L’édition 2012 des Internationaux de France de tennis, c’est parti. Présentation givrée, de A à Z.
A l’Est, rien que du nouveau : comme le cyclisme, le tennis est un sport qui s’est internationalisé à la charnière des années 80/90. Les filles de l’Est se mettent à déferler sur le circuit. Monica Seles (1990 à 92), Iva Majoli (97), Myskina (2004), Ivanovic (08), Kuznetsova (09) ont fini par gagner à Roland. Aujourd’hui, neuf des vingt premières (dont les quatre de devant, Ndlr) en viennent, sans compter Petkovic (Allemande d’origine serbe), Kerber et Lisicki (Allemandes d’origine polonaise), tout comme Wozniacki (Danoise d’origine polonaise). Borg, Bjorn : éliminé par Adriano Panatta en 1973 et 77, vainqueur en 74 et 75 puis de 78 à 81, date à laquelle il prit du recul à vingt-six ans, le Suédois ne participe pas à l’édition de 1977. Une énigme aussi fameuse que l’absence d’Eddy Merckx au Tour de France 1973. Contre toute logique, le futur sextuple lauréat laisse son meilleur ennemi, Guillermo Vilas gagner son « French » à lui. Cent-quatre-vingt-huit (centimètres) : la taille moyenne des cent premiers au ranking ATP aujourd’hui, soit la taille exacte de Novak Djokovic. Nadal, Federer ou Sampras mesurent 1,85m. Déculotté : En Australie ou à New York, Marat Safin peut passer pour un vainqueur de Grand Chelem. A Paris, on se souviendra de lui comme du mec qui a baissé son short pour laisser apparaître son slip lors d’un deuxième tour contre Félix Mantilla, après une amortie sauvée par l’Espagnol lors de la cinquième manche. L’arbitre lui met un point de pénalité. Marat perd (11-9) lors du dernier set le lendemain matin. Equateur : lauréat en 1990, à trente ans et trois mois, l’Equatorien Andrès Gomez avait un sens inné de la patience. Battu seize fois d’affilée (dont cinq en Grand chelem et une paire de fois au Masters, Ndlr) par Ivan Lendl, il met fin à la plaisanterie au dix-septième match et gagne peu après les internationaux de France contre un Agassi pré-pubère. Moralité : personne ne bat Andrès Gomez dix-sept fois de suite. Fabulous Fab’ : Fabrice Santoro a participé à 70 tournois du Grand chelem à cheval sur quatre décennies (de 1989 à 2010, Ndlr). Quarante-six consécutifs entre 1998 et 2010. Gluten : depuis qu’il s’est mis au régime sans gluten (en gros, pas de lait, pas de céréales mais du maïs et du riz, Ndlr), Novak Djokovic a gagné la coupe Davis par BNP Paribas, une palanquée de Masters Series et quatre tournois du Grand Chelem. Vous savez ce qu’il vous reste à faire… Hingis, Martina : avant la mainmise des bimbos de l’Est, il y eut donc Martina Hingis, un genre de Miloslav Mecir au féminin. La Suissesse gagnera très jeune à peu près partout sauf à Roland-Garros où elle s’incline en 1997 contre Majoli. Elle s’incline deux ans plus tard, dans un match qu’elle ne doit jamais perdre, contre Steffi Graf dont c’est le dernier match. Elle conteste un point, se met le public à dos et finit par perdre. Moins de deux ans plus tard, elle met le tennis entre parenthèse à…22 ans. Elle ne reviendra jamais au niveau qui était le sien auparavant et ne gagnera jamais en France alors que Roland lui était promis… Incandescence : Roland-Garros a le chic pour que de parfaits inconnus aux yeux du grand public prennent feu pendant la quinzaine avant de disparaître dans la nuit noire. Ou presque. Pernfors (finaliste en 86), Berasategui (en 94), Norman (en 2000), Verkerk (en 2003), Puerta (en 2005), voire même l’impayable Gaston Gaudio (vainqueur 2005). Jardin : depuis 1990, Roland-Garros est le tournoi du Grand Chelem qui produit le plus de vainqueurs qui ne gagnent pas d’autres Majeurs. Huit : Gomez, Bruguera, Muster, Kuerten, Moya, Costa, Ferrero et Gaudio. L’US Open (Rafter, Roddick et Del Potro) et Wimbledon (Stich, Krajicek et Goran Ivanisevic) en comptent trois tandis que les internationaux d’Australie n’en dénombrent que deux (Korda et Johansson). Kei, Andrea, Francesca et les autres : Andrea Petkovic (15ème) et Daniel Hanchutova (18ème) chez les femmes ; Mardy Fish (8ème), Gaël Monfils (14è) et Kei Nishikori (18è) chez les hommes seront les grands absents de cette édition. Letton : Ernests Gulbis n’en finit plus de décevoir. Huitième de finaliste en 2007, en quart l’année suivante à pas peine vingt ans, il s’est fait muet depuis. Guillermo Canas, devenu son entraineur depuis un an, n’y fait rien. Le gâchis n’est pas une fatalité. Mousquetaires : de 1953 à 1978, le trophée du lauréat répondait au doux nom de coupe Simone Mathieu. Celle des Mousquetaires, inspirée par Philippe Chatrier, fabriquée par le joaillier Mellerio, date de 1981. Nouvelle naissance : finaliste à Strasbourg, la semaine dernière, Alizé Cornet (11è mondiale à dix-huit ans, Ndlr) reviendra-t-elle dans le Top 20 quatre ans après ? Voire… Onze : les maudits, classés N°1 mondiaux, qui ne gagneront jamais Roland-Garros. Quatre Américains (McEnroe, Connors, Sampras, Roddick), trois Australiens (Newcombe, Rafter, Hewitt), un Suédois (Edberg), un Allemand (Becker), un Russe (Safin) et un Chilien (Rios). Panatta, Adriano : le seul tombeur de Borg à Paris. Deux fois. En quatre sets. La première en 1973, en huitième de finale, le Scandinave n’avait que dix-sept ans. La seconde, trois ans plus tard, en quarts et Panatta gagnera le tournoi après avoir sauvé une balle de match au premier tour. « Ice Borg » gagnera les 42 matchs et les 6 tournois auxquels il participera avant et après (74, 75, 78, 79, 80, 81). Quatre : surgis de nulle part, ces quatre-là ont gagné le « French » sans être tête de série : Marcel Bernard (1946), Mats Wilander (1982), Gustavo Kuerten (1997) et l’inénarrable Gaston Gaudio (2004). Rafa : pas besoin de prononcer son nom au complet pour savoir de qui il s’agit. Cela sonne un peu comme « Guga » même si l’Espagnol n’aura jamais la cote de Kuerten porte d’Auteuil. Néanmoins, peu à peu, son aura marque chaque année de plus en plus de points. Le meilleur joueur de l’histoire de la terre battue est un seigneur qui jouera cette année pour battre le record de Borg (6 titres) et rejoindre Chris Evert (7 sacres à Paris). Suédois : à l’exception de 1984 (Lendl-Mc Enroe), il y avait toujours un Suédois en finale de RG dans les années 80. Borg pour commencer, Wilander pour suivre, Pernfors et Edberg pour finir. La décennie ne fut qu’une longue banquise sans fin avant que Norman (2000) et Söderling (2009, 2010) ne viennent s’empaler en finale contre Kuerten et Federer. Who’s next ? Teltscher, Eliot : un des épisodes les plus drôles de l’histoire de Roland. Eliot Teltscher, un youngster US, plutôt habile sur terre battue, ne supporte pas d’avoir perdu un premier tour contre Ilie Nastase en fin de cycle. Il pleut à moitié, le court est envahi par une foule badine et Teltscher perd les pédales. Il empoigne l’arbitre par le col alors qu’un dirigeant étrangle le crocodile yankee pour qu’il arrête. 2 500 dollars de punition pour le belligérant. Ça vaudrait combien aujourd’hui ? Une heure, dix-neuf minutes : le point plus long de l’histoire de Roland-Garros entre mesdemoiselles Ricart et Marot dans le simple dames de 1981. La balle est passée 989 fois au-dessus du filet. Vladimir Velickovic : mais aussi Folon, Aillaud, Alechinsky, Miro, Meurice, Scully ont créé une affiche pour Roland-Garros. Cette année, c’est Hervé Di Rosa qui s’y colle. Modeste, coloré, qui emprunte au graffiti et au rock… Wawrinka, Stanislas : parce qu’il fallait bien un W. Champion olympique en double à Pékin avec « Rodddggger », le 21ème mondial ne sera pas dans la même partie de tableau que son légendaire compatriote qui l’a stoppé en huitième ces deux dernières années. X (facteur) : l’équation étrange qui en dit tellement sur l’époque. Hormis le Big Three, Lleyton Hewitt (US Open 2001, Wimbledon 2002) et Roddick (US Open 03) dans des temps immémoriaux, il n’y a qu’un vainqueur de Grand Chelem dans le tableau des 128 joueurs du tableau. C’est Juan-Martin Del Potro (US open 09), le seul titre qui a échappé aux trois ogres depuis la victoire de Marat Safin en Australie, en 2005. Y (génération) : la génération Y -née globalement entre 1980 et 2000, avec un ordi dans le couffin- connaît également ses précaires, classés la plupart du temps au-delà de la cent-cinquantième place mondiale mais qualifiés dans le tableau : Mannarino, Devilder (France), Krajinovic (Serbie), Baker (USA), Kuznetsov (Russie), Munoz de la Nava (Espagne)… Zvereva, Natacha : finaliste à dix-sept ans en 1988, l’ex-Soviétique encaisse deux roues de bicyclette (6-0, 6-0) en trente-quatre minutes, contre une Steffi Graf (19 printemps), injouable. Cette année-là, l’Allemande fera le Grand chelem et remportera l’or olympique. Par Rico Rizzitelli
Pour aller plus loin
Pour en savoir plus sur le projet #FAAPOINTSFORCHANGE avec Félix Auger-Aliassime