Que devient Gaston Gaudio ?

5 mars 2013 à 17:37:48

« Lundi. » « Mardi. » « Mercredi. » « Jeudi. » « Vendredi. » « Samedi. » « Dimanche. » Qu’attend t-il donc, Gaston Gaudio, à égrener ainsi les jours de la semaine sur son compte Twitter avec une confondante...

« Lundi. » « Mardi. » « Mercredi. » « Jeudi. » « Vendredi. » « Samedi. » « Dimanche. » Qu’attend t-il donc, Gaston Gaudio, à égrener ainsi les jours de la semaine sur son compte Twitter avec une confondante régularité ? A quoi le vainqueur de Roland-Garros 2004 peut-il bien occuper ses journées depuis qu’il a mis un terme à sa carrière, en 2011 ?

  Gaston Gaudio appartient de plain-pied à la grande famille des écorchés vifs. De son succès à Roland-Garros, acquis à l’issue de l’un des renversements de situation les plus spectaculaires de l’histoire, face à son compatriote Coria (0-6, 3-6, 6-4, 6-1, 8-6), l’enfant de Buenos Aires a gardé une image étonnante, paradoxale, qu’il relatait au quotidien national Clarin au lendemain de sa retraite, fin 2011 : « La nuit avant la finale, Franco (Davin, son coach, qui s’occupe aujourd’hui de Juan Martin del Potro, ndlr) me disait que c’était le moment le plus important de ma vie. Moi je lui ai répondu que le tournoi se terminait enfin. J’étais plus content de pouvoir terminer le tournoi, en finir avec la souffrance mentale de tous les matchs joués, que de jouer la finale la plus importante de ma vie. Je ne me rendais pas compte que la journée qui s’annonçait allait changer ma vie pour toujours. »   Doté d’un tennis de terrien complet, d’un revers à une main chatoyant et d’un déplacement de chat, Gaston « el Gato » Gaudio avait un jeu aussi pur que l’esprit torturé. Se définissant comme quelqu’un d’attaché à l’esthétique, la manière a toujours revêtu à ses yeux au moins autant d’importance que le résultat : « Je suis Argentin. Chez nous, il y a deux voies possibles : celle de Menotti, et celle de Bilardo (les deux seuls entraîneurs qui ont conduit l’Argentine à un titre de championne du monde de football, ndlr). Moi j’ai toujours été menottista. Le geste compte. »  

Labo photo, divan et rôle dans une série TV

Après les premiers moments passés à réapprendre la vie sans voyages, sans entraînements, bref, sans tennis – « les premiers mois sont fantastiques, mais si tu n’es pas fort dans ta tête tu peux finir en dépression », dit-il de cette période – faut-il s’étonner que sa quête du beau geste l’ait amené à caler un appareil photo dans la paume de sa main, là où il serrait auparavant sa raquette ? « J’ai monté un labo photo chez moi. Je fais des photos avec des appareils argentiques : les numériques ne me vont pas. » Non dénué d’humour, il a également tenu un petit rôle dans une série télévisée, Los graduados, où il joue un dépressif chronique passant sur le divan d’un psy, avec pour gimmick son célèbre « Que mal la estoy pasando ! », phrase qu’il s’envoyait régulièrement à la figure quand il était perdu sur le court, et qui peut se traduire par : « Quel sale moment je suis en train de passer ».   Autre clin d’œil, la série parle d’un groupe d’amis qui dresse le bilan de leur vie. Le bilan, Gaston l’a fait aussi : « Le tennis m’a permis de vivre de ma passion. Ce n’est pas donné à n’importe qui de pouvoir le faire. Mais tu perds des choses, aussi. Déjà, tu perds une partie de ton adolescence, qui est une période très sympa. Tu ne peux pas sortir le soir entre amis, tu ne peux pas jouer au foot. Quand tu passes professionnel sur le circuit, tu deviens une entreprise. Il y a toute une infrastructure derrière. Maintenant que j’ai arrêté, c’est moi qui appelle mes amis pour faire des sorties et ce sont eux qui ne peuvent pas. Aujourd’hui, je tente de récupérer le temps perdu. »  

« J’espère avoir apporté un peu de joie à quelqu’un »

Et le tennis, dans tout ça ? Les premiers temps après sa retraite, il a décroché. Puis, petit à petit, le virus de la balle jaune a fait sa réapparition. Cela a commencé avec des exhibitions en Amérique du Sud avec ses potes Kuerten, Chela ou del Potro, puis quelques expériences de consultant dans les médias argentins. Ces dernières semaines, l’homme qui a filé des cheveux blancs à Franco Davin s’essaie pour la première fois à la transmission de son expérience, s’occupant ponctuellement d’un jeune compatriote de 20 ans, Facundo Arguello. En paix avec lui-même, enfin ? « À ceux qui se levaient pour voir mes matchs à la télé, je leur dirai que j’espère qu’ils ont pris du bon temps avec certains de mes matchs. Car à la fin c’est ce dont il s’agit, prendre du plaisir. Avec le tennis et le sport. Moi j’ai essayé. J’espère avoir apporté un peu de joie à quelqu’un. »   Par Guillaume Willecoq

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