Trois ans après sa première retraite, Kim Clijsters (29 ans) s’en va de nouveau. Définitivement a priori. Retour sur le parcours d’une tenniswoman modèle qui fait l’unanimité…
C’est l’automne qui s’avance. La saison la moins chargée du calendrier de la planète tennis. Des Masters Series à Shanghai ou Paris en bout d’année scolaire pour les hommes, des Premier Events lointains entre Tokyo et Pékin pour les femmes, avant les Masters en guise de conseil de classe pour les meilleurs. La période des renoncements, aussi. Andy Roddick a dit stop à l’US Open ; Juan-Carlos Ferrero tirera le rideau au tournoi de Valence ; Marat Safin, toujours un coup d’avance, s’en est allé il y a trois ans… C’est la génération, née au début des années 80, qui demande grâce. A la notable exception de Lleyton Hewitt, 31 ans, qui joue d’inutiles (?) prolongations. De tous ces arrêts au stand qu’on suppose définitifs, c’est pourtant celui de l’ex-girlfriandise de Potato Man qui fait couler le plus d’encre. Peut-être parce que Kim Antonie Lode Clijsters fait l’unanimité, que son charisme et sa simplicité transcende les époques et les frontières. Parce qu’elle est la deuxième femme (après Evonne Goolagong en 1980, Ndlr) à gagner un Majeur après un pit-stop de deux ans et une maternité. Peut-être également que « Aussie Kim », son surnom aux antipodes quand Lleyton était encore sa tasse de thé, est une sorte de girl next door, aux mensurations (1,74m, 68 kg) de madame tout-le-monde et à l’humeur égale. Jimmy Connors a salué son départ sur son Twitter : « Une nouvelle vie va commencer. Tu vas nous manquer, Kim. De la part d’un fan. » Même chose en moins de 140 signes pour Andy Roddick : « Le tennis t’adore. Cela a été une grande joie de te rencontrer et de te voir jouer. Tout le bonheur du monde ! »
Vainqueur de la Fed Cup par BNP Paribas avec elle en 2001 avec la sélection belge, Laurence Courtois dresse le bilan : « Sur le circuit, la réputation de Kim va bien au-delà de sa carrière. Elle a dû subir la concurrence des Williams à leur meilleur, de toutes les Russes et évidemment de Justine Hénin. Elle n’a pas eu trop de chance dans les derniers tours en Grand Chelem. Mais son jeu et sa personnalité laissent un souvenir extraordinaire…» La Flamande n’a pas été que numéro un mondiale en simple, elle l’a été aussi en double. Ce qui lui valait d’être fort habile au filet, dans les approches et dans le petit jeu de transition. Sans parler des basiques, une couverture de terrain hors-normes et un coup droit saignant. Sa sœur Elke, sa cadette de deux ans, championne du monde junior de double en 2002 et stoppée par des blessures au dos, avait coutume de dire : « Kim a hérité des jambes de notre footballeur de père (Lei Clijsters, international belge, Ndlr) et de la souplesse de notre mère (Els, gymnaste, Ndlr) ».
La retraite à 24 ans
On l’aura oublié mais Kim Clijsters a fait ses premiers pas sur le circuit WTA en 1997, à l’âge de 14 ans et demi, avant de se lancer de plain-pied un an plus tard. Suivront quarante-et-un titres dont quatre tournois du Grand Chelem - 3 US Open et 1’Australian - et trois Masters, plus quatre finales perdues en Majeurs. La plus fameuse ? La première à Paris contre Jennifer Capriati en 2001 et un revers qui fuit à 10/11 au troisième set après deux heures et vingt et une minutes de jeu. Quatre fois, elle se trouve à deux points du match mais elle s’incline. On ne l’oubliera plus. Ses trois autres défaites à Paris, New York et Melbourne seront toutes concédées à Justine Hénin, sa sœur ennemie. Elle devient pourtant la première Belge numéro un au classement WTA, le 11 août 2003. Après une année gâchée par les blessures, elle revient fort en 2005 où elle rafle neuf titres dont l’US Open, son premier Majeur. Elle informe aussi le public qu’elle clôturera le bal deux ans plus tard. Elle tient parole et se retire en mai 2007 à pas même…vingt-quatre ans. L’acmé d’une carrière pour beaucoup d’autres joueuses. Elle en profite pour faire un enfant, Jada, née en février 2008, avec son mari, Brian Lynch, un basketteur professionnel américain qui opère à Bree puis à Anvers.
Elle revient deux ans plus tard comme si de rien n’était. Comme si le temps n’avait pas prise sur elle. Début septembre 2009. A son troisième tournoi, elle rafle son deuxième US Open, même pas un mois après son retour. « C’est ici que j’ai connu les plus belles émotions de ma carrière. J’ai gagné beaucoup de belles choses et forgé beaucoup de belles amitiés » déclarait-elle en conférence de presse il y a mois à peine, après son élimination au deuxième tour contre Laura Robson (18 ans) et une standing ovation sur l’Arthur Ashe Stadium. Sa seconde carrière lui aura rapporté un troisième sacre aux internationaux des Etats-Unis, un sacre en Australie et un Masters… Avant de la retrouver le 12 décembre au Sportpaleis d’Anvers pour son jubilé, elle signait ainsi sa sortie à New York : « C’est un honneur d’avoir pu faire partie de ce sport-là et de ce style de vie : tellement de rêves sont devenus réalité. Un nouveau chapitre s’ouvre même si je n’imagine pas ne pas rendre au tennis ce qu’il m’a donné. » Là-bas, blessé à Manacor, Rafael Nadal twittait à son tour : « Une grande amie quitte le circuit. Te souhaite le meilleur. » CQFD.
Par Rico Rizzitelli