic, plus encore que de m'amuser des tenues improbables des sportifs d'il y a 20 ans, ce sont les commentaires. Sur les matchs de tennis, les commentaires ne sont pas ceux du moment. Ils sont ré-enregistrés à notre époque. Du coup, je m'interroge sur la personnalité du « déglingo » du tennis, car c'en est obligatoirement un, capable de passer trois jours de suite à commenter dans un studio, dans les conditions du direct, des matchs dont il connaît parfaitement le déroulement, et évidemment tout seul. Pour moi, c'est une pure performance, qui nous offre des perles du genre : « on dirait qu'il est encore plus grand quand il joue comme ça ! ». Forcément dès fois, le gars, il a plus rien à dire.
Je me moque un peu mais j'adore. En plus, c'est un amuse gueule idéal avant l'Open d'Australie 2012. Seul inconvénient : ça passe tard et empiète forcément sur d'indispensables heures de sommeil. Je crois qu'il ne doit y avoir que des déglingos comme moi pour veiller si tard afin de voir la fin d'un match dont je connais déjà le résultat.
Bref, le tennis nocturne sur ESPN Classic, c'est un truc fait par des déglingos pour des déglingos.