Top 10 : 40°C à l’ombre

22 janv. 2013 à 15:35:25

« Si vous courez, vous mourez ». L’avertissement est de Juan Martin Del Potro, et il concerne l’Open d’Australie, assurément le tournoi le plus suffocant du circuit mondial. Sueur, crème solaire, casquette de...

« Si vous courez, vous mourez ». L’avertissement est de Juan Martin Del Potro, et il concerne l’Open d’Australie, assurément le tournoi le plus suffocant du circuit mondial. Sueur, crème solaire, casquette de légionnaire, vomissements, fringales, insolations et looks improbables : tour d’horizon des folles histoires d’un tennis en chaleur. Florilège.

 

1/ Ivan Lendl le légionnaire

« Le champion dont tout le monde se fout ». « L'homme qui vide les stades plus vite qu'une alerte à la bombe ». Une fois n’est pas coutume, le parcours d’Ivan Lendl à l’Open d’Australie en 1989 fait les choux gras des gazettes américaines. Si concentrées à railler son style de cogneur sans vergogne, son jeu de pingre, son masque glaçant, sa démarche d’échassier ou ses tics de baroudeurs (il s’arrachait les cils après la perte d’un point, ndlr), elles en oublieraient presque un détail troublant : le Tchécoslovaque porte une casquette de légionnaire pour se protéger du soleil. « Il faisait une chaleur écrasante, explique Lendl. A cause de la forte température, des essaims de mouches s’étaient même formés aux abords des courts. Ne vous inquiétez pas, j’en ai toute une réserve. Ca va faire un carton à Manhattan ! »  

2/ L’éventail-raquette de Serena Williams

Si, du côté de Wimbledon ou de Roland-Garros, la pluie peut causer l'arrêt des matches, à Melbourne, c'est la chaleur que les organisateurs redoutent. En 1998, ceux-ci ont alors mis en place un règlement en cas de température extrême, The Extreme Heat Policy, qui prévoit notamment la suspension des matches si cela est jugé trop risqué pour la santé des joueurs. Mais quelque part, pour certaines, la mesure est inefficace : la semaine dernière, Serena Williams a failli se décrocher une dent avec sa raquette lors de son match contre l’Espagnole Muguruza. « Je me suis ruinée la lèvre, elle s’est ouverte comme jamais je ne me l'étais ouverte. Je me suis dit : ‘Pourvu que je ne me sois pas cassée une dent, ce serait horrible...’ Je ne sais pas pourquoi ma raquette est arrivée dans mon visage... Je joue au tennis depuis trop longtemps pour que ce genre de choses m'arrive ».  

3/ Un arbitrage maison pour Rod Laver

Janvier 1969. Demi-finale de l’Open d’Australie. Rod Laver bat son compatriote australien Tony Roche sur le score abracadabrantesque de 7/5 22/20 9/11 1/6 6/3. Chouette non, cet âge révolu d’un tennis presque migraineux qui se jouait au bout de l’effort et sans tie-break ?  Plus effrayant encore, les 45°C enregistrés à Melbourne ce jour-là. Mais alors que Tony Roche sert pour revenir à 4 jeux partout, dans le cinquième set, le retour de Laver sort nettement. Non, les juges de lignes ne remarquent rien : des « gars du coin », comme il est coutume de les appeler, amateurs et sans aucune compétence réelle à ce niveau de compétition. Harassé, Roche n’a même pas la force de se battre, de protester, et concède le match cinq minutes plus tard. Lendl de conclure : « Avec cette chaleur, personne ne pourra en vouloir aux arbitres de s’être trompés ». [youtube]http://www.youtube.com/watch?v=wHaN2h21ANs[/youtube]  

4/ Justin Gimelstob dit halte à la transpiration !

Le prototype du joueur « frigide », c’est lui : Justin Gimelstob, jeune retraité, américain, vainqueur en 1998 de l’Open d’Australie et de Roland Garros en double mixte avec Venus Williams. En proie à de sérieux problèmes de transpiration tout au long de sa carrière, ce spécimen n’a jamais supporté la chaleur : « En fait, quand je jouais à l’US Open ou en Australie, je pouvais utiliser 15 chemises, 12 bracelets, trois paires de chaussettes pour autant de paires de chaussures. C’était comme faire son sac pour les vacances d’été ». Aujourd’hui bloggeur pour Sports Illustrated, Justin se souvient d’une journée chaude à Paris pour une interview de Svetlana Kuznetsova. « Des ruisseaux de sueurs coulaient sur mon visage. C’était ridicule. Elle n’a pas pu s’empêcher d’avoir un fou rire, se souvient-t-il. Je suis facile à trouver sur un tournoi. Je suis le seul commentateur à porter trois chemises différentes par jour ».  

