Opposés respectivement au Canada, à la Belgique et à Israël, les favoris espagnols, serbes et français vont devoir se méfier : depuis l’instauration du World Group en 1981, le premier tour de Coupe Davis par BNP Paribas peut réserver bien des surprises. La preuve par dix.
Le Paraguay face à la France en 1985
En présence du dictateur Alfredo Stroessner et dans une salle surchauffée, les favoris Henri Leconte et Yannick Noah tombent dans un guet-apens à Asunción. En tribune, les 3000 supporters paraguayens mettent une énorme pression, tandis que les matchs se disputent sur un parquet vitrifié à la limite de la légalité. Du fait de la chaleur et de l’absence de climatisation, les parties ne peuvent démarrer qu’en fin d’après-midi pour se terminer au milieu de la nuit. Menée 0-2 à l’issue du premier jour, la France revient à égalité grâce au double et à Noah, avant que Victor Pecci ne donne la victoire aux siens, en 4 sets face à un Henri Leconte effrayé: « On sortait du court en se protégeant avec nos raquettes pour ne pas se faire massacrer. »
Le Mexique face à la RFA en 1986
Finaliste de la précédente édition (2-3 face à la Suède), l’équipe d’Allemagne de l’Ouest de Coupe Davis par BNP Paribas débarque à Mexico pour disputer ce premier tour avec un légitime sentiment de supériorité. Elle pourrait même se croire à la maison, les matchs se disputant dans un lieu appelé le « German Club ». Mais si Boris Becker gagne ses deux matchs en simple, il doit s’incliner en double avec Andreas Maurer et voit son compatriote Michael Westphal perdre ses moyens, d’abord face à Francisco Maciel puis contre Leonardo Lavalle lors du match décisif. Becker séchera vite ses larmes en allant conquérir cette même année son premier titre du Grand Chelem à Wimbledon.
L’Italie face à la Suède en 1990
Coup de tonnerre en Sardaigne ! Vaincue par l’Italie, l’équipe de Suède quitte la compétition dès le premier tour pour la première fois depuis 1971. Elle restait même sur une énorme série de sept finales consécutives et trois titres conquis en 1984, 1985 et 1987. L’exploit italien a été rendu possible grâce à un homme surtout, Paolo Cane, vainqueur en double avec Diego Nargiso et dominateur en simple face à Jonas Svensson et Mats Wilander, lors d’un match décisif arraché en cinq sets.
Le Brésil face à l’Allemagne en 1992
Sur la terre battue de Rio, le modeste Jaime Oncins est le héros de ce premier tour disputé face à l’Allemagne réunifiée. Boris Becker fait pourtant le travail lors du match inaugural, mais le Brésil va ensuite faire une razzia, avec deux victoires en simple d’Oncins face à Steeb et Zoecke, ainsi que le double décroché par le « vieux » Cassio Motta associé à Fernando Roese.
L’Afrique du Sud face à l’Australie en 1995
L’année 1995 marque le grand retour de l’Afrique du Sud sur la scène sportive internationale. Grâce aux Springboks surtout, vainqueurs de la Coupe du monde de rugby à domicile. Grâce à l’équipe de Coupe Davis par BNP Paribas, aussi un peu, qui se hisse en quart de finale après sa victoire au premier tour face au favori australien, vainqueur de l’épreuve deux ans auparavant. Imbattable en double avec son compère Todd Woodbridge, Mark Woodforde manque ses deux matchs de simple, tandis que Patrick Rafter est lui aussi contraint de s’incliner face à un Wayne Ferreira royal tout au long du week-end.
Le Zimbabwe face à l’Australie en 1998
Pour ses grands débuts dans le circuit mondial, l’équipe du Zimbabwe frappe un grand coup en éliminant d’entrée l’Australie chez elle, sur gazon. Cette performance est l’œuvre des frangins Wayne et Byron Black, qui gèrent les simples et sont associés en double. Deux victoires de Byron et une de Wayne permettent de valider l’exploit et d’effacer la logique défaite en double. Vexée, l’équipe australienne prendra sa revanche sur ce même adversaire dès l’année suivante. Aujourd’hui, les frères Black sont à la retraite et le Zimbabwe a plongé en 3e division africaine…
La Slovaquie face à la Suède en 1999
Tenante du titre, la Suède est opposée pour la seconde année consécutive à la Slovaquie, un nouveau venu sur la scène internationale. Comme l’année précédente, Karol Kucera et Dominik Hrbaty prennent le meilleur départ, avec deux victoires à la clé avant le double du samedi, qu’ils sont proches de remporter. La défaite est sans conséquence puisque le lendemain, Karol Kucera fait plier Thomas Enqvist devant un public suédois médusé.
Les Pays-Bas face à l’Espagne en 2001
Deux mois après avoir offert son premier titre en Coupe Davis par BNP Paribas à l’Espagne face à l’Australie, Juan-Carlos Ferrero tombe d’entrée face au modeste Raemon Sluiter. Porté par son public d’Eindhoven, Sjeng Schalken tord ensuite Carlos Moya en trois petit sets, avant d’offrir le troisième point décisif le lendemain en double, avec son compère Paul Haarhuis face à Alex Corretja et Juan-Manuel Balcells. Le tenant du titre plié en deux jours et trois matchs, du jamais vu !
La Biélorussie face à la Russie en 2004
Pour ses débuts dans l’élite, l’équipe biélorusse est opposée à son grand voisin russe. Du fait de l’héritage historique entre les deux nations, le petit poucet pourrait nourrir un certain complexe d’infériorité. A Minsk la capitale biélorusse, l’équipe locale, menée 1-2 à l’amorce du troisième jour, va pourtant parvenir à renverser la tendance grâce à Max Mirnyi, vainqueur d’Igor Andreev, et à Vladimir Voltchkov qui dispose de Mikhail Youzhny. La Biélorussie va même parvenir cette année-là à passer un nouvel obstacle, l’Argentine, avant de s’incliner aux portes de la finale face aux Etats-Unis.
Le Kazakhstan face à la République Tchèque en 2011
La performance réalisée par le Kazakhstan pour son arrivée dans le « World Group » est une nouvelle preuve que le tennis penche de plus en plus à l’Est ces dernières années, avec des nations émergentes pleines de talent et de culot. Disputé à Ostrava, ce premier tour bascule le dimanche, avec une deuxième victoire dans le week-end pour Andreï Golubev, suivie d’un cinquième match décisif où Mikhail Kukushkin prend le meilleur face au local Jan Hajek. La République Tchèque tombe de haut mais sait apprendre de ses erreurs : elle a remporté en novembre dernier son premier trophée depuis l’éclatement de la Tchécoslovaquie, en dominant 3-2 en finale l’équipe d’Espagne.
Par Régis Delanoë