Vis ma vie d’Agassi à Miami

30 mars 2016 à 09:02:38

Si André Agassi détient le record de victoires à Miami avec 6 titres, il a dans sa vie trouvé le temps de faire plein d’autres choses dans la ville du vice. La preuve en cinq anecdotes de vie.

Si André Agassi détient le record de victoires à Miami avec 6 titres, il a dans sa vie trouvé le temps de faire plein d’autres choses dans la ville du vice. La preuve en cinq anecdotes de vie.

 

1/ « De toute façon, c’est toujours de l’amour »

 

Mars 1995. Andre Agassi affronte Pete Sampras en finale du tournoi d’Indian Wells. Le Kid de Las Vegas est distrait. Son père doit subir une opération du cœur dans quelques jours. Incapable de rentrer dans sa rencontre, il s’incline en trois sets et fonce directement au Medical Center de l’UCLA, à Los Angeles. Il trouve Emmanuel, son paternel, allongé et sanglé, avec à ses côtés des appareils pourvus de longs tubes, dont l’un s’enfonce dans sa gorge. « Il t’a regardé jouer, lui murmure sa mère, présente aux côté de son mari. Il t’a vu perdre contre Pete. » Andre s’excuse. Emmanuel fait alors signe qu’il veut de quoi écrire. Les infirmières lui donnent un crayon et un carnet. Il griffonne quelques mots, mime un coup de pinceau. Comme un peintre, à petites touches. Son message ? Andre aurait dû davantage insister sur le revers de Sampras. « Oui, oui, le revers, répond l’accusé. J’attaquerai sur son revers la semaine prochaine, à Miami. Et je le battrai. Ne t’en fais pas, papa. Je vais le battre. Repose-toi à présent. » La semaine suivante, Agassi écrase Sampras en finale à Key Biscane. De l’avis même du vainqueur : « Mon père est ce qu’il est, il ne changera jamais, et même s’il n’y peut rien il est incapable d’exprimer la différence entre le fait d’aimer et le tennis ; de toute façon, c’est toujours de l’amour. »

 

2/ « Je damnerais pour gagner »

 

En 1998, Andre Agassi n’a encore jamais été couronné de succès sous le soleil floridien. Cette année-là, il s’incline en finale contre le Chilien Marcelo Rios. Une déroute douloureuse quand on sait qu’avant la compétition, il déclarait à toute la presse : « Je me rends à Key Biscayne pour gagner, je damnerais pour gagner. » Au vrai, cela ne lui ressemble pas tellement de vouloir quelque chose avec autant de passion. En fait, cette année-là, Agassi joue pour lever des fonds et donner de la visibilité à son école, l’Andre Agassi College Preparatory Academy. L’idée ? Faciliter l’accès à l’éducation pour les enfants défavorisés de la banlieue de Las Vegas. La défaite n’y changera rien : l’établissement existe encore aujourd’hui. 1200 élèves externes, tous vêtus d’un uniforme correspondant à leur niveau d’études, occupent des locaux qu’Agassi, accompagné de son ami et agent de toujours Perry Rogers, a pratiquement fait lui-même sortir de terre au milieu des nineties. Dans son autobiographie, il s’exprime sur cette période en ces termes :« Après toutes ces années, j’ai enfin atteint ce à quoi j’aspirais : pouvoir jouer au nom de quelque chose qui me dépasse, et qui m’est pourtant lié. »

 

3/ Agassi/Graf, le couple de Miami

 

Pour célébrer leur mariage en 2001, Andre Agassi et Steffi Graf ont la particularité de n’avoir organisé aucune réception, ni de lune de miel. Miami aurait pourtant été une destination de choix, tant les deux amoureux semblent y avoir trouvé leur marque. Dans leur carrière, les tourtereaux ont respectivement remporté le tournoi six et cinq fois. « Une fois de plus, je la taquine en lui disant qu’enfin je fais quelque chose de mieux. Mais elle a un tel esprit de compétition que je ne pousse pas trop la plaisanterie », relèvera-t-il dans son autobiographie. Onze titres donc, et deux records : avec 20 victoires consécutives, l'Américain est le joueur qui a enchaîné la plus belle série dans l’histoire de l’évènement. Son épouse détient le même record, mais sur le circuit féminin : 22 succès de rang à Miami. Qui font d’elle la co-recordwoman avec Serena Williams. Un couple sur la même longue d’ondes, en somme.

 

4/« On dirait un mini-moi »

 

Nous sommes en avril 2002 lorsqu’Andre Agassi se déplace à Key Biscayne avec Steffi Graf dans ses bagages et, pour la première fois, leur fils Jaden. « J’aimerais gagner le tournoi pour ma femme et notre gosse de six mois, mais perdre ne m’inquiète pas, je me fous de perdre, grâce à eux », confessera-t-il dans son autobiographie. Un matin, alors que son épouse sort visiter quelques magasins et faire un peu d’exercice, Andre reste seul avec Jaden. L’occasion de passer par la salle de bain pour lui faire une coupe de printemps. Le père prend sa tondeuse, la passe dans les cheveux de son fils mais se trompe d’embout. Qui trace alors une jolie rayure bien nette d’un bout à l’autre de son petit crâne, bien au centre, comme une ligne de fond de court. Tentant d’égaliser la longueur, il taille alors encore plus court. « Mon fils se retrouve plus chauve encore que moi. On dirait un mini-moi. » Moment choisi par Steffi pour passer la porte, se figer, les yeux écarquillés, lâcher quelques jurons en allemand et... exploser de rire ! Fou rire familial. Quelques jours plus tard, Agassi l’emporte face à Roger Federer en finale. Un détail ? « Je sais que ce tournoi restera gravé dans ma mémoire non pour avoir battu Ferderer, mais pour cette explosion de rire. Je me demande si les deux sont liés », s’interrogera-t-il dans son livre. Et de philosopher : « Il est plus facile de se sentir libre et souple, d’être soi-même après avoir ri avec ceux qu’on aime. Avec ou sans cheveux. »

 

5/ Une victoire en 10 minutes

 

Sur les six victoires d’Andre Agassi à Miami, l’une fut beaucoup plus facile à remporter que les autres. En 1996, l’Américain affronte Goran Ivanisevic en finale. Qui n’a pas réellement de chance. Le matin de la finale, son cou ne se réveille pas en même temps que lui. Le Croate souffre d'un torticolis. Incapable de tourner la tête vers la droite, il tente néanmoins sa chance mais la douleur est trop forte. Au bout de dix minutes de jeu, il se résigne. Abandon. Les spectateurs, dans l'ignorance, le sifflent, par frustration. C'est Agassi lui-même qui, lors de la remise des prix, révèle au micro le mal qui a condamné Goran. Les sifflets de laisser alors la place aux applaudissements.

 

Par Victor Le Grand

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