Dix histoires pour une Fed Cup

5 févr. 2013 à 19:28:21

C’est la petite sœur de la Coupe Davis par BNP Paribas. La Fed Cup fête cette année son demi-siècle d’existence. Cinquante ans de joutes entre les meilleures, et au moins autant de grandes et petites histoires à...

C’est la petite sœur de la Coupe Davis par BNP Paribas. La Fed Cup fête cette année son demi-siècle d’existence. Cinquante ans de joutes entre les meilleures, et au moins autant de grandes et petites histoires à raconter. En voici dix, où se mêlent une Evert qui n’est pas Chris, les yeux revolver de Myskina, le coup de boule de Zidane, une enfant très précoce et un vestige du passé très bien conservé.

 

1- « Wightman Cup», la pionnière

Si la Coupe de la Fédération, devenue par la suite Fed Cup, apparaît en 1963, l’idée d’un challenge féminin par équipes naît dès 1919, quand L’Américaine Hazel Wightman présente un projet s’inspirant de la prestigieuse Coupe Davis. Entre contraintes financières considérables et vedettes européennes peu concernées, la Wightman Cup voit finalement le jour en tant que face-à-face annuel entre Etats-Unis et Royaume-Uni. L’épreuve va perdurer jusqu’en 1989, mais s’essouffle avec la concurrence de la Fed Cup et le déclin du tennis britannique. Et au bout de 70 ans, le combat cessa, faute de combattants...  

2- Quand Billie Jean King exclut sa n°1 juste avant le match

Avril 2002, le match USA – Autriche, à Charlotte, a sur le papier tout d’une promenade de santé pour les locales. Mais voilà, la capitaine Billie Jean King a instauré des règles de vie drastiques en équipe : ni coachs, ni agents, ni entraînements hors du groupe pour les filles retenues. Stefano Capriati, entraîneur de sa fille Jennifer, n°2 mondiale, tente de transgresser la règle à plusieurs reprises. La tension ne cesse de monter, et explose à quelques heures du premier match : la capitaine et sa leader ont une explication houleuse à la fin d’un entraînement, et King exclut Capriati de l’équipe. Les compositions d’équipe étant déjà officielles, c’est donc sur forfait que les USA perdent leur premier point le samedi. Puis la rencontre le lendemain. « Je n’ai aucun regret, dira Capriati. S’il y a des regrets à avoir, c’est du côté de Billie Jean. L’équipe a perdu une de ses meilleures joueuses dans cette histoire. »  

3- Madame Navratilova

Martina Navratilova a réalisé quelques performances d’envergure en Fed Cup. Et en premier lieu, celle de s’être imposée sous les couleurs de deux pays différents : la Tchécoslovaquie (1975) et les Etats-Unis (1982, 86 et 89). Elle est aussi la joueuse la plus âgée ayant disputé un match de Groupe Mondial : en 2003, à 47 ans, elle fait son retour dans une équipe qu’elle avait quitté en 1995, au moment de sa première retraite. Titrée entre-temps en tant que capitaine de l’équipe américaine en 1997, Navratilova s’offre trois victoires supplémentaires en quatre sélections de double, la dernière en juillet 2004 face à l’Autriche. A presque 48 ans. Prends ça, Kimiko Date.  

4- Hingis comme Federer

Peu de championnes manquent au palmarès de la Fed Cup. Mais la plus grande maudite de l’épreuve est peut-être Martina Hingis. Avec sa solide n°1 mondiale et une bonne n°2 en la personne de Patty Schnyder, la Suisse n’était pourtant pas l’équipe la moins armée de la fin des années 90. Mais le caractère difficile des deux jeunes femmes, ainsi qu’un manque certain de persévérance, ont eu raison de leurs chances de victoire. La meilleure opportunité survient en 1998, où elles s’inclinent en finale, à Genève, face à l’Espagne d’Arantxa Sanchez et Conchita Martinez. Hingis remporte bien ses deux simples, mais Schnyder, 11e mondiale, perd à chaque fois les siens à l’arrachée. Exténuée, la gauchère n’existe pas dans le double décisif, perdu 6/0 6/2 avec Hingis. La quintuple lauréate en Grand chelem ne rejoua jamais en Fed Cup.  

5- Un pays suspendu

En juillet 2006, l’Indonésie doit disputer les barrages du Groupe II mondial en Israël, à Ramat Ha-Sharon. Mais le contexte est tendu, suite à la reprise par Israël des opérations militaires dans la bande de Gaza. L’Etat indonésien, plus important pays musulman du globe et fervent défenseur des droits palestiniens, dépose une requête auprès de la Fédération internationale pour que la rencontre soit jouée en terrain neutre, craignant pour la sécurité de sa délégation. Devant le refus de l’ITF, l’Indonésie décide de boycotter la rencontre. Relégué sur tapis vert, le pays se voit en outre privé de compétition l’année suivante.  

