Nicolas MAHUT : « Le plus dur, c'était le début »

5 févr. 2021 à 13:45:00 | par Eli Weinstein

Nicolas Mahut fait partie des joueurs qui ont vécu la quatorzaine de Melbourne. Durant cette période, il a pu sortir 5 heures par jour pour s'entraîner. Voici comment le n°8 mondial en double a vécu ces deux semaines et ce qu'il en retient.

 

Quelle est la première chose que tu aies faite une fois « libre » ?

Je suis allé directement au stade pour jouer sur la Rod Laver Arena avec Serena Williams. J'y suis allé en voiture. En revanche, je ne pouvais pas rentrer avant 17 heures, car ils nettoyaient les chambres et désinfectaient tout. Je suis donc resté au stade toute la journée.

Avais-tu une sensation étrange du fait de pouvoir circuler librement ?

La sensation étonnante que j'ai eue est venue le soir même, lorsque je suis allé au restaurant. C'est la première fois que j'y retournais depuis longtemps, car nous, les Français, on n'a plus l'habitude de ça ! C'était donc très étonnant. Il faut savoir que tous les restaurants à Melbourne ne sont pas ouverts, mais celui-ci oui et en plus, il était plein. D'ailleurs, dans la rue normalement, c'est bondé, mais là, comme il n'y a pas de touristes, c'est un peu vide. Pour revenir au restau, la sensation du brouhaha de la salle était très agréable. C'est quelque chose qui m'avait clairement manqué. Ça surprend énormément au début. Le serveur, qui était un peu débordé, n'arrivait pas et, en temps normal, ça a tendance à agacer. Mais là, on avait presque envie qu'il ne vienne pas, tellement on était bien, à discuter en prenant du bon temps !

Après avoir vécu ces 14 jours « enfermé », qu’apprécie-t-on le plus ?

Ce que j'ai le plus apprécié est qu'on arrête de me donner des ordres en permanence. A cause du protocole, il y avait tellement de choses qu'il fallait faire ! Du genre : attendre pour ouvrir la porte, se laver les mains tout le temps, attendre que la personne de la sécurité ouvre la porte de l’ascenseur quand on revenait à l'hôtel. C'était vraiment très rigide. Même au tennis, c'était compliqué. D'ailleurs un jour, on devait s'entraîner mais il pleuvait. On leur a donc demandé si on pouvait aller pour une heure à l'espace réservé à la restauration et ils n'ont pas voulu. Bref, ça m'a fait du bien de ne plus avoir en permanence quelqu'un qui me disait ce que je devais faire et où je devais aller.

Je m'attendais à quelque chose de compliqué

Avec le recul, quel a été le moment le plus compliqué de ces 15 derniers jours ?

Je suis plutôt content, car j'ai assez bien vécu la période de manière générale. J'ai pu m'entraîner presque comme je le voulais et, globalement, j'étais satisfait. Le plus dur, c'était le début. Déjà, tu pars de chez toi en sachant que tu vas attendre plus de deux semaines avant le début de la compétition, donc ça, c'est très long. Puis les premiers jours ont été compliqués, car on était censé sortir 24 heures après le premier test, ce qui finalement ne s'est pas passé exactement comme ça. Entre le temps où il fallait attendre que tout le monde arrive pour les tests, puis les tests positifs, des soucis de voitures... Bref, on a perdu trois jours. Je sais qu'en soi, trois jours, ce n'est pas grand-chose. Mais quand tu penses que tu vas sortir le soir même, puis que finalement on te dit « demain », et ensuite rebelote, tu finis par perdre patience.

Quels souvenirs positifs gardes-tu de cette expérience ?

Moi, j'essaie toujours de garder le positif des choses. Quand je suis parti de France, je m'attendais à quelque chose de compliqué. Tu te dis toujours que ça ne va pas fonctionner aussi bien que ça devrait. J'ai eu des mauvaises surprises, notamment les tentes prévues pour la préparation physique qui n'étaient vraiment pas suffisamment équipées. Il y avait un tapis, un vélo et des haltères et une tente par terrain, c'était donc forcément compliqué de faire une vraie salle de gym. Tout ça pour dire que je m'étais préparé à quelque chose de compliqué et ça l'a été. Mais il faut aussi leur tirer un gros coup de chapeau, au vu de l'organisation nécessaire pour les 1000 personnes, en tenant compte du fait que tout doit être minuté systématiquement. Franchement, chapeau. Ce n'était pas évident et ils ont réussi à le faire. Et perso, c'était une bonne expérience qui, en plus, m'a permis de passer deux semaines avec « le prof » (ndlr : Gilles Simon).

Ça va, il n'a pas été trop bavard Gilles, parce que 15 jours quand même…

Ben le truc c'est que, quand je te dis que j'ai passé 2 semaines avec lui, il ne faut pas oublier que 19 heures par jour, on était chacun dans sa chambre ! Donc lui, quand il sortait, il se rattrapait sur les cinq heures. Mais c'était franchement super bien et je me suis régalé.

On se croisait sur le pas de la porte

Quelle est l'anecdote la plus drôle à laquelle tu as assisté ou dont tu as entendu parler ?

Il y avait un « chat » de joueurs. Tu sentais qu'ils commençaient à perdre patience lorsqu'ils attendaient la voiture à 6h30 derrière leur porte, que finalement personne n’appelait, que personne ne venait, et que du coup, la journée était annulée. En plus, il y avait des vols qui arrivaient avec des cas positifs, des journées qui continuaient à s'annuler et forcément, les esprits s'échauffaient un peu. Et puis le 3e jour, lorsqu'enfin on a pu sortir, il y a un joueur, je ne sais plus qui, qui a raconté qu'il avait attendu derrière sa porte pour la 4e fois d'affilée et qu'à nouveau, personne n'était venu. Il a donc appelé le service aux joueurs et là, on lui a expliqué que quelqu'un était venu le chercher mais ne l'avait pas trouvé. Quand tu sais qu'on ne pouvait pas bouger de notre chambre, t'es mort de rire !

Qui étaient tes voisins de chambre ?

J'ai eu la grande chance d'avoir une chambre communicante, donc mon kiné était avec moi. Grâce à ça, je pouvais faire les soins et on prenait nos repas ensemble. C'était vraiment bien ! Ensuite, la chambre qui était juste à côté, c'était « Manna » (ndlr : Adrian Mannarino). Quand on nous déposait le repas devant la chambre, ou bien au moment du test Covid quotidien, on se croisait sur le pas de la porte et on pouvait, pendant 2 secondes, échanger de vive voix. Mais pas plus, car on nous ordonnait tout de suite de regagner nos chambres et de fermer la porte par la sécurité. Sinon, tu prenais un avertissement.

Si c'était à refaire, le referais-tu ?

Oui, si ce n'est que je trouve que l'information concernant les avions n'était pas très claire. On ne nous a pas bien expliqué au départ qu'en cas de cas positif dans l'avion, tout le monde serait en quarantaine. Or c'était justement très clair du point de vue du gouvernement. Si ce point avait été expliqué avec plus de transparence, pas sûr que je serais parti...

Quelle a été ta réaction lorsque tu as entendu qu'il y avait un cas ?

Très honnêtement, je n'étais pas du tout inquiet. Je me suis juste demandé « Mais avec les mesures qui sont prises, comment cette personne peut-elle être positive ? ». En plus, on est testé tous les jours, on ne croise personne, c'est le seul cas dans Melbourne. Donc le choper, c'est juste totalement improbable. La seule inquiétude est qu'un joueur ou le membre d'un staff soit positif. Car là, ça ne serait pas bon du tout et le tournoi serait sans doute annulé. Mais franchement, j'ai vraiment du mal à être inquiet.

 

Ce dimanche 07 février à 11h30, Nicolas Mahut prend les clés de notre compte Instagram https://instagram.com/wearetennis/ et sera en direct avec Benoît Paire depuis Melbourne ! 

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