Voici venu le temps du BNP Paribas Open à Indian Wells. Là où tout a commencé, là où tout s’est arrêté. Le tournoi avait été annulé sur le champ en 2020 et avait malheureusement lancé une tendance forte. Puis en 2021, au mois de mars, quand en temps normal la crème de la crème des joueuses et joueurs de tennis se retrouvent dans le désert californien, rebelote et toujours pas de tournoi. Mais cette fois avec l’espoir que la compétition puisse reprendre ses droits au mois d’octobre. Nous y voilà. Et comment mieux attaquer ce superbe tournoi que par un mini conte de fées ?
L’histoire est exceptionnelle.
Alors qu’il revenait de dîner avec son équipe, Andy Murray, en ouvrant la voiture qu’ils ont louée, subit une agression olfactive. En effet, l’Écossais avait laissé ses chaussures de match dans le véhicule qui, entre-temps, a passé quelques heures sous le cagnard. Les chaussures particulièrement moites, et donc devenues des bombes puantes à l’ancienne, avaient tout simplement fracassé la voiture. Au point qu'il était quasi impossible de s’y installer.
Le groupe, n’écoutant que son courage, y prend quand même place pour un trajet, certes court, mais ô combien douloureux. Une fois arrivé à l’hôtel, il était hors de question qu’Andy rapporte ses chaussures dans sa chambre sans balcon. Il fallait réfléchir, et réfléchir vite, pour trouver un moyen de les laisser à l’air libre, afin qu’elles puissent sécher autant que possible, mais surtout ne pas imprégner une odeur indélébile dans les 25 m2 de la chambre.
Une espèce de CDI du canap'
Et là, bingo, idée de génie de l’ex-numéro 1 mondial : il cache ses chaussures sous la voiture. Qui aurait l’idée d’aller chercher quelque chose sous une voiture ?
Le descendant de Braveheart peut alors aller se coucher sereinement.
Le lendemain matin, lorsqu’il s’allonge sur le ventre sur le parking pour récupérer son équipement, les chaussures ne sont évidemment plus là. En même temps, comment pouvait-il en être autrement ? Du coup, cellule de crise : il faut remplacer les shoes. Direction le « Decathlon » local (petit message pour le service commercial de Decat' : trouvez-moi sur les réseaux sociaux pour qu’on discute oseille concernant cette pub totalement gratuite !) pour acheter une paire de chaussures. Bien entendu, impossible de trouver le même modèle, même pas la même marque, ce qui n’est pas idéal. Néanmoins, Andy se retrouve à nouveau propriétaire d’une paire de chaussures de tennis. Ouf.
Quelque temps plus tard, alors qu’il se prépare dans les vestiaires pour l'entraînement, Andy est interpellé par son kiné, qui lui demande où est son alliance. Et là, c’est le coup de massue. Lorsqu’Andy joue, il est gêné par son alliance. Du coup, pour ne pas la quitter sans pour autant la porter au doigt, il l’attache aux lacets de sa chaussure, comme vous pouvez le constater sur la photo ci-dessus (il faut zoomer sur sa chaussure gauche). Seulement voilà, je vous rappelle que les chaussures ont été volées et donc la bague avec. C'est la double peine : non seulement, Murray ne peut pas jouer avec ses chaussures habituelles, mais en plus, en rentrant chez lui après le tournoi, il est quasi certain de dormir sur le canapé pour une durée indéterminée. Une espèce de CDI du canap'.
« Let’s Go ! »
Il lance donc une bouteille à la mer pour que le cambrioleur des chaussures lui rende au moins l’anneau. On est un peu sur « Stances à un cambrioleur », où Georges Brassens s’adresse à celui qui a « visité » sa maison, le remerciant de lui avoir laissé sa guitare. Andy, lui, veut récupérer son alliance.
Avant le dénouement, je voudrais dire que durant tout son récit - que vous pourrez d'ailleurs ensuite regarder ci-dessous -, Andy Murray esquisse un petit rictus coquin, comme pour dire « Perso, ça m’embête mais ce n’est pas la fin du monde, par contre, la Kommandantur, elle, n’y trouve aucune trace d’humour ».
Le lendemain, Andy republie une vidéo dans laquelle il explique qu’après avoir passé quelques coups de fil, notamment avec les gens de la sécurité de l’hôtel, il a RETROUVÉ les chaussures, et l’alliance avec. Puaient-elles tellement que le voleur a finalement décidé de les rapporter ? Quelqu’un a-t-il vu la vidéo du double vainqueur de Wimbledon qui a été partagée en masse et a ainsi eu pitié de lui ? L’histoire ne le dit pas. Mais ce dont on est sûr, c'est qu’il a récupéré ses chaussures, son alliance et, comme il dit, il n’est plus « persona non grata à la case ».
Enfin, c’est ce qu’il pense, ou du moins ce qu’il espère…
Il termine par un phénoménal « Let’s Go ! ».
Rien pour ça, j’aimerais qu’il s’envoie le tournoi.