5/ « Filez-lui le vestiaire des filles »

Le 5 septembre 2005 marque un tournant dans la vie de Dominik Hrbaty. Pour son troisième tour de l’US Open contre David Ferrer, le Slovaque n’a rien trouvé de mieux que de découper lui-même et au ciseau sa chemise au niveau des omoplates pour confectionner un système artisanal d’air-conditionnée. « Je l’aime assez cette chemise, explique Hrbaty. Les gars dans les vestiaires me disent qu’à partir d’aujourd’hui j’aurai plus de supporters gays. Même André Agassi a dit : ‘Filez lui le vestiaire des filles’ ». Dur.

6/ Et Pete Sampras vomît…

« Il y a pas mal de gens ce soir qui ont vu des choses qu’ils ne reverront jamais dans leur vie ». Comme Paul Annacone, entraineur de Pete Sampras, tous les amoureux de tennis ont en mémoire cet été 1996, sur le central de l’US Open. Une après-midi suffocante au cours de laquelle Sampras, rompu par les vapeurs de hamburgers, la chaleur et les lifts bondissants de son adversaire, Alex Corretja, tombe malade. « Je me souviens d'avoir joué un point disputé et d'avoir eu soudain cette pensée : ‘Merde, je vais vomir. Je vais dégueuler, devant le monde entier’ », se souvient Pistol Pete, vainqueur héroïque de la rencontre, qui vient sans le vouloir de révéler au grand jour ses problèmes de santé : une maladie du sang, la thalassémie, qu’il traine depuis l’enfance : « Cela me fait sentir un peu léthargique et à côté de la plaque. Mon air de chien battu lui en est en partie dû ». [youtube]http://www.youtube.com/watch?v=6MINEr61bfU[/youtube] [youtube]http://www.youtube.com/watch?v=sua__p9kVtA[/youtube]  

7/ « Je n’abandonne jamais sans raison »

27 janvier 2009. La météo australienne annonce la journée la plus chaude de l’histoire du pays depuis 90 ans. Un mercure proche des 40°C à l’ombre. Trop ardent pour le roi, salement amoché : Novak Djokovic, victime d’un début d’insolation, lâche ici sa couronne en quart de finale de l’Open d’Australie face à Andy Roddick. Son quatrième abandon en phase finale de tournoi du Grand Chelem. Plus qu’un coup de chaud, le « Djoker », toujours prompt à amuser la galerie, ne supporterait-il pas la pression ? « C’est une énorme connerie. Je n’abandonne jamais sans raison ! ». Pardon. [youtube]http://www.youtube.com/watch?v=1Uto9WckV4U[/youtube]  

8/ La crème solaire de Patrick Rafter

« Dix Grands chelems et de la crème solaire ». En 1997, voici ce que répond Pete Sampras, lorsqu’on lui demande quelles sont les différences, selon lui, qui le séparent de Pat Rafter. C’est vrai que ce héros sexy des années 1990, lors de grosses chaleurs, se badigeonnait les pommettes d’une grossière couche d’écran-total. Plus qu’un effet de style, cette protection lui était indispensable comme certaines populations du Sud qui ont vu s’émincer, il y a dix ans, plus de 50% la couche d’ozone terrestre. La peau de Rafter est ainsi naturellement moins « protectrice » que les autres, plus exposée au risque de cancer.  

9/ Convulsion, insolation et hospitalisation

Janvier 1994. Cela fait presque deux heures qu’Henri Leconte bataille contre le Tchèque Martin Damm, au deuxième tour des Internationaux d’Australie. Sensation, chaleur et frisson : il fait 24 degrés à Melbourne, une température agréable pour les spectateurs. Trop chaude pour le Français : « C’est venu progressivement puisque je jouais bien. Je gagne 6/1 le premier set, je breake dans le deuxième et je commence déjà à ressentir des sensations bizarres, des frissons, j’étais un peu lent, un peu sonné comme un boxeur. Et quand je me suis rendu compte qu’il fallait porter une casquette, bah c’était trop tard ». « Riton » s’écroule littéralement sur le court. Verdict : convulsions, insolation, abandon et une petite journée d’hospitalisation. « C’est impressionnant, ça choque, mais ce n’était rien de grave ». Ouf ! [youtube]http://www.youtube.com/watch?v=5ylmquRgl3I[/youtube]  

10/ Coup de foudre à Wimbledon

Le petit intrus de cette fine équipe. Plutôt sujet à de fortes pluies, le Royaume Uni est victime en 1976 de la plus grosse canicule de son histoire. Un été complètement dingue, en somme : Abba se hisse en haut des charts, une centaine de spectateurs du All England Lawn Tennis and Croquet Club sont transportés à l’hôpital, les balles explosent sous la chaleur et les terrains sont durs comme du béton à cause de l’interdiction d’utiliser les tuyaux d’arrosage. Puis, sex-symbol des midinettes anglaises, Björn Borg remporte son premier tournoi londonien, pour le 90ème anniversaire de sa création. Le début d’une longue série…   Par Victor Le Grand  

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