Top 5 : les enfants terribles du tennis australien

26 août 2015 à 16:34:20

Ces dernières semaines l’ont rappelé aux amnésiques, l’Australie est le pays qui implique le plus grand nombre de ses représentants dans diverses polémiques. Altercations, sexisme, voire racisme, revue d’effectif (réduit) des sales gosses venu

L’Australie, un pays de good guys, de fair-play et de gendres idéaux ? Avec Rosewall, Laver ou Rafter, peut-être. Mais depuis les années 1980, et ces dernières semaines l’ont rappelé aux amnésiques, c’est aussi le pays qui implique le plus grand nombre de ses représentants dans diverses polémiques. Pas un mince exploit dans un sport aussi feutré que le tennis. Altercations, sexisme, voire racisme : de Pat Cash à Nick Kyrgios, revue d’effectif (réduit) des sales gosses venus du pays-continent.

 

Pat Cash

Pat Cash était « la » grande gueule d’une époque qui n’en manquait pourtant pas. Dans les années 1980, tout le monde en prend un jour ou l’autre pour son grade avec le franc-tireur de Melbourne. Les journalistes ? « Cela sent tellement la merde ici que je préfère ne pas vous parler » (1989, salle de presse de l’Open d’Australie). Les spectateurs ? « Le pire public que j’ai vu, c’était à Portland en Coupe Davis. Le plus grand rassemblement de trous du cul de toute ma carrière » (1984, demi-finale de la compétition). Mais ses cibles préférées restent ses homologues féminines, dont il ne manque jamais une occasion de diminuer les mérites. On lui doit notamment un définitif : « Le tennis féminin, c’est deux sets pourris d’ennui total qui, heureusement, durent rarement plus d’une demi-heure. » De quoi finir par faire sortir de ses gonds un vieux sage du tennis australien, John Newcombe, rhabillant son cadet pour l’hiver un jour de 1984 : « Comparer Mats Wilander à Pat Cash, c’est comme comparer le Grand Canyon avec une fissure dans un mur. »

 

Lleyton Hewitt

Avant de gagner ses galons de vieux sage respecté prenant sous son aile les impétueux Bernard Tomic et Nick Kyrgios, Lleyton Hewitt a été ce sale gosse dont les attitudes guerrières provocatrices et les « Come ooooon » retentissants, poing levé en direction de l’adversaire, horripilaient le monde du tennis. Son chef d’œuvre en la matière date de 2001 et d’un second tour d’US Open. Un jour où opposé à James Blake, il s’estime lésé par une erreur d’un juge de ligne, noir de peau, et lance à l’arbitre : « Regardez-les et dites-moi si vous ne trouvez pas qu’ils se ressemblent. » Sous-entendu à deux grilles de lecture : Hewitt revendiquera la première (le favoritisme), rejettera la seconde (le racisme). Au cœur de la tempête médiatique, hué par les spectateurs new-yorkais le reste de la quinzaine, Hewitt n’en remporta pas moins cet US Open 2001, son premier titre du Grand chelem, battant même au passage les chouchous locaux, l’émergent Andy Roddick et la légende Pete Sampras. Le plus beau des bras d’honneur qu’il pouvait faire au public.

 

Bernard Tomic

Ah, Bernard Tomic… Le garçon qui assénait il y a quelques années « Je n’ai aucun doute qu’un jour je serai le meilleur joueur à avoir jamais joué à ce jeu » est devenu un homme aux résultats corrects, sans plus, mais s’est affirmé, de loin, comme le n°1 mondial dans la catégorie des frasques en tous genres : excès de vitesse au volant de sa BMW, délit de fuite, ivresse sur la voie publique, bagarres dans des lieux publics, altercations avec son père, embrouilles avec sa fédération… Les tabloïds australiens auraient largement de quoi ouvrir une rubrique spécialement dédiée à Bernie. Sa dernière sortie en date, pour le plaisir : exclu (une fois de plus) de l’équipe de Coupe Davis par BNP Parivas qui a battu le Kazakhstan en quarts de finale, l’Australien s’est offert cette semaine-là des vacances à Miami… qui se sont inévitablement finies en cellule. La raison : des voisins s’étant plaints du vacarme émanant de sa chambre, la direction de l’hôtel où logeait Tomic a voulu l’expulser. « Voulu » car le loustic s’est enfermé dans sa chambre et a refusé d’en sortir. D’où l’intervention des services de police et, l’Australien s’étant débattu lors de l’interpellation, une nuit au poste. Une de plus dans la vie de Bernard Tomic.

 

Brydan Klein

Au milieu des années 2000, la relève du tennis australien tient en deux noms : Bernard Tomic et Brydan Klein. Ce dernier a tout juste 17 ans quand il remporte l’Open d’Australie junior, en 2007. Il suit ensuite le cursus normal, engrange les titres Futures, puis un premier Challenger, puis une première « perf » à Top 100… Tout va bien donc jusqu’au coup d’arrêt de juin 2009 : Klein est pointé du doigt pour des injures à caractère raciste proférées envers le Sud-Africain Raven Klaasen lors des qualifications du tournoi d’Eastbourne. Les instances décident de faire de son cas un exemple et l’Australien de 19 ans paie son écart de langage au prix fort : 10 000$ d’amende et quatre mois de suspension par l’ATP, plus six mois de suspension d’aides de toutes sortes (financière comme logistique) par sa fédération. Simple coïncidence pour un joueur qui plafonnait déjà, ou envol coupé net ? Toujours est-il que Klein n’a plus progressé significativement par la suite – 176e au moment de l’épisode d’Eastbourne, il culmine aujourd’hui, à 25 ans, à un meilleur classement en carrière de 170e.

 

Nick Kyrgios

On ne va pas s’appesantir sur le désormais célèbre « Je suis désolé de te dire ça, mec, mais Thanasi (Kokkinakis, ndlr) a baisé ta copine » proféré à l’adresse de Stan Wawrinka lors du Masters 1000 de Montréal. Mais à 20 ans, force est de reconnaître Nick Kyrgios traîne déjà son lot de casseroles : insultes à arbitres, matchs ostensiblement balancés quand la défaite est proche et, plus globalement, nombreux flagrants délits de grande gueule. « Il parle beaucoup, tous les jours, donc c’est un bon client pour les journalistes, estimait Stan Wawrinka après l’avoir sorti au Queen’s dans un match qui, déjà, avait amené une explication verbale entre les deux hommes. Quand on lit ses interviews, c’est toujours drôle, il y a beaucoup de choses à prendre. J’avais lu avant le match qu’il était prêt, excité par le challenge. Et maintenant qu’il a perdu en deux sets, j’apprends qu’il était malade… » Sourire entendu du Suisse, très à l’aise lui aussi dans l’exercice du chambrage. Car si le sport se nourrit de forts caractères, il est impitoyable envers ceux qui ne convertissent pas leurs coups d’éclats verbaux en performances sur le terrain.

 

Par Guillaume Willecoq

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