Pendant le Khachanov-Kyrgios du 3e tour de l'Open d'Australie, que je regardais en compagnie de mon fils, ce dernier m'a demandé pour qui j'étais. Je lui ai répondu que je souhaitais la victoire du Russe, mais que je voulais assister au match entre Rafael Nadal et Nick Kyrgios.
Lorsque le tableau messieurs a été tiré, il y a une dizaine de jours, tout le monde a immédiatement noté ce potentiel huitième de finale entre l'Australien et l'Espagnol. L'un d'entre eux est capable du meilleur comme du pire, à base de service à la cuillère, tweener, toucher de balle d'une autre planète, colère incontrôlée, "balançage" de match et tellement d'autres choses, vous aurez compris de qui je parle. Et de l'autre côté, il y a la puissance, la régularité, le sérieux et 19 Grands Chelems... Là aussi, vous voyez de qui j'parle.
Black Mamba
Pourquoi ce match excite-t-il tellement ? Pour toutes les raisons que j'ai citées ci-dessus. Parce qu'il s'agit d'opposés. L'opposition de style au tennis est ce qu'il y a de plus délicieux. A condition bien sûr que les deux joueurs soient en maîtrise de leurs armes. Pour Nadal, aucun souci. Pour Kyrgios, rien n'est jamais moins sûr.
D'ailleurs, après 36 minutes et un premier set pour Rafa, on était en droit de se demander si le Nick Kyrgios du match face à Karen Khachanov était à nouveau sur le court aujourd'hui. Cette bataille contre le Russe n'avait-elle pas obligé Kyrgios à puiser trop loin dans ses réserves physiques ? Lui restait-il suffisamment de gaz pour affronter le numéro 1 mondial qui, avant ce match, était l'un des 3 joueurs restant dans le tableau (avec Zverev et Raonic) à ne pas avoir concédé le moindre set depuis le début de la quinzaine ? La nouvelle du décès de Kobe Bryant n'allait-elle pas peser trop lourd sur les épaules de celui qui est entré sur le court avec le maillot de Black Mamba et clairement submergé par l'émotion ?
S'il n'était pas parvenu pas à sauver les trois balles de break défendues dans le tout premier jeu du 2e set, on aurait sans doute assisté à la montagne qui accouche d'une souris (Gaël, si tu me lis…). Mais fort heureusement pour le spectacle, Kyrgios a résisté et, quelques jeux plus tard, a même breaké Nadal pour enfin lancer ce match. Un break qui s'est transformé en un gain du 2e set.
L'Australien peut tout avoir
A partir de là, on a eu droit à un vrai match. Avec un Rafael Nadal obsédé par la victoire comme à son habitude et un Nick Kyrgios concentré et impliqué, mais aussi déterminé à s'imposer, ce à quoi on est moins habitué. Finalement, Nadal a remporté le bras de fer via 2 tie-breaks et passe en quarts.
Quels enseignements pouvons-nous tirer de ce match ? Tout d'abord, et c'est l'information principale, surtout pour les Rafa fans, Rafael Nadal est en pleine forme et n'est plus qu'à 3 victoires de son 20e Grand Chelem. L'autre enseignement très intéressant est que Nick Kyrgios a peut-être enfin compris un truc : il a le niveau pour remporter des Grands Chelems, voire être numéro 1 mondial. A condition, bien sûr, de s'imposer une rigueur et une étique de travail dignes des très grands. S'il parvient à maintenir cet état d'esprit, sans dérapage et en bossant, bossant, bossant, l'Australien peut tout avoir.
Depuis le début de l'année, Nick Kyrgios est concentré, impliqué, même par rapport aux actions caritatives qu'il a mises en place suite aux dégâts dont ont été victimes les terres australiennes. A suivre donc, l'attitude de Kyrgios dans les mois à venir et ce jusqu'à Roland-Garros, où il n'était même pas venu l'année dernière car, avait-il dit, « Roland-Garros c'est nul, complètement nul ».
Même s'ils sont différents, Kyrgios serait inspiré d'imiter un peu Nadal dans le fonctionnement.
Nick, Rafa n’est pas un si mauvais bougre! D'ailleurs, en quittant le court, lui aussi portait une casquette des Lakers pour dire au revoir à Kobe.
