Comment gagner sur terre battue…par Guillermo Vilas

9 avr. 2013 à 10:28:06

Alors que la saison sur terre battue débute cette semaine, le recordman des victoires et des tournois remportés sur la surface, Guillermo Vilas, nous livre les secrets de la « poussière de brique », comme on...

Alors que la saison sur terre battue débute cette semaine, le recordman des victoires et des tournois remportés sur la surface, Guillermo Vilas, nous livre les secrets de la « poussière de brique », comme on l’appelle en Argentine.

  Rafael Nadal portait encore des culottes courtes lorsque Guillermo Vilas décida de ranger sa raquette au placard. Et à ce jour, l’Argentin est toujours le recordman des victoires sur cette terre battue que l’Espagnol affectionne tant, avec 632 matches et 46 tournois remportés sur la surface rouge brique. Un revêtement dans lequel s’enracine le jeu des tennismen albicelestes. « En Argentine, on trouve quasi exclusivement des courts en terre battue, personne ne joue sur des courts en dur », rappelle Guillermo Vilas, en indiquant un terrain synthétique qui se trouve un peu plus loin. « Regardez, il n’y absolument personne, même pas pour prendre le soleil », ironise-t-il, avant de nous livrer les secrets de son hégémonie sur terre battue, de 1973 à 1988 : « Je frappais toujours la balle en lui donnant un effet, alliant technique et puissance ».  

La « Bible » de Tilden

Un coup dont il a percé les mystères dès son plus jeune âge : « Mon premier professeur de tennis s’appuyait sur un livre de William Tilden (ndlr : un tennisman américain des années 1920-1930, auteur de l’ouvrage de référence « Match Play and The Spin of the Ball », soit « Rencontres et effets de balle »), que personne ne lit car il est très long… Je l’ai lu et j’ai suivi ses préceptes. Il dit dans ce livre que le champion du futur sera celui qui maîtrisera les effets ». Le Marplatense (de Mar del Plata) s’attèle à la tâche avec ferveur, s’employant à apprivoiser la poussière rougeâtre comme personne : « La terre battue décuple les effets, car comme elle accroche, elle change la trajectoire de la balle au moment de l’impact. Les effets sur la terre battue sont aussi importants qu’au billard. Si tu ne les maîtrises pas, tu ne peux pas gagner ». Le meilleur joueur de tennis argentin de l’Histoire avoue ainsi avoir une petite préférence pour « l’over-spin, qui consiste à frapper la balle de haut en bas, soit l’inverse du lift ».  

Patinage et semelle américaine

Outre l’art de la trajectoire de balle, « le plus important sur la terre battue, c’est de savoir patiner », jure le vainqueur de Roland Garros 1977, défait en finale de ce même tournoi en 1975, 1978 (par Borg) et 1982 (par Wilander). « Nadal, Borg ou moi sommes de grands ‘glisseurs’ : nous savons parfaitement patiner, freiner et nous orienter sur la terre battue, sans se laisser emporter », insiste Guillermo Vilas au présent, une manière de rappeler qu’il vient taper dans la balle tous les jours de la semaine dans le club qui porte son nom, dans le quartier huppé de Belgrano, au nord de Buenos Aires. D’après lui, si « les Américains ne gagnent jamais à Roland Garros », c’est parce qu’« ils freinent avec la pointe du pied, alors qu’il faut freiner en mettant son pied latéralement, un peu comme au ski. Si tu cours vite et que tu ne sais pas freiner, tu te retrouves au Canada… » A la fin des années 1970, les équipementiers se disent même qu’ils feraient bien de chouchouter leurs champions : « Chaque surface nécessite des chaussures spéciales. A l’époque, on ne donnait pas trop d’importance à ce genre de détails. Le tennis se jouait relativement lentement. Borg, Connors et moi jouions deux fois plus vite. On nous avait conçu des chaussures qui accrochaient davantage ».  

Charpenté comme Yannick Noah

Dernier ingrédient : la sueur. Sur terre battue, le corps est mis à rude épreuve : « Il faut être en excellente condition physique, car la terre battue te fait multiplier les courses, les arrêts, les sauts. C’est très fatigant. Beaucoup de muscles sont sollicités. Je m’entrainais beaucoup avec Borg, pendant de longues heures. Yannick Noah aussi avait une bonne condition physique ». Ce joli trio a régalé Roland Garros deux décennies durant, en faisant mordre la poussière rouge à plus d’un adversaire. Désormais il est seul ou presque à avoir ce privilège-là. Et il y a longtemps qu’il a troqué ses culottes courtes pour séances physiques éprouvantes, un cordage plutôt souple et des chaussures anti-patinage, donc.   Par Florent Torchut, à Buenos Aires

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