A quoi sert un bon agent dans le tennis ?

5 mars 2013 à 17:39:59

De même que les footballeurs possèdent leurs représentants, un agent se cache derrière chaque joueur du circuit ATP. Zoom sur une profession de l’ombre. A l’instar de ses confrères, Marc Legris cumule les casquettes...

De même que les footballeurs possèdent leurs représentants, un agent se cache derrière chaque joueur du circuit ATP. Zoom sur une profession de l’ombre.

A l’instar de ses confrères, Marc Legris cumule les casquettes de directeur commercial, responsable logistique, juriste, et même de community manager. Sa profession ? Agent de joueur de tennis. « Je suis chargé de développer l’image de Nicolas Mahut dans l’ouest de la France. Cela peut aller de la mise en place de partenariats avec des entreprises du tissu local, à la négociation d’un rôle d’ambassadeur pour un tournoi challenger. C’est aussi moi qui gère sa page Facebook ainsi que son site Internet », explique t-il. En parallèle, il met en relation divers joueurs du Top 100 mondial avec des clubs français pour les compétitions interclubs. En effet, si on voit mal Nadal mettre en stand-by sa saison pour défendre les couleurs de Majorque, les rencontres par équipe restent un marché lucratif pour les joueurs situés au delà de la cinquantième place à l’ATP. Et des joueurs tels Simon ou même Tipsarevic participent toujours à ce type de compétitions. « Certains directeurs de clubs peuvent investir jusqu’à 300 000 euros pour constituer une équipe. Ils nous mandatent alors pour trouver des joueurs, ou au contraire des joueurs nous demandent ‘de leur trouver du boulot’. Et nous touchons un pourcentage sur le contrat », détaille Alexis Tetang, qui travaille notamment pour le compte de Marc Gicquel ou Josselin Ouanna.  

« Il n’y a pas la place pour 30 agents »

Preuve que, bien que le tennis soit un sport individuel, le métier n’est pas si éloigné que ça de celui d’agent de footballeur, dont l’activité consiste à négocier le transfert et le salaire de ses poulains moyennant une commission. A la différence près qu’il s’agit là d’opérations ponctuelles concernant des périodes courtes, la durée des compétitions par équipe n’excédant que rarement un mois. « Et surtout, il y a beaucoup plus de joueurs sur le marché et les montants engagés n’ont rien à voir. Un joueur de Ligue 2 peut toucher 20 000 euros par mois. Son équivalent en tennis, soit un type autour de la 400ème place mondiale, est très loin de toucher un tel salaire », enchérit Alexis Tetang. Contrairement aux idées reçues, agent n’est donc pas synonyme d’argent. Sauf, bien sûr, pour les représentants exclusifs des joueurs du gratin mondial, qui sont l’apanage des grosses sociétés type IMG ou Octagon. Ces derniers, dont le rôle est encore plus exhaustif (réservation des hôtels, demande de wild card et d’invitations, négociation des droits à l’image, organisation d’exhibitions, etc.) se comptent sur les doigts d’une main. Sur la trentaine d’agents que compte le contingent français, seulement une poignée parvient à vivre pleinement de cette activité. « Moi même, je gère une société informatique en parallèle, et beaucoup de mes confrères sont dans le même cas que moi. Il n’y a pas la place pour 30 agents », souligne Jauffrey Faustini, sous contrat avec un junior.  

« Il faut savoir leur déconseiller certains déplacements »

Devant l’étroitesse du marché, la FFT a d’ailleurs régulé la profession en 2007 en rendant obligatoire l’obtention d’une licence pour pouvoir exercer. « Le métier était auparavant parasité par une nouvelle génération d’agents autoproclamés, beaux parleurs, mais qui dans la réalité ne tenaient pas leur promesse vis à vis des joueurs », relate Alexis Tetang. Car un bon agent n’est pas qu’un businessman averti payé à dénicher du contrat. C’est également un confident, voire un grand frère. « Il faut savoir leur déconseiller certains déplacements, même s’il y a de l’argent au bout, si l’on estime que ce n’est pas bon pour eux », illustre ainsi Alexis Tetang. Un point de vue partagé par Jauffrey Faustini : « On peut tous avoir accès aux sponsors, ce n’est pas le problème. Ce dont les joueurs ont besoin avant tout, c’est d’une relation de proximité ». Preuve que dans le monde de la balle jaune, l’affectif a sa place dans le business.   Par Marc Hervez

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