Tableau messieurs :
Nick Kyrgios bat Novak Djokovic en finale, 6/4 6/7 6/4
Question : Bonjour Nick, et félicitations. Ce premier titre en Masters 1000, ça vous donne envie de vous entraîner de plus en plus sérieusement ?
Nick Kyrgios : Je ne sais pas... Bien sûr, ça fait plaisir de gagner un grand tournoi, mais je suis encore très loin d'avoir le sérieux d'un top 10 comme je l'ai déjà dit par le passé. Ces gars font tout ce qu'il faut dans tous les domaines. Tout leur quotidien est articulé autour du tennis. Moi, cette semaine, le plus long footing que j'ai fait, c'était pour chasser des Pokémon.
Q : Pas de jet ski comme à Acapulco ?
NK : Non. Je suis passé à autre chose. Je me suis mis à la pêche. Je sais, ça vous surprend, mais j'aime bien. C'est un peu comme jouer avec vous, les journalistes. On balance un petit truc et on attend de voir si ça mord ou non.
Q : Et quel type de poisson sommes-nous ?
NK : Des piranhas, évidemment. Vous êtes à l'affût de la moindre goutte de sang pour vous jeter tous ensemble sur une éventuelle proie comme des morfals.
Q : L'an passé vous avez déclaré : "Novak ne sera jamais le meilleur pour moi. Je l'ai battu deux fois en deux matchs. S'il n'arrive pas à me battre alors que je ne m'entraîne pas sérieusement, il ne peut pas être le meilleur de tous les temps." Vous le pensez toujours ?
NK : Qu'est-ce que je disais, des vrais piranhas (sourire). Ouais, je le pense toujours. Et ça fait 3-0 maintenant.
Q : Il a quand même 17 titres du Grand Chelem de plus que vous...
NK : Ouais, mais moi j'ai un Leviator de 3 000 points de combat. Est-ce que Novak a un Leviator de 3 000 points de combat ?
Q : Vous l'avez dit, vous menez désormais 3-0 dans votre face-à-face avec Djokovic. Quel est votre secret pour le battre ?
NK : Comme je l'ai déjà expliqué : il n'aime pas les balles courtes, être forcé d'aller vers l'avant. Son second service peut être un peu fragile, même si c'est désormais beaucoup moins vrai. Avec Roger et Nadal, Djokovic est au-dessus du lot. Les chiffres parlent. Mais ils ont des faiblesses. Si vous utilisez la bonne tactique quand ils sont sous pression, vous pouvez les battre. Il faut simplement jouer de la bonne façon et espérer que les planètes soient alignées. Personne n'est imbattable.
Q : L'an passé, vous aviez aussi dit que vous ne supportiez plus sa célébration. Que vous la trouviez "pathétique" et que vous la feriez devant lui si vous le battiez à nouveau. Finalement vous ne l'avez pas faite aujourd'hui, pourquoi ?
NK : Pour ne pas nourrir les piranhas. Question suivante.
Q : Votre service à la cuillère dès le premier point du match, c'était prémédité ?
NK : Pas vraiment. Je me suis juste dit que ça pourrait tout de suite enflammer le stade. J'aime jouer avec le public, qu'il y ait la folie dans les tribunes, même si c’est parfois contre moi. Et puis il paraît qu'"on peut calculer la valeur d’un homme au nombre de ses ennemis et l’importance d’une œuvre d’après le mal qu’on en dit" (sourire).
Tableau dames :
Kristina Mladenovic bat Serena Williams en finale, 7/6 1/6 7/5
Question : Tout d'abord, félicitations Kristina. Avant ce tournoi, peu de gens auraient prédit votre victoire. Est-ce une aussi une surprise pour Kristina Mladenovic ?
Kristina Mladenovic : Non. Kristina Mladenovic n'est jamais surprise par Kristina Mladenovic. Kristina Mladenovic sait de quoi elle est capable.
Q : Avec ce titre, vous revenez dans le top 20. Vous vous rapprochez de votre meilleur classement (10e). Jusqu'où pensez-vous pouvoir aller ?
KM : "Sky is the limit", comme disent les anglophones.
Q : Qu'est-ce que ça fait de battre Serena pour la première fois ?
KM : Serena est une championne incroyable. Probablement la meilleure de l'histoire du tennis. Pour moi, gagner contre elle, c'est comme réussir à battre le boss final du jeu vidéo le plus dur qu'il soit. La différence, c'est qu'ici le jeu n'est pas fini. Il y a encore tant à accomplir.
Q : Aucune autre Française n'a passé le deuxième tour, et toutes, exceptée vous désormais, sont hors du top 40. Votre victoire est-elle l'arbre qui cache la forêt ?
KM : Vous êtes au courant que nous sommes championnes du monde ?
Q : Oui mais...
KM (elle coupe) : Cette forêt, pour reprendre votre métaphore, va très bien. Mais la presse veut constamment y mettre le feu. Vous savez ce qu'on dit ? "Pour incendier une forêt, il faut l'aide du vent." Alors c'est ce que vous faîtes, vous brassez de l'air pour essayer de créer du buzz.
Q : Maintenant que vous avez gagné un tournoi aussi important que celui de Miami, quelle est la prochaine étape ? Un titre du Grand Chelem ?
KM : C'est mon rêve. Mais ne le répétez pas trop fort sinon, sur Twiter, on va encore prendre des melons en photo et écrire : "Le dernier selfie de Kristina Mladenovic" (sourire). Avec cette victoire contre Serena aujourd'hui, j'ai battu toutes les joueuses du top 10 actuel au moins une fois à part Bianca (Andreescu, 1-0 pour la Canadienne), et Sofia (Kenin) que je n'ai jamais jouée. Le plus difficile est de réussir à être régulière pour en battre plusieurs sur deux semaines de Grand Chelem. C'est pour ça que je travaille. Vraiment dur, tous les jours.
Q : Vous aurez 27 ans en mai, vous pensez approcher la meilleure période de votre carrière sur le plan physique ?
KM : Je l'espère en tout cas. Mais il ne faut rien lâcher à l'entraînement. Le corps d'un sportif de haut niveau, c'est comme une Formule 1. Il faut soigner les moindres détails pour être le plus performant possible et aussi longtemps que possible en évitant les casses. Si Serena et Roger sont encore là à 38 ans, ce n'est pas un hasard. Travailler chaque jour sans jamais se laisser aller, c'est ça le vrai talent.