Top 5 : les Masters 1000 disparus

5 nov. 2015 à 00:00:00

Créé en 1986, le BNP Paribas Masters tient cette année sa 30e édition, une longévité plus que respectable dans l’univers des Masters 1000, où nombreux ont cessé d’exister. Top 5.

Créé en 1986, le BNP Paribas Masters tient cette année sa 30e édition, une longévité plus que respectable dans l’univers des tournois de tennis non estampillés « Grands Chelems ». En 30 ans, plusieurs de ses homologues Masters 1000 - ou Masters Series, Super 9, selon l’époque- ont largement eu le temps d’être déclassés, quand ils n’ont pas purement et simplement cessé d’exister. Voyage aux quatre coins de l’Europe, à la recherche de ces grands tournois disparus.

 

Stockholm (1990-1994)

Ce tournoi prestigieux a toujours figuré au calendrier mondial depuis les débuts de l’ère Open. Forte de sa triplette de champions nationaux Borg – Wilander – Edberg, l’épreuve connaît son âge d’or du milieu des années 80 au milieu de la décennie suivante. Sa dotation explose même à compter de 1989, montant à 832 500$ contre 450 000 l’année précédente, et attire logiquement la quasi-totalité des membres de l’élite mondiale. Comme un symbole, c’est d’ailleurs le n°1 de la hiérarchie, Ivan Lendl, qui l’emporte cette année-là. Boris Becker y prive ensuite deux fois consécutives Stefan Edberg d’un triomphe à domicile, avant que Goran Ivanisevic n’y fasse pleuvoir les aces en 1992. Autre cador de l’indoor, Michaël Stich s’y impose en 1993, avant que Boris Becker ne reprenne ses bonnes habitudes en 1994. Le soleil se couche alors doucement sur la carrière de Stefan Edberg… et sur le glorieux panorama du tennis suédois. Arrivé à 1 470 000$ de dotation en 1994, le tournoi revoit drastiquement à la baisse son prize money l’année suivante (800 000$) et rentre dans le rang. Les Enqvist, Bjorkman et autres Johansson peuvent bien y engranger les titres : les meilleurs mondiaux ne se produisent plus qu’avec parcimonie à Stockholm.

 

Stuttgart (1993-2001)

Si la décennie 80 est celle de la Suède,  les années 90, elles, sont allemandes. Avec Steffi Graf, Boris Becker et Michael Stich, la planète tennis se met à parler la langue de Goethe. Surfant sur la popularité de son poulain Becker, Ion Tiriac lance la dynamique en étant le grand artisan de la création d’un tournoi d’envergure à Stuttgart. Durant trois ans, le temps que Stockholm perde son standing, dix tournois méritant le label « équivalent Masters 1000 » coexistent, et le Stuttgart Indoors (à ne pas confondre avec celui qui se joue à l’été sur terre battue) n’est pas loin d’être le premier d’entre eux avec ses 2 125 000$ de dotation, soit à peine moins que le Masters de fin d’année et ses 2 750 000$$ ! L’épreuve fait évidemment la part belle aux rois de l’indoor : Stich (1993), Edberg (1994), Krajicek (1995, 1998), Korda (1997), Enqvist (1999) s’y imposent… et Boris Becker aussi, lors des derniers feux de sa carrière, à l’automne 1996, en cinq sets devant Pete Sampras, quelques semaines avant leur finale d’anthologie au Masters. Le cycle tennistique dans la ville de Porsche se termine en 2001 avec le succès d’un autre enfant du pays, Tommy Haas. Mais le grand « boum » du tennis en Allemagne est passé et le pays, qui organisa jusqu’à deux Masters 1000, le Masters et la coupe du Grand chelem la même année, cède un à un ses joyaux…

 

Essen (1995)

Intermède : le Masters 1000 à la plus courte postérité, c’est lui, Essen. Il n’aura qu’une édition, celle de 1995. Et, à tournoi unique, vainqueur unique : Thomas Muster y remporte le seul titre sur moquette de sa carrière, lui qui n’a même triomphé qu’à quatre reprises ailleurs que sur terre battue en 44 succès sur le Tour ATP ! Cette année-là, le roi de l’ocre élimine à la surprise générale Pete Sampras en demies, avant de dominer en finale un autre Américain, MaliVai Washington.

 

Madrid indoor (2002-2008)

L’âge d’or du tennis allemand étant passé, Ion Tiriac reprend donc ses billes et part en quête du prochain environnement porteur dans lequel les réinvestir. Il opte pour l’Espagne, alors si séduisante avec ses Moya et Ferrero… sans même pouvoir imaginer l’ampleur du jackpot à venir avec  Rafael Nadal. Mais avant de déménager du côté de la Caja Magica et ses infrastructures spécialement sorties de terre, le Masters 1000 madrilène se pose six années durant en salle, dans le complexe multi-activité du Rocodromo. Disputé à la mi-octobre, juste avant le BNP Paribas Masters parisien, ce Madrid indoor ne s’est pas installé dans la durée, mais affiche un palmarès des plus enviables : Agassi (2002), Ferrero (2003), Safin (2004), Nadal (2005), Federer (2006), Nalbandian (2007) et Murray (2008). A l’exception de l’Argentin, que des champions de Grand C vhelem.      

 

Hambourg (1990-2008)

Comme Stockholm, Hambourg est un tournoi historique (créé en 1892, seules les deux Guerres Mondiales ont pu interrompre sa tenue !). Comme Stockholm, il a connu sa période faste dans les années 90. Comme Stockholm, il a survécu à sa dévaluation et existe encore de nos jours, en tant qu’ATP500. Disputé sur terre battue, ses meilleures années correspondent à celles où il est placé entre avril et mai, en préparation de Roland-Garros. Pour autant, la densité de cette période du calendrier, en concurrence avec Monte-Carlo et Rome, ainsi que des conditions de jeu sensiblement différentes de ces autres tournois (et de Roland-Garros par la même occasion…) car plus humides, lui confèrent un palmarès assez divergent des trois autres géants de la terre : Andrei Medvedev en a fait son jardin (1994, 1995, 1997), Roberto Carretero y a signé l’une des plus grosses sensations de l’histoire (1996), Tommy Robredo y a profité de l’épuisement d’un duo Federer - Nadal ayant proposé une finale homérique à Rome deux jours plus tôt (2006)… Heureusement, l’épreuve possède aussi ses lettres de noblesse : Michael Stich y a fait vibrer son public lors de la plus belle année de sa carrière (1993), Gustavo Kuerten y a vaincu Marat Safin au bout du suspense (2000) et, surtout, Roger Federer s’y est senti aussi à son aise que sur dur ou sur gazon, y remportant son tout premier Masters 1000 (2002)… lequel sera suivi de trois autres succès (2004, 2005, 2007). Le Suisse parvient même à battre Rafael Nadal en finale à cette dernière occasion. Le chapitre « Masters 1000 » du tournoi se clôture l’année suivante, en 2008, quand Nadal prend sa revanche sur le maître des lieux.

 

Par Guillaume Willecoq

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