6- Les poupées russes se crêpent le chignon

Au milieu des années 2000, le tennis féminin parle russe. Alors qu’Anastasia Myskina, Maria Sharapova et Svetlana Kuznetsova ont tour à tour remporté Roland-Garros, Wimbledon et l’US Open en 2004, la cohabitation se fait difficile en équipe nationale. Quand Sharapova, établie en Floride depuis l’enfance, se rend disponible à quelques semaines de la finale contre la France, programmée à Moscou, les plus beaux yeux verts de la WTA se font revolver. Cible de la colère de Myskina, Yuri Sharapov, père de Maria, connu pour ses provocations envers les adversaires de sa fille : « Son comportement avec les autres joueuses est inacceptable. Il est tout simplement vulgaire. Je ne veux pas d’une personne telle que lui autour de moi. Si Maria se joint à notre équipe, vous ne me verrez pas en Fed Cup. Je ne veux pas être dans une équipe avec des gens qui ne me respectent pas. » Et d’asséner : « Maria est plus américaine que russe. Elle parle russe avec un accent grossier. » Excellente joueuse de Fed Cup, Myskina aura le dernier mot et, en gagnant ses trois matchs contre les Bleues, offrira à la Russie son premier titre en Fed Cup en novembre.  

7- Une Evert peut en cacher une autre

Enfant, on la disait plus douée encore que sa sœur Chris. Jeanne Evert a joué au tennis à haut niveau, sans jamais sortir de l’ombre encombrante de son aînée de trois ans. Seizième de finaliste à l’US Open en 1973 et 1978, son principal fait d’armes est d’avoir grandement contribué au bon parcours américain en Fed Cup en 1974. Sans Chris. Cette année-là, Jeanne remporte ses quatre simples disputés sur la route de la finale. Les Etats-Unis perdront malgré tout cette ultime rencontre contre l’Australie de Goolagong. Et Jeanne Evert ne sera plus jamais sélectionnée en Fed Cup.  

8- Waterloo à Charleroi

Opposée à l’Italie en finale en 2006, la Belgique fait figure de grande favorite. Justine Hénin et Kim Clijsters enfin alignées ensemble, dans la peau des n°2 et 3 mondiales, devant leur public de Charleroi : l’assurance de faire la fête le dimanche soir ? Même pas. La poisse s’abat sur l’équipe. A l’été, Clijsters rechute d’une blessure au poignet et met un terme à sa saison. En finale, Hénin signe deux victoires contre Pennetta et Schiavone, mais le match contre cette dernière, âpre, laisse des traces : la Wallonne a réveillé une douleur au genou droit. Pour compléter le tableau de la débâcle qui se dessine, sa coéquipière Kirsten Flipkens souffre quant à elle de la cuisse. Des deux blessées, c’est finalement Hénin qui capitule la première lors du double décisif : à 2-0 au 3e set, la gagnante de Roland-Garros abandonne. C’est Waterloo pour l’équipe belge.  

9- Label hellène

La Grèce ne pèse pas bien lourd en tennis, mais c’est une Hellène qui détient le record de précocité pour une sélection en Fed Cup : en 1977, Denise Panagopoulou, à cinq jours de fêter ses 13 ans, fait ses débuts dans l’épreuve contre le Portugal. Et pas pour faire de la figuration : alignée en premier match, elle lance parfaitement son équipe en battant son adversaire en trois sets. Passée depuis de l’autre côté du filet du monde sportif – elle travaille aujourd’hui au comité national olympique grec –, elle peut dormir tranquille : son record ne sera jamais battu, la réglementation imposant dorénavant un âge minimal de 14 ans pour concourir en Fed Cup.  

10- Coup de boule de Zidane vs doigt d’honneur de Pennetta

« Sur le moment, je n'ai pas vu et je n'ai pas compris, mais elle a dit à l'arbitre qu'elle était une "p..." et elle lui a fait un doigt. Elle aurait dû sortir immédiatement du terrain. » L’Italie a été ces dernières années une redoutable équipe de Fed Cup, glanant trois titres grâce à Francesca Schiavone et Flavia Pennetta. Ce jour de février 2009 à Orléans, c’est cette dernière qui est l’objet du courroux d’Amélie Mauresmo. Dans le jeu décisif du deuxième set, l’Italienne conteste une décision de l’arbitre qui offre balle de match à Mauresmo. Après plusieurs minutes de palabres au pied de la chaise d’arbitre, celle-ci adresse un simple avertissement à Pennetta. Mauresmo perd ce tie-break, puis le match. Désabusé, le capitaine Nicolas Escudé fait dans l’ironie : « Quand Zidane met un coup de boule, il sort du terrain. Chez nous, on a le droit de tout faire, c’est magnifique. »   Par Guillaume Willecoq

Avantages

Découvrez les avantages WE ARE TENNIS

En savoir plus