Une journée au Masters avec Nicolas Mahut et Pierre-Hugues Herbert

19 nov. 2021 à 09:03:41 | par eli weinstein

Nicolas Mahut et Pierre Hugues-Herbert m’ont ouvert les portes de leur équipe au Masters, à Turin. Pendant 24 heures, j’ai pu vivre la vie d’un participant au tournoi le plus sélect qui existe. Découverte.

Aujourd’hui, Nicolas Mahut et Pierre-Hugues Herbert disputent leur troisième et dernier match de poule des « Finales ATP ». Ils vont affronter la paire brésilo-britannique composée de Bruno Soares et Jamie Murray. Afin de pouvoir disputer les demies, la victoire face à Soares-Murray pourrait ne pas suffire. Il faudrait que, dans le même temps, Ram et Salisbury battent l’équipe colombienne Cabal-Farah. Bref, les Français ont plus ou moins leur destin entre les mains.

Sur l’aspect sportif, je n’irai pas plus loin. En revanche, je compte bien développer sur l’aspect humain. J’ai eu la chance de passer 24 heures avec Nicolas Mahut, Pierre-Hugues Herbert et le reste de l’équipe : Arnaud Agniel (coach de Mahut), Yves Allegro (coach d’Herbert), Jean-Michel Lévêque (préparateur physique de Mahut) et Oliver Choupeau (kiné des deux joueurs).

Je suis arrivé à Turin dimanche dernier dans la soirée. Je préviens alors « Nico », qui est celui qui m’a proposé de venir, que je suis sur zone. Il me répond : « On va dîner ce soir. On t’a gardé une place. Je pense que le départ sera vers 19h30 de notre hôtel. ». Ok, je me dis que c'est plutôt sympa. Je pensais sincèrement que j’allais me faire un room service. Du coup, la soirée s’annonçait sous de meilleurs auspices (and love ! Pas pu résister). 

La présence de son prépa physique lui apporte de la sérénité.

Cependant, je ne m’imaginais pas du tout être assis au milieu de leur tablée, avec à ma droite Nico, en face Julia (madame Herbert), Pierre-Hugues étant à sa gauche. Bref, ils n’ont pas du tout rapproché une chaise pour me caler dans un coin de table, j’étais dead center. J’ai passé un dîner très agréable, en parlant bien sûr de tennis, mais pas que. De nombreux sujets ont été évoqués, comme ça peut l’être dans un dîner entre potes. C’est d’ailleurs la réflexion que je me suis faite en rentrant à l’hôtel. En aucun cas je n’avais l’impression d’avoir dîné avec le 5e et le 7e mondial. Non, j’avais bel et bien l’impression d’avoir passé une soirée avec de nouveaux amis, avec lesquels je me suis bien entendu tout de suite.

Le lendemain matin, rendez-vous au petit déj. Et là, rebelote. Très peu de mention du match qui allait avoir lieu le soir même. La décontraction est prédominante. L’expérience qu’ont ces deux-là y est évidemment pour quelque chose. Il s’agit de la 6e participation aux Finales ATP pour la paire française la plus titrée. En 2018, ils s’étaient inclinés en finale face à la paire inédite M. Bryan-Sock, avant de s’imposer l’année suivante en dominant Klaasen-Venus. Alors forcément, ça parle plus de tennis que la veille, mais toujours pas de leur match. On est plutôt sur de l’anecdote, le documentaire sur Paes-Bhupati, une des rares paires iconiques de l’histoire du double, tout comme les frères Bryan, McEnroe-Fleming et, bien entendu, Mahut-Herbert.

Après le petit déj, les deux protagonistes ont chacun leur programme. Pendant que PH va promener (sous la pluie) Harper (protégé de l’eau dans sa poussette), Nico se dirige vers l’espace de muscu, hors site, pour effectuer son déverrouillage musculaire. Avec Jean-Michel Lévêque dans son ombre (comme c’est le cas depuis une dizaine d’années), Mahut enchaîne les étirements, exercices avec médecine ball, petit développé-couché, un peu de vélo… Cette séquence est réglée comme du papier à musique. Le joueur de double le plus titré dans l’histoire du tennis français pourrait tout faire seul, tellement il maîtrise sa routine, mais la présence de son prépa physique lui apporte de la sérénité.

Avant d'aller déjeuner au stade, Mahut retourne à son hôtel pour une petite sieste et de la relaxation. Le match est à 18h30. C’est à 14 heures que l’on prend la direction du stade. On y retrouve Pierre-Hugues et Yves, et tout ce beau monde casse la croute au restaurant des joueurs. La bonne ambiance et la détente sont toujours là, mais on passe tout de même dans une phase qui nécessite plus de concentration. Après un passage aux vestiaires, qui pour le coup pourraient être un peu plus réussis, l’équipe se dirige vers le court central, où Novak Djokovic vient de battre Casper Ruud. On a le court de 16h15 à 17h15. C’est exprès que je dis « on », car arrivé à ce moment, l’accueil dont j’ai bénéficié est tellement top que je me sens vraiment comme faisant partie de cette superbe équipe. 

C’est bien Nick Kyrgios qui a été désigné par tous.

L’heure d’entraînement se passe alors dans le professionnalisme le plus total. Une routine réglée à la perfection. Tout le monde sait exactement ce qu’il doit faire, où et à quel moment. Sauf moi bien sûr. Je décide donc de me mettre au fond de ce court avec un recul interminable, pour avoir une vue imprenable sur cette séance de puissance et de précision et, si je peux, ramasser une ou deux balles par-ci par-là de manière à leur faciliter un peu la tâche.

Je bosse dans le tennis depuis près de 25 ans. J’ai assisté à des centaines d’entraînements. Pour autant, j’ai vraiment été impressionné par la qualité et la justesse de celui-ci. Se sont-ils particulièrement bien entraînés ce jour-là ? Peut-être, mais je ne pense pas. Ils se connaissent tellement bien et sont tellement rodés que le bon déroulement de la séance n’est que logique. Mais comme c’est impressionnant de les voir démarrer la séance par des volées croisées avec 30/40 coups de raquettes avant que la moindre faute ne soit commise !

Ensuite, retour aux vestiaires pour les derniers préparatifs. Encore une fois, j’ai été frappé par la décontraction. A ne pas confondre avec déconcentration. Les deux mots sont presque des anagrammes, mais ne vous y trompez pas, ce n’est pas parce que ça rigole que la concentration n’est pas en train de monter. A 10 minutes de la sortie du vestiaire, une conversation est lancée par Nico pour savoir qui est le plus gros underachiever de l’histoire du tennis. Sans doute sa façon de penser à autre chose que de lancer des petits débats à seulement quelques minutes du coup d’envoi. Puis, chaque coach prend la parole très rapidement pour lâcher quelques mots très justes et surtout pas du tout redondants. Et ensuite, direction l’arène. Pour la petite histoire, c’est bien Nick Kyrgios qui a été désigné par tous.

Le match est à l’image de la journée. Du papier à musique. Les Français récitent leur partition et dominent, une fois de plus, leurs adversaires du jour Cabal et Farah. Pour moi, il s’agissait d’une première de vivre un match entier en loge des joueurs. J’étais à fond, du premier au dernier point. Peut-être en faisais-je un peu trop, mais ce n’était pas forcé du tout. J’ai laissé parler le naturel car je voulais apporter à Nicolas et Pierre-Hugues tout mon soutien. La victoire a presque été nette et sans bavure, mis à part le break concédé par Pierre-Hugues alors qu’ils menaient 4-3 break dans la 2e manche. Mais c’est bien lui qui a offert le point décisif au jeu suivant pour breaker à nouveau les Colombiens et offrir à son pote, grand frère, partenaire, l’opportunité de fermer la boutique au service. Ce qu’il a fait exactement.

Après un petit débrief pendant que les deux vainqueurs du jour récupéraient sur les vélos, tout le monde s’est retrouvé au restaurant des joueurs pour casser la croûte, avant de retourner à l’hôtel, où Nico allait encore devoir effectuer des soins avec le kiné. 

Pour ma part, je suis retourné à ma chambre avec la banane de cette journée exceptionnelle que je venais de vivre. Certes j’ai pu voir, d’encore plus près que d’hab, comment ça se passe, mais je me suis surtout senti super à l’aise dans ce groupe.

Les gars, aujourd’hui, faut tout casser ! Alors, Yallah, Kadima, Vamos, Komm jetzt !!!!

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