Les récents démêlés de Jennifer Capriati avec la justice rappellent que l’histoire du tennis n’est malheureusement pas faite que de tenue blanche, de discours policés et de sourires ultra-bright. Parfois, c’est en dehors des courts que certains lâchent vraiment leurs coups.
1/ Fauviau, un jeu à dormir debout
C’est l’histoire d’un père faisant passer la réussite tennistique de sa progéniture avant tout. Christophe Fauviau avait visiblement de grands projets pour ses deux enfants, Maxime (15 ans) et Valentine (12 ans). Pour leur faciliter la tâche, le paternel un brin dépressif avait un secret maison : diluer un anxiolytique dans la bouteille d’eau de l’adversaire et laisser agir. Ainsi, entre 2000 et 2003, il aura drogué pas moins de six garçons et vingt-et-une filles ! Mais la belle aventure prend fin au tournoi de Bascons lorsqu’après la demi-finale, une victime de Maxime - un certain Sébastien - décide d’envoyer sa bouteille et son contenu à la gendarmerie pour analyse. La raison ? La facilité avec laquelle Maxime Fauviau décroche la timbale – un bouquet garni et 150 euros - en finale aux dépens d’un adversaire complètement groggy. D’autant que lui aussi, en demi-finale, avait plus la tête à faire un gros roupillon qu’un service gagnant. L’analyse révèlera la présence du médicament Temesta. Plus grave, c’est aussi la substance retrouvée lors de l’autopsie d’Alexandre Lagardère. Le 3 juillet 2003, ce jeune homme âgé de 25 ans rate un virage et s’écrase contre un arbre. Et alors ? Quelques heures plus tôt, il s’était incliné contre Maxime Fauviau… Arrêté fin juillet 2003, de retour d’Egypte où il accompagnait sa fille sur un tournoi international, Christophe Fauviau sera condamné, le 9 mars 2006, par la cour d’assise des Landes à huit ans de prison.
2/ Complètement Parche…
Il y a presque vingt ans, le 30 avril 1993, le monde entier découvre le visage de Günter Parche. Et pas sous son meilleur profil. Âgé de 38 ans, cet ouvrier au chômage assiste au quart de finale du tournoi de Hambourg entre Magdalena Maleeva et Monica Seles. Cette dernière, alors n°1 mondiale, l’agace au plus haut point. Du haut de ses 20 ans, la Yougoslave qui vise cette année-là un quatrième sacre à Roland Garros, surfe sur la vague du succès. Et empêche du même coup l’Allemande et compatriote de Parche, Steffi Graf, de poser ses jolies fesses dans le fauteuil de leader du classement mondial. Alors, à Hambourg, Günter a tout prévu. Bien placé derrière le banc de Seles, il profite d’un changement de côté pour planter un couteau de cuisine entre les deux omoplates de Monica. La lame, longue de 12 centimètres, ne touche heureusement aucun point vital. Pour son geste, Günter Parche, reconnu par les experts comme déficient mental, sera condamné le 30 octobre 1993 par le tribunal de Hambourg à une peine deux ans de prison avec sursis assortis de soins psychiatriques. Pour l’agresseur, l’important n’est pas là : grâce à lui, en partie du moins, Steffi Graf retrouve en juin 1993 son fauteuil de n°1 mondiale après son succès à Roland Garros aux dépens de Mary Joe Fernandez. Monica Seles, quant à elle, ne fera son retour à la compétition qu’en août 1995. Après vingt-huit mois de dépression.
3/ Edberg, effet béton
10 septembre 1983, demi-finale de l’US Open junior. Patrick McEnroe affronte Stefan Edberg. Plus connu pour son aisance au filet que pour sa faculté à balancer des caramels au service, le Suédois va involontairement terrasser Richard Wertheim. Voulant éviter de se prendre pleine poire la première balle du Suédois, le juge de ligne âgé de 61 ans esquive mais est touché au niveau de l’aine. Déséquilibré, il s’écroule et se fracture le crâne contre le sol en ciment. Il décèdera cinq jours plus tard d’un œdème cérébral. Entre-temps, Stefan Edberg, lui, s’imposera en finale contre l’Australien Simon Youl et entrera dans l’histoire comme le premier junior à glaner les quatre tournois du Grand Chelem la même année.
4/ Saint-Léger, le mal nommé
Thomas Saint-Léger Gould. Tapez son nom sur Google et vous n’obtiendrez aucune photo. Tout juste un portrait. Si l’homme fit parler de lui en 1879, pour s’être hissé en finale de Wimbledon – battu par John Hartley – il fera la Une des journaux en… 1907. Joueurs, Thomas et sa femme Emma écument tous les casinos de la Côte d’Azur. Et, très vite, le couple connaît des problèmes de trésorerie. Mais voilà qu’un beau jour, les deux amoureux croisent la route d’une vieille mais riche Danoise. Quelques semaines plus tard, alors qu’ils s’apprêtaient à embarquer en gare de Nice, l’une de leurs valises suscite la curiosité d’un bagagiste qui, se fiant à son flair, alerte très vite la police. En ouvrant la valise, celle-ci découvre le corps de la Scandinave découpé en morceaux. Thomas et Emma Saint-Léger Gould finiront leurs jours en prison.
5/ Sexe, drogue et grosse bagnole
Des pépins physiques à répétition, une carrière qui bat de l’aile, un petit copain cuisinier/DJ confondant farine et cocaïne, et voilà comment on se retrouve mêlé à une affaire de stupéfiants. C’est, grosso modo, la descente aux enfers de Claudine Schaul. Ex-41e mondiale, victorieuse en 2004 du tournoi de Strasbourg aux dépens de Lindsay Davenport, la Luxembourgeoise tentera d’oublier ses soucis en tombant dans la drogue et en préparant les sachets que son boyfriend s’en allait vendre. Ce petit manège durera toute l’année 2011. Jusqu’au jour où, après avoir placé le téléphone du dealer sur écoute, la police grand-ducale décide d’interpeller celui-ci sur son lieu de travail. Dans sa voiture, qui est en l’occurrence celle de la joueuse, la police découvre quelques doses. Suffisant pour traduire le couple, en voie de séparation, en justice. Le 13 novembre dernier, le tribunal de Luxembourg condamne Claudine Schaul à 18 mois de prison avec sursis, 1500 euros d’amende et une suspension de permis d’un an pour consommation et trafic de drogue. Pour retrouver trace de Claudine désormais, il faut remonter au 755e rang mondial.
Par Charles Michel