Un boycott, et après ...

28 août 2020 à 12:49:00

Un boycott, et après ...
Comme si cette tournée américaine n'était pas suffisamment singulière est venu s'y ajouter le boycott de Naomi Osaka, qui a entraîné l’arrêt du tournoi de Cincinnati pendant 24 heures... avant que tout reprenne comme si de rien n'était !

On savait que 2020 n'était pas une année comme les autres. Mais au bout d'un moment, on se dit que les choses vont doucement mais sûrement revenir à la normale. Avec la reprise du tennis professionnel, malgré toutes les contraintes que cela représente en termes d'organisation durant une pandémie mondiale, on était en droit d'être optimiste. Et par optimiste, je veux dire qu'aujourd'hui ressemblera de plus en plus à demain.

Et puis patatras ! Une énième violence policière aux Etats-Unis commise sur une personne de couleur a déclenché un boycott des playoffs NBA par les joueurs. Un acte de protestation auquel Naomi Osaka, ex-numéro 1 mondiale et double lauréate en Grand Chelem (US Open 2018 et Open d'Australie 2019), a emboîté le pas, en refusant de disputer sa demi-finale face à la Belge Elise Mertens.

Le geste d'Osaka était très fort

«  En tant que femme noire, j'ai l'impression qu'il y a des questions beaucoup plus importantes qui nécessitent une attention immédiate, plutôt que de me regarder jouer au tennis...  », a déclaré Osaka.

Cette annonce a, quasi immédiatement, mis tout le tournoi de «  Cincinnati  » - qui, rappelons le, se dispute à New-York (tout va bien!) - sur pause. WTA et ATP ont tout de suite suivi Osaka. En même temps, comment les deux instances pouvaient-elles faire autrement  ? Le geste d'Osaka était très fort et impose le respect. Il est d'autant plus impressionnant qu'il provient de cette jeune joueuse à la personnalité si discrète et timide qui, je vous le rappelle, n'arrivait pas à aligner deux mots, durant son discours victorieux à l'US Open, après avoir battu son idole Serena Williams.

Depuis, Osaka a accepté de finalement disputer la demi-finale, alors qu'elle s'était retirée du tournoi. La Japonaise, dont le père est d'origine haïtienne, s'est justifiée en expliquant que le fait que la WTA, l'ATP et l'USTA aient accepté de tout arrêter pendant 24 heures était bien plus fort comme message que le refus de jouer d'une seule joueuse. J'en suis moins sûr et je trouve vraiment dommage qu'elle ne soit pas allée au bout de son action.

Elle est où la cohésion

Les joueurs toujours en course dans le tournoi n'auraient-ils alors pas suivi Osaka en refusant eux aussi de jouer ? J'aurais aimé espérer que oui, car un retrait total des joueurs et un tournoi avorté en cours de route auraient sans aucun doute eu un impact bien plus puissant qu'une pause symbolique de 24 heures. Je sais, ce n'est pas simple. Il y a des investisseurs, des gens qui travaillent, de l'argent à gagner. Mais à un moment donné, si on veut vraiment taper du poing sur la table, il faut se faire un peu mal.

L'acte de Naomi Osaka était d'un grand courage. De nombreux joueurs et joueuses l'ont d'ailleurs félicitée, mais en fait, quasiment aucun n'a suivi. A l'exception de Milos Raonic, qui a publié une photo de lui en train de jouer et quelques lignes de soutien, les autres demi-finalistes n'ont pas exprimé le moindre mot sur leurs réseaux sociaux. Comme si de rien n'était  ! Vous trouvez ça normal  ? Elle est où la cohésion  ? Je trouve cela désolant, et j'espère sincèrement que le monde du tennis va se prendre un peu en main et arrêter de briller par son silence.

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