Certains d'entre vous sont encore en vacances, j'imagine. Pour les autres, ceux qui ne le sont plus et pour ceux, encore mois chanceux, qui ne l'ont jamais été, laissez-moi vous emmener en voyage... dans le temps....
Certains d'entre vous sont encore en vacances, j'imagine. Pour les autres, ceux qui ne le sont plus et pour ceux, encore mois chanceux, qui ne l'ont jamais été, laissez-moi vous emmener en voyage... dans le temps. Période : les années 80. Lieu : n'importe où du moment que Brad Gilbert est en train de jouer en souffrant d'une blessure. Vous y êtes? On y va!
«Putain de merde, cette jambe me fait mal ! (Gilbert était à la fois bavard et grossier, c'est donc pour la véracité de la scène que je me permets d'y glisser un gros mot) Qu'est ce que je fais? Je continue? J'abandonne ? Je ne peux plus m'appuyer sur ma jambe droite. J'ai l'impression qu'on m'enfonce une lame dans le tibia à chaque fois que je prends appui sur ma jambe droite. Tant pis, je continue, même si ça va me coûter 1 mois de blessure derrière. Je ne peux pas abandonner. J'aurais l'air de quoi, d'une chochotte qui va se faire chambrer dans le vestiaire ? ».
Retour au présent, fin du voyage.
Je suis en ce moment aux Etats-Unis. L'autre soir, je regardais la demi-finale de Montréal entre Jo et Novak. Après que Jo ait abandonné, l'ami Gilbert, homme de terrain pour ESPN, a livré ses impressions sur le match et sur l'abandon du Français. Avec un air attristé, plein d'une démagogie dégoulinante, l'ex-joueur a lourdement critiqué l’abandon de Tsonga en rappelant que le public avait payé pour voir un match et que Tsonga aurait pu faire l'effort de terminer. A la fin de son petit discours moralisateur, Gilbert affirmait que lui n'avait jamais abandonné durant un match.
Inutile de vous dire que je n'en croyais pas un mot. Ni une ni deux, je suis allé vérifier l'information Eh ben il disait la vérité le Brad ! Jamais abandonné un match, l'ami.... Et s'il il avait raison finalement ? Et si les joueurs d'aujourd'hui avaient l'abandon un peu facile ? J'ai donc vérifié si Jo était un habitué des abandons....Résultat : une dizaine de parties arrêtées en cours dans sa carrière...
So what ? Je crois que la vérité est un peu plus compliquée que les déclarations simplistes de Brad Gilbert. S'il y a plus d'abandons de nos jours, c'est aussi que les joueurs sont plus professionnels, plus à l'écoute de leur corps, plus soucieux d'éviter la blessure. Autre élément à prendre en compte, le tennis professionnel n'est plus celui des années 80. Aujourd'hui, les joueurs tapent plus fort, le jeu est devenu plus physique, la musculation s'est invitée à la fête, et ça se sent.
Mais ce que Brad a surtout oublié de mentionner durant son petit speech, c'est que dans quinze jours, il y a un Grand Chelem. Et qu'à l'US Open 2011, Jo a zéro point à défendre et donc tout à gagner. Aujourd'hui, le Français pointe à la 10e place mondiale et il a une vraie chance de finir l'année aux Masters. Mais pour ça, il ne peut pas faire n'importe quoi et il le sait. Visiblement Brad non.