Le « coaching » a été dépénalisé

24 juin 2022 à 16:15:31 | par eli weinstein

Mardi dernier, le 21 juin, l’ATP a communiqué sur un essai qui va être mis en place pour les 6 derniers mois de l’année. Désormais, le coaching sera autorisé. L’entraîneur ne pourra pas venir sur le court, mais il pourra communiquer à volonté avec son joueur.

Pour fêter l’arrivée de l’été, l’ATP a décidé de mettre les petits plats dans les grands en annonçant qu’à partir du 11 juillet prochain, lendemain de Wimbledon, et jusqu’à la fin de la saison, le coaching sera désormais autorisé sur les tournois professionnels.

Pour ceux d’entre vous qui faisiez escale sur Mars durant votre voyage entre Neptune et Jupiter (le système solaire n’a jamais été mon fort), un rappel à la loi rapide. Au tennis, jadis, le joueur ou la joueuse se retrouvait face à lui/elle-même sur un terrain de tennis. Il voyait son entraîneur, là, à 30 cm de lui/d'elle, mais n’avait pas le droit de communiquer avec. Enfin ça, c’était la règle. La réalité était tout autre. En effet, pour la grande partie des joueurs, le canal de communication avec le coach était grand ouvert, et la conversation pouvait durer longtemps avant qu’un éventuel avertissement pour « coaching » ne soit infligé au joueur. La réalité est que les arbitres avaient tendance à fermer les yeux le plus possible sur cette pratique ouvertement utilisée.

La WTA a depuis longtemps compris qu’il s’agissait là d’une vaste farce et a décidé, non seulement d'en autoriser la pratique, mais aussi de capitaliser dessus en la mettant en scène. L’entraîneur, qui avait le droit de venir une fois par set pour prodiguer des conseils à sa joueuse, était équipé d’un micro, de manière à ce que l’échange soit visible et surtout bien audible par tous. Cela permettait d’assister à des scènes superbes, comme cet échange entre le Belge Philippe Dehaes et Daria Kasatkina. Pour le coup, un coaching spectaculaire et surtout très efficace.

 

Evidemment, ce sujet est clivant. Il divise la population tennistique. Il y a ceux qui croient fermement aux valeurs du tennis et sont farouchement contre certaines évolutions. Et il y a les autres, qui voient d’un bon œil cet essai mis en place par l’ATP.

Cette règle est d’une hypocrisie sans nom

J’entends bien, lorsque Nick Kyrgios dit : 

« Je suis complètement en désaccord. Perdre l’une des spécificités qu’aucun autre sport n’avait. Le joueur devait comprendre les choses par lui‐même. C’était la beauté de ce sport. Et que se passe‐t‐il si un joueur de haut niveau en affronte un de rang inférieur qui n’a pas ou ne peut pas se permettre d’avoir d’entraîneur ? »

C’est vrai que le tennis diffère de tous les autres sports avec cette interdiction de communication entre l’athlète et son entraîneur. Cependant, cette règle est d’une hypocrisie sans nom. Certains coaches (Apostolos Tsitsipas, si tu me lis...) sont en mode « speak easy ». Les conseils sont incessants. Certes, son fils ne lui répond pas toujours, mais il bénéficie de conseils sans arrêt. Je parle là des Tsitsipas, mais ils sont pléthore à bafouer cette pseudo-règle.

Du coup, arrive un moment où il faut se rendre à l’évidence et c’est exactement ce qu’a fait l’ATP. 

Voici donc ce qui va être mis en place :

  •  Les entraîneurs doivent s'asseoir sur les sièges qui leur sont réservés en tribune durant le tournoi.
  • Le coaching (verbal et non-verbal) n'est autorisé que s'il n'interrompt pas le jeu ou ne crée pas de gêne pour l'adversaire.
  • Le coaching verbal n'est autorisé que lorsque le joueur se trouve du même côté du terrain.
  • Le coaching non verbal (signaux de la main) est autorisé à tout moment.
  • Le coaching verbal peut consister en quelques mots et/ou phrases courtes (aucune conversation n'est autorisée).
  • Les entraîneurs ne peuvent pas parler à leur joueur lorsque celui-ci quitte le terrain, pour quelque raison que ce soit.
  • Des pénalités et des amendes seront toujours appliquées en cas d'abus ou de mauvaise utilisation des conditions de coaching ci-dessus.
  • L'essai fera l'objet d'une évaluation à la fin de la saison 2022, afin d'étudier la possibilité d'inclure le coaching hors du terrain au cours des saisons suivantes.

Ça ne fait que jeter l'opprobre sur notre sport

Cela me semble, somme toute, assez « fair ». J’émets un bémol concernant la partie des « phrases courtes ». En effet, je ne comprends pas à quoi cela peut servir de mettre des règles complètement subjectives. Mais bon, dans l’ensemble cela me convient. Et je pense que la bonne direction a été empruntée. Je regrette cependant la timidité de la mesure. Pourquoi ne pas y être allé franco ? Je suis totalement pour l’intervention des coaches comme c’était le cas en WTA. Ça ne fait qu'ajouter au spectacle et en plus, c’est super intéressant pour ceux qui regardent. 

Je ne suis donc pas du tout d’accord avec Nick Kyrgios qui, lui, n’était pas d’accord avec Patrick Mouratoglou.

Ce qui fait de moi un Team Patrick sur ce coup-ci. Il faut arrêter l’hypocrisie Ça ne rime à rien et ça ne fait que jeter l'opprobre sur notre sport qui, de par son laxisme, perd du crédit auprès des fans.

De toute façon, la décision a été actée. Nous verrons bien d’ici la fin de l’année si la majorité des joueurs opteront pour que la règle soit maintenue ou s'il faut revenir en arrière.

Je voulais juste conclure sur l’argument totalement « démago » de Nick Kyrgios qui s’inquiète pour les joueurs qui ne peuvent pas se payer un coach. T’inquiètes pas, Nick, l'injustice est déjà là lorsque tu joues contre un joueur qui ne peut pas se payer un coach, alors que tu es, toi, accompagné de 5 personnes... En fait, à t’écouter, il faudrait donc interdire les coaches tout court !

 

 

 

 

Avantages

Découvrez les avantages WE ARE TENNIS

En savoir